Thread by @Thomas_Auriel

Alors, aujourd'hui un thread sur une émission :
La Conversation Scientifique par @EtienneKlein (La conversation scientifique) sur l'antenne de France Culture

franceculture.fr/emissions/la-c…

Etienne Klein a eu l'idée d'inviter Ghislain de Marsily. Un fin connaisseur de la question de l'eau sur Terre.
Je ne vais pas retranscrire l’émission mais juste évoquer les points principaux. Allez l'écouter ! c'est très intéressant !

Avertissement !

- Je n'évoque pas les points dans l'ordre de l'émission.
- Je ne suis pas spécialiste de la question, je ne fais que rassembler les idées évoquées.

L'émission commence par parler de l'eau à l'échelle cosmique et notamment la source de l'eau. L'invité rappelle que, aujourd'hui, nous ne sommes pas sûr de l'origine de l'eau sur Terre. On pensait que cela venait des comètes, mais les proportions de deutérium ne correspondent pas

Plus loin dans l'émission, Ghislain de Marsily rappelle que la quantité d'eau total sur Terre ne varie pas. Il existe toutefois une petite fuite. Dans la haute atmosphère de l'hydrogène arraché aux molécules d'eau, s'échappe dans l'espace.

Cette perte est d'un 1m d'eau sur 4 milliards d'année. Ce mécanisme est à l'origine du dessèchement de Mars (comme on le comprends aujourd'hui) car la gravité de la planète est plus faible que celle de la Terre et ne retient pas cet hydrogène.

On avance dans l'émission. Des sujets connexes sont évoqués, intéressant mais pas pour ce thread :) Puis Ghislain de Marsily en vient à rappeler le cycle de l'eau comme on le comprend aujourd'hui :

L'eau s'évapore au niveau de la mer, se condense dans les nuages et tombe plus loin. Si elle tombe sur la terre ferme, elle ruisselle, s'accumule dans des lacs, ou s'infiltre. Bref vous connaissez tout ça.

- L'eau ne reste que 8 à 9 jours dans les nuages. La réserve d'eau dans les nuages est donc petite.
- En cas de perte de luminosité (grande éruption volcanique, astéroïde, hiver nucléaire), il arrêterait de pleuvoir en 8 jours sur Terre.

Ghislain de Marsily décrit l'eau bleue et verte des précipitations. C'est une distinction récente et importante. Il ne s'agit pas de couleur, mais de circuit différent !

- L'eau verte est celle retenue par le sol. Elle devient immobile et seule les plantes peuvent l'utiliser. L'agriculture pluviale l'utilise.

- A l'inverse, l'eau bleue est celle qui ruisselle. Elle s'accumule dans les nappes, les lacs et les fleuves avant de se jeter dans la mer. C'est cette eau que les humains utilisent directement.

Sur Terre si un fleuve s'assèche (plus d'eau bleue donc), ce n'est pas dû à la disparition de l'eau, mais au déplacement des zones de précipitations, ou du prélèvement de l'eau pour des besoins humains (notamment l'irrigation).

On peut noter que le fleuve Jaune en Chine n'a pas coulé à l'exutoire pendant plus de 400 jours certaines années.

sciencesetavenir.fr/nature-environ…

En Australie, le fleuve Murray a été asséché en partie du fait de l'irrigation. La tendance a été inversée grâce à des cotas de prélèvement.
novethic.fr/actualite/envi…

Mais revenons aux précipitations. La quantité d'eau dans l’atmosphère ne dépend que d'un seul élément : la température de l'air. C'est la formule de Clapeyron. Ce n'est donc pas parce qu'il fera plus chaud qu'il pleuvra moins. Bien au contraire.

fr.wikipedia.org/wiki/Pression_…

Aujourd'hui, il y a quatre grande zones:
- L'équateur et les tropiques sont très pluvieux
- Les déserts chauds à hauteur de la Méditerranée et du Sahara
- La zone tempérée où il pleut 700mm par an
- Les déserts froids que sont les pôles

Comme le décrit Ghislain de Marsily, ces différentes zones vont se déplacer vers les pôles. Le Sahel devrait voir ces précipitations augmenter, mais le Maghreb, la méditerranée et le sud de la France devrait souffrir. Il devrait pleuvoir plus dans les parties nord de l'Europe.

Le réchauffement climatique va aussi avoir un effet sur le nombre de précipitation total. Du fait de l'air et des océans plus chauds, l'humidité et donc les précipitations totales vont augmenter.

Le réchauffement climatique a aussi une action sur les glaciers. La cordillère des Andes est particulièrement touchée par ce phénomène. Il continuera de neiger, mais il n'y aura plus de stockage sous forme de glace. L'été, cette glace ne pourra plus fondre et alimenter les villes

Il faudra probablement stocker l'eau hivernal sous forme liquide grâce à des barrages. L'adaptation est possible si bien planifiée et étudiée en amont.

Malheureusement, bien que les gens le savent, ils n'agissent pas pour bâtir ces barrages. Il y a des problèmes plus importants pour ces populations que de planifier à trente ans.

L'être humain a besoin d'eau en fonction de son mode de vie. Cela inclut l'eau bleue (utilisée pour boire, se laver, ou autre), ainsi que les besoins indirecte (par exemple l'eau utilisée pour notre nourriture).

Certains pays ne sont pas capables de couvrir les besoins de leur population. Ghislain de Marsily prend l'exemple de la Tunisie qu'il a étudiée de près. Mais cela s'applique pour tout les pays plus ou moins désertique ou défaillant en terme de gestion de l'eau.

Dans le cas de la Tunisie, 30% à 40% de la nourriture est importée. Il n'est pas possible de cultiver cela sur le sol tunisien.

Cela est dû à plusieurs facteurs:
- les tunisiens sont nombreux.
- le mode de vie des tunisiens implique une nourriture riche et diversifiée.
- il n'y a pas assez de précipitation/d'eau bleue.

Pour cultiver la nourriture importée, il a fallu utiliser de l'eau dans d'autres pays. Cette eau est qualifiée d'eau virtuelle. C'est à dire, qu'elle n'est pas présente en Tunisie mais permet de faire vivre la population.

Quelle est l'eau que nous consommons en France par personne ?
- l'eau du robinet est une faible proportion : 150l/jour d'eau domestique
- 1700m3/an d'eau bleue et verte pour faire l'agriculture nécessaire à une personne (inclut l'eau virtuelle)

En ordre de grandeur, pour produire :
- 1kg de blé, il faut 1m3 d'eau virtuelle.
- 1kg de steak, il faut 13m3 d'eau virtuelle (inclut le fourrage, et l'irrigation des cultures nécessaires aux bœufs).

Ghislain de Marsily rapporte que 10-12 km3/an d'eau virtuelle devront être nécessaires pour alimenter l'humanité. 113 000 km3 d'eau de précipitation tombent sur Terre (y compris les océans - voir la fin pour plus de détails).

Mais cette eau ne tombera pas là où en on aura besoin ! Il y a alors trois scénarii :
- soit les gens se déplacent là où est l'eau. Il faut alors s'attendre à des migrations de populations recherchant de l'eau.

- soit on déplace de l'eau bleue à l'aide de canaux et de conduites.

La Chine est en train de construire une infrastructure hydrolique pour alimenter le nord et le fleuve Jaune à partir du Yangzi.

sciencesetavenir.fr/nature-environ…

- soit on déplace de l'eau virtuelle, c'est-à-dire sous forme de nourriture produite dans les pays riche en eau. Mais ils puissent payer cette nourriture.

Dans le cas Tunisien, c'est le tourisme, la diaspora, la production locale qui leur permette de payer.

La gestion l'eau et l'augmentation de rendements agricoles ont un impact environnemental, mais permettent de se nourrir. Un compromis est à trouver.

Au Burkina, il pleut énormément durant un cours laps de temps. Mais le Burkina ne possède pas toutes les infrastructures nécessaires pour retenir cette eau. Canaux, barrages permettent de la retenir. Cela a un effet écologique, mais permet de nourrir la population.

L'alternative (pas d'irrigation) est l'agriculture pluviale. Il existe des zones où il pleut assez à l'année pour faire pousser blé, orge, etc. Mais il y a dans ces zones des forets notamment les forets tropicales et équatoriales.

Il est aussi possible d'augmenter les rendements des surfaces existantes. Cela nécessite des engrais, pesticides, OGM.

Comme dit Ghislain de Marsily : "Il n'y a pas de repas gratuit."

Ghislain de Marsily en vient à évoquer les stocks de nourriture actuels dans le monde.

Les grandes famines dans le monde sont cycliques et sont souvant liées au phénomène El Niño intense.

earthobservatory.nasa.gov/features/ElNino
fao.org/emergencies/re…

Au XIXéme siècle, il y a eu deux puissants El Niños. En 1876-1879, la Chine, l'Inde et le Brésil ont eu des famines entrainant 30-60 millions de morts.

Au XXéme siècle, il y a eu également deux puissants El Niños. En 1940 la guerre a caché le phénomène. Mais en 1998, l'Indonésie et la Chine ont été frappées. Malgré leur stock, ils ont dû importer de la nourriture.

Une préoccupation pour Ghislain de Marsily, est que les réserves de nourriture ne sont plus que de deux mois au niveau mondial.
Les chinois ont décidé de créer des réserves de nourriture (une des missions de Sinograin).

en.drc.gov.cn/2009-12/07/con…

La FAO est trop légère et ne cherche pas à organiser des stockes suffisant. Les réserves de nourriture permettent de parer à des crises locales. Mais ne permettraient pas de résister de une baisse générale des rendements.

fao.org/3/w4979e/w4979…

Ghislain de Marsily est d'autant plus inquiet que la fréquence des El Ninos pourrait augmenter et être plus intense.

Des conflits pour être déclenchés par un manque de précipitation et des stockes de nourriture insuffisants.

Pour Ghislain de Marsily, les grandes priorités sont :
- les populations locales doivent apporter leurs propres solutions et ne pas être imposé de l'extérieur.

- il faudra produire plus de nourriture. Au-delà de l'augmentation des rendements (voir plus haut), il faut également diminuer le gaspillage alimentaire (individu et réseau économique). C'est d'autant d'eau virtuelle gachée et un renchérissement de la nourriture.

#FIN

#Annexe :)

Les précipitations totales sur Terre sont de l'ordre de 113 000 km^3 d'eau ce qui représente 1270 fois le volume du lac Lémen.

Ces chiffres sont obtenus par mesure des précipitions (pluviomètres sur place ou par satellite).

Ghislain de Marsily se désole que les réseaux de mesures locales se dégradent dans les pays peu dévellopés. En France, et dans les pays de l'OCDE c'est essentiellement les services météorologiques qui font ces mesures.

A noter que le @CNES et la @NASA développent une mission de mesure de la quantité d'eau douce et de la forme de océan. Cette mission appelée SWOT devrait être lancée en 2021

swot.jpl.nasa.gov
swot.cnes.fr/fr

J'ai oublié de vpus mentionner dans ce thread. C'est un sujet qui pourrait vous intéresser @agritof80

Poke @emma_ducros

Ça pourrai vous intéresser :)