Comme pour l’abolition de la peine de mort, la responsabilité du politique est d'élever le débat, de faire preuve de pédagogie plutôt que de flatter les bas instincts de la foule en revenant sur des siècles de progrès en matière de libertés publiques.
«Tout se passe comme si, depuis 20 ans, des gouvernements incapables de doter, de commander, d’organiser leur police ne trouvaient d’autre issue que celle consistant à restreindre drastiquement les libertés pour conserver les faveurs du public et s’assurer de son vote» F. Sureau
La responsabilité du politique serait plutôt d’expliquer que nous disposons d’une législation spécifique en matière de terrorisme depuis 1986. Avec pratiquement une nouvelle loi par an sur le sujet. Qu’à aucun moment ne s’est posée la question de l’évaluation des moyens accordés
On peut également parler du funeste choix opéré lors de la précédente décennie consistant à céder au mirage du tout technologique qui allait tout résoudre, laissant en jachère un renseignement humain précieux (mention spéciale à la suppression du renseignement territorial)
On peut également de la facilité à shunter le juge, gardien des libertés publiques, en privilégiant des mesures de police administrative plutôt que de doter services enquêteurs et magistrats de moyens et formation, initiale comme continue, à la hauteur des enjeux.
On peut parler de l’accoutumance à des mesures d’exceptions qui deviennent par lâcheté la norme : nous sommes la dernière génération à avoir grandi avec du terrorisme (Action Directe, terrorisme palestinien…) et sans mesures d'exception. Nos enfants n’auront connu que Vigipirate
L’état d’urgence, c’est plus de 6 000 perquisitions administratives pour une quarantaine de mises en examen, dont… 20 pour des faits d’apologie du terrorisme.
On ne fera croire à personne qu’il est impossible de trouver un juge pour signer un papier quand c’est nécessaire
On ne fera croire à personne qu’il est impossible de trouver un juge pour signer un papier quand c’est nécessaire
Nous avons une administration orwellienne et paresseuse (facile quand on a de comptes à rendre à personne) qui se sert de l’angoisse causée par le terrorisme pour obtenir enfin des mesures destinées à lui rendre le travail plus commode et qu’elle réclamait depuis longtemps
On peut également parler de la tendance bien jacobine (la paranoïa de l’Etat attaqué de partout n’est pas nouvelle, ça remonte à 1792) à classifier à outrance pour tuer dans l’oeuf tout débat visant à évaluer l’efficacité des dispositifs existants
Lorsqu’on perçoit ces atteintes à l’état de droit, nombreux sont ceux parmi nous qui sont portés à détourner le regard, à absoudre les fautes parce que les temps sont difficiles. L’excuse est commode. Les temps sont toujours difficiles pour ceux qui n’aiment pas la liberté
« La gauche a abandonné la liberté comme projet. La droite a abandonné la liberté comme tradition. Le 1er camp réclame des droits "sociétaux" comme on dit aujourd’hui, dans un long bêlement progressiste, le 2eme réclame des devoirs dans un grand bêlement sécuritaire ». F. Sureau
Et le mot de la fin pour François Sureau, toujours lui, plus que jamais indispensable pour éviter de sombrer sous la pression de la foule qui, souvent, trahit le peuple comme disait Hugo.
Et courez chez votre libraire pour acheter, lire et faire lire ceci.
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