Peut-être est-ce là l'occasion d'observer quelque chose d'important : l'éclatement de la communauté scientifique.
#SlowThread
lemonde.fr/idees/article/…
Et en comptant, on va essayer de se poser des questions sur notre communauté. #slowthread
Ou celles et ceux qui ont un emploi de recherche, même sans doctorat ?
Et les vulgaristeurs.trices ? Les journalistes ?
Mais ça n'empêche pas de regarder les choses, et d'en discuter, parce que la question est plus importante qu'il n'y parait.
Tout va bien, jusqu'à l'arrivée d'une mesure clivante. Et là, ça peut casser.
blog.educpros.fr/julien-gossa/2…
"Ma présidence en fait-elle encore partie ?"
La question se pose de plus en plus. Clairement, un président n'a plus le même métier.
On voit là apparaître un lourd enjeu.
Il y a donc des enjeux de structuration de la communauté, en permanence, mais surtout dans les moments de tension comme pendant les réformes.
En appelant à signer leur texte, les pointures testent directement leur influence sur la communauté.
Les pointures d'un côté, les autres de l'autres... Devenues incapables de se parler, même sur des sujets de consensus.
Et je puis pense à ce possible titre de presse « le président du CNRS n'arrive pas à obtenir plus de 200 signatures à un texte de défense de la recherche ».
Vous l'avez le froid dans le dos vous aussi ?
On l'a vu, la notion de "communauté scientifique" est polymorphe et évolue au cours du temps et au grès des événements.
C'est pourquoi, il est parfois intéressant de mesurer les choses. 185 signatures en est une mesure.
Et ça peut peser très lourd dans le rapport de force.
Soyons concrets.
Si Bercy gagne, alors on met l'appareil de recherche public au services des entreprises privées.
Les pointures perdent en crédibilité, ce qui impacte leur parole, donc le rapport de force.
Cette lettre inquiète donc, bien au delà de son contenu, par le contexte et le risque pris de la mettre à signature.
On le voit dans ce récent rapport de l'Inspection générale des finances.
(novembre 2019)
senat.fr/rap/r19-130/r1…
(septembre 2019)
ccomptes.fr/system/files/2…
Ca nous met un peu dans cette position (qui n'est pas la meilleure pour négocier) :
Suite du #slowthread
Plus ça va, plus la LPPR trace une ligne dans le sable : d'un côté, ceux qui sont pour ; de l'autre, ceux qui sont contre.
Donc la LPPR définit ou identifie deux communauté scientifiques différentes.
Dans le côté pour, on a donc le ministère, les 180 pointures, et maintenant la CPU :
Ce mot « défiance » est important.
Et il conduit l'acteur à se positionner immédiatement autour de cette ligne.
... Puis se replace immédiatement du côté du gouvernement actuel.
C'est un beau numéro d’équilibriste !
cpu.fr/actualite/la-c…
La CPU a identifié une défiance vis-à-vis de la LRU, mais se place du côté des promoteurs, se proposant de « surmonter la défiance [...] pour faire grandir la confiance »
cpu.fr/wp-content/upl…
« La communauté » est défiant envers la LRU, la CPU va la convaincre.
« La communauté » est défiant envers la LPPR, la CPU fait confiance au ministère (mais reste vigilante).
Elle se positionne en arbitre, sur la ligne de fracture. Et elle arbitre en faveur du haut, et pas du bas. Elle épouse la « communauté oligarchique ».
La positionnement "pour" de la CPU est donc très risqué, parce qu'il risque de lui faire perdre beaucoup de confiance.
Supposez maintenant que vous soyez président.
Quel camps choisiriez-vous ?
La « communauté scientifique » ou « l'oligarchie universitaire » ?
Le nombre de signatures explose tout à coup... 281.
100 de plus en une journée. S'il y a eu rappel, le résultat est bien pâle.
En attendant, la tension monte dans "la communauté scientifique" et des lignes se tracent.
« L'emploi, ce n'est pas mon travail »
Elle trace ainsi une ligne de démarcation dans la communauté : Le ministère décide des subventions, les présidences des postes.
En clair, tout le monde est paumé. C'est sans doute inévitable face à tels changements.
Il faut dire que les hétérogénéités sont frappantes.
A la fin des années 1960, cette structuration est à l'apogée, avec des facultés toutes puissantes.
Encore une fois, on change les lignes de démarcation : on essaye de dire que les profs de droit et de médecine, c'est pareil.
Ca foirera pour médecine, mais pas le reste.
Bien sûr, tout en bas on continue de s'écharper pour un profilage de poste sur telle ou telle équipe... Mais dans une grande université, la gestion des postes est adisciplinaire.
Plus du tout.
Musselin l'explique bien
cairn.info/propositions-d…
Aujourd'hui, on a pu identifier une nouvelle ligne de démarcation de la "la communauté scientifique"
« Nous avons bien reçu votre candidature gnagnagna... »
Aucune justification.
C'est énorme, pas une petite chose. Il fallait traiter la chose avec délicatesse pour ne pas abîmer "la communauté scientifique".
lemonde.fr/idees/article/…
Ces milliers de candidats ne valent pas un email. Voilà pour la prévenance et la considération.
Chez @NewsTankHER
education.newstank.fr/fr/article/vie…
Trois candidats choisit par le gouvernement ont été retenus.
aefinfo.fr/depeche/622657
Vu la masse de candidats éliminés, il y a forcément eu des discriminations.
Le gouvernement dit : l'Hcéres ne fait pas partie de "la communauté scientifique".
Le gouvernement dit donc : l'Hcéres est un outil d'affaiblissement des libertés académiques.
Ce n'était vraiment pas le moment de la déligitimer à ce point... Au point que toute "la communauté scientifique" doive maintenant s'en méfier.
blog.educpros.fr/julien-gossa/2…
Bien sûr, on pourra toujours "faire comme si"... Passer en force et compter sur l'oubli. Ca marchera, bien sûr. Mais moins bien, forcément.
Or, ça marche déjà mal. Ce sera encore pire.
Or, la triche tue l'évaluation, notamment parce que le tricheurs gagnent.
Et c'est épidémique : les tricheurs gagnent, le respect baisse, le nombre de tricheur augmente, etc...
Ce n'est donc pas que l'Hcéres qui est menacée, mais en réalité l'ensemble des missions d'enseignement et de recherche.
Et les acteurs les moins intègres vont de moins en moins hésiter à tricher.
Le ver est dans le fruit, et le pourrissement est inévitable.
D'abord la réponse des initiateurs des candidatures qui demande à connaitre les critères objectifs ayant permis d'éliminer 99.98% des candidatures.
Le symbole est terrible ! C'est une totale déconnexion de ces deux communautés : les dirigeants et les exécutants.
Aujourd'hui, on va parler d'une chose très structurante pour les communautés scientifiques : les réseaux de communication.
Et on va voir qu'ils portent un enjeu politique fort.
Avec 298 signatures, on peut se demander si ça n'a pas été moins efficace que les réseaux (sociaux) pair-à-pair.
Et c'est très important, parce que chacune des décisions de forward/non-forward trace une ligne dans la communauté.
- « ca ne concerne pas les gens en dessous » : estimation que ce n'est pas leur communauté
- « si je renvoie ça je vais me faire pourrir » : éviter la mise en lumière de deux communautés
etc.
Connaissez-vous par exemple le réseau des VP RH d'université ? Ou l'association des Directeurs généraux des services ?
a-dgs.fr
Il est possible que les DGS sachent des choses que les présidents ne savent pas, parce que l'ADGS est mieux organisée que la CPU.
Il y a un vrai travail à faire sur ce sujet, notamment autour des des fusions et regroupements d'établissements.
La question n'est pas technique, mais politique : Structurer par discipline ou par thématique trans-disciplinaires ? Par lieu géographique ou par niveau hiérarchique ? Organiser ou on laisse faire ?
Bien sûr, on vise un mix des deux selon ce qu'on veut faire. Il n'y a pas de bonne solution que des intentions.
Personne ne peut communiquer à ce niveau sans un contrôle préalable du « centre », c'est à dire de la présidence.
Et c'est parfaitement conscient.
Et ça peut être très très important, notamment parce que la plus grande partie du financement passe par l'IDEX ou autre appel à projet interne.
Mais passer par les cadres intermédiaires leur donne la possibilité de "cibler" le forward, cad en réalité de définir la sous-communautés qui aura le droit de répondre.
C'est plus lourd, mais plus structurant.
C'est donc un abaissement des libertés académiques et un accroissement du pouvoir vertical.
C'est un choix structurant.
Et même que c'était le but principal des ITI : structurer hors facultés.
Et la présidence dit : « Je ne souhaite l'existence d'aucune communauté politique hors-présidence ».
A ce stade, on peut le dire, l'appel à signatures est un lourd échec, qui affaiblit la paroles des auteurs et premiers signataires.
Mais continuons à discuter de ce qu'est « la communauté scientifique ».
C'est un choc entre plusieurs communautés, que je vais essayer d'un peu décortiquer.
C'est juste pénible parce qu'il va falloir revenir pour terminer. (En plus des suspicions de complots sur les élus d'oppositions)
Le rapport de force est physiquement évidement.
Ca a d'ailleurs été fait sans violence. Un prise de décision rapide et sereine, comme on jette ses cartes au poker lorsqu'on a la certitude qu'on va perdre sa mise.
« Je ne débattrai pas »
Le président décide de qui parle et de qui se tait : rappel du rapport de force institutionnel lorsque le rapport de force physique est perdu.
(i.e. elle paye des gros bras avec les sous de l'université)
Et ça fonctionne très bien comme ça !
- (président) Je ne débattrai pas, sortez.
- (délégation) Répondez et nous sortons.
- (moi) C'est un rapport de force.
- (président) Vous aimez ça, hein, M. Gossa, les rapports de force !
- (moi) Ben non pas du tout, j'y suis perdant.