Thread by @AHerculiani

Suite du thread #Romanité, on arrive à la fin : ⬇️

Dès les premiers siècles de l’Empire, certains auteurs tels que Strabon (env. 60 av. J.-C.- env. 20 apr. J.-C.), Plutarque (env. 46- env. 125), Dion Cassius (155-235) ou bien Hérodien (170-240) écrivent en grec, à l’instar de certains empereurs tels que Marc Aurèle (161-180).

En 212, cependant, l’empereur Caracalla donne la citoyenneté romaine à l’intégralité des habitants de l’Empire, c’est-à-dire pas moins de 80 à 90 millions de personnes (auxquels il faut toutefois enlever les femmes, les enfants et esclaves) !

On voit alors se répandre des noms avec de nombreuses dénominations, afin de se distinguer des « nouveaux » citoyens et faire ressortir ses origines aristocratiques.

Le système de trianomina (prénom, nom de la gens (famille + clientèle) et surnom sont remplacés par cette succession de noms, désignant souvent les aïeuls pour référer son lignage.

Prenons ainsi Flavius Josèphe, juif hiérosolymitain (37-100) Né sous le nom de Yossef ben Matityahou HaCohen, il obtient la citoyenneté romaine et romanise son nom, ce qui sera Titus Flavius Vespasianus, cad le nom de celui qui lui a accordé la citoyenneté l’empereur Vespasien !

Son nom d’usage deviendra Flavius Josephus afin d’employer son nom romain et son prénom hébreux, ici romanisé. Il écrit par la suite son œuvre en grec, langue courante de l’administration et des classes politiques dans cette partie de l’Empire.

On a un auteur juif, vivant à Jérusalem, pratiquant l’hébreu, qui est romanisé jusqu’à son nom par son acquisition de la citoyenneté et qui écrit ses œuvres en grec, autant par tradition que par praticité, (langue la plus répandue dans sa région d’origine)et qui mourra à Rome!

Avec la christianisation de l’Empire, les auteurs ont des discours orientés en faveur du monothéisme grandissant. De plus en plus d’historiens, de juristes et de politiciens écrivent des œuvres permettant d’installer le christianisme dans la continuité de l’Empire ...

...en assimilant les héritages des prédécesseurs ou bien, au contraire, en les effaçant.
C’est le cas de l’empereur Théodose, qui met fin aux cultes païens en 393 puis de son descendant Théodose II, qui reprend l’œuvre de christianisation de son grand-père.

Cette politique a pour effet de mettre un terme aux Jeux olympiques, qui étaient inextricablement liés à la vénération de divinités issues de l’ancien polythéisme.

En parallèle, Augustin d’Hippone, canonisé Saint Augustin, rédige La Cité de Dieu entre 410 et 427, afin de présenter la christianisation de l’Empire comme la volonté de Dieu et également comme une évolution de l’héritage « antique ».

Cette ouverture sur le Ve siècle nous permet de souligner l’œuvre théodosienne et notamment le changement de paradigme dans l’Empire. Par la conception d’une romanité fictive, qui accepte dès ses débuts l’intégration d’autres populations, Rome est bien plurielle.

Plus qu’un pouvoir politique, il faut y voir un empire au sens ethnologique du terme : une réunion de plusieurs populations sous l’autorité d’un même pouvoir et ce dès la période royale de Rome.

L’expansion romaine a ensuite mené les populations à se construire par opposition aux autres : n’est pas romains tous ceux qui sont barbares.

Ce modèle ne tiendra plus quand les frontières de la République dépasseront les frontières de la péninsule italique et devront englober des populations, notamment leurs élites, dans le modèle romain.

Ce n’est qu’à l’obtention de la citoyenneté pour tous les habitants masculins adultes de l’Empire que la question de la romanité se pose réellement et devient un sujet de crispation politique et sociale.

Enfin, avec la christianisation de l’Empire, nous pouvons assister à un changement de valeurs de références. Sans pour autant être négligé, l’héritage « antique » laisse la place à un autre, plus récent. L’Empire passe ainsi de la romanitas à la christianitas. Fin : #BonDimanche!

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