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[ANATOMIE D’UNE DOUBLE-PLANCHE DE BD]
Si ça vous amuse de voir les étapes de la création d’une double-planches des Sauroctones, c’est par ici !
Mon grand truc c’est “En faire le moins possible et griller les étapes”, vous allez voir c’est très simple
Le proto-storyboard : c’est à cette étape que viennent les textes, les dialogues, les premières mises en place, c’est le gros foutoir. Dessiné si possible sur du papier nul, du brouillon, derrière des lettres de l'urssaf etc. C'est beaucoup moins intimidant.
C’est là que je vois ce dont j’ai besoin, combien de cases il me faut pour dire un texte ou poser une ambiance, combien de personnages ont besoin d'apparaître à l'image, etc.
En haut à gauche, on voit une mini mise en place des cases dans la page.
A cette étape je redécoupe pas mal, je scotche, je déplace ou j’inverse des cases, je rescotche des cases, j'affine les textes, je tranche dans le gras ou je développe. A chaque fois quand je fais ça je repense à Michel Gondry et son Be Kind Rewind.
Le storyboard définitif ! Dessiné direct à l’ordi, ça doit être lisible par mes éditrices, et par tout le monde en général ; là on peut faire un ping-pong d’idées, se rendre compte qu'un plan ou qu'un enchaînement marche pas top, etc.
Lisible mais pas trop détaillé non plus, limite bonhomme-bâton ! Pour avoir zéro remord à jarter des cases, modifier des persos, copier-coller comme un bourrin, déplacer une case sur la page d’après pour voir si ça fonctionne mieux etc.
Quand on est ok sur le storyboard, bim je passe à l’encrage, à la one again. Je me rends compte que je suis resté plutôt fidèle au storyboard, à part pour la page de droite où j’ai subitement préféré faire 6 cases horizontales. Pourquoi ? Eh bien, pourquoi pas ?
Ça c’est mon gabarit pour faire des cases ! Comme je ne veux surtout pas utiliser de règle pour tracer mes cases ou pour quoi que ce soit d’autre, je me sers de ça en dessinant par-dessus, à la table lumineuse.
Selon les planches, ça me permet de faire 3 bandes, ou 4 bandes, ou 2 grandes cases verticales, ou des huitièmes de bande ou...
Enfin bref il se transforme à volonté court long carré ♪♫
Alors comme je dessine les planches à la one again, c’est sans crayonné, donc j’ai pas intérêt à me planter. Et quand je me plante (c’est à dire souvent), je fous du typex et je recommence par dessus.
Par exemple là j’avais fait la bulle avec le texte, et je me suis retrouvé bien emmerdé pour placer pour la tête du personnage. Alors j’ai déplacé la bulle en bas de la case.
Si c'est relou ? Oui.
Pareil, je me suis rendu compte que j’avais mis la bulle “Jan, non !” beaucoup trop à droite, j’ai préféré la redessiner plus à gauche, pour laisser de la place à la deuxième bulle.
Et quand mon tube de typex est vide, eh ben je laisse tel quel, tant pis.
Bref pour dessiner l’album, je me suis donc servi seulement d’un super stylo-plume Carbon pen (volé à un camarade d’atelier, mais on en trouve chez Sennelier à Paris) et de typex acheté chez le Gibert Jeune du boulevard Saint Denis, du genre bien toxique et qui tue les baleines.
Ensuite je scanne (en bitmap 1200 dpi) et sur photoshop je mets les masses de noir. Là c’est vraiment une partie que j’adore, voire les masses apparaître, c’est un peu la surprise, ça détend... ça doit libérer des trucs chimiques dans le cerveau je sais pas
En plus comme j’ai un trait assez clean et que je ferme bien les formes comme un bon élève, ça va assez vite : baguette magique, script qui va bien, les vrais savent ! Ça me permet de faire plein d’essais, sans avoir peur de gâcher des litres d’encre de chine
La couleur ! Aussi sur photoshop, avec ma bonne vieille tablette graphique, là aussi j’essaie de rester simple : des aplats, et UN SEUL CALQUE MAXIMUM ! Au delà de 3 calques je me sens mal, tout tourne dans ma tête.
Je ne fais jamais la couleur case par case, mais je pose d’abord une grande teinte générale pour la double page, puis je vais de plus en plus progressivement dans le détail. Ensuite je change des pans entiers de couleur, je bascule tout en rouge, ou en vert-bleu, selon l’humeur
Le moment où j'arrête de triturer les couleurs d'une planche, c'est parce que c'est l'heure de les envoyer aux éditrices...
Si je pouvais je les changerais jusqu'à l'impression, et jusque sur les rotatives je demanderais "on pourrait pas foutre le ciel en jaune plutôt ?"
Et voilà ! Ensuite tout ça est mis en page par l'excellent graphiste de chez Dargaud, et ça donne ça !
Merci d'avoir suivi !
Pour résumer : du scotch, du feeling, du one again, et un calque max ok ?
N'hésitez pas si vous avez des questions, ou si quelqu'un sait c'est quoi les trucs chimiques qui se libèrent dans le cerveau
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