Après le podcast "Le monde romain... ou les mondes romains", de carbone 14 @LeSalonNoirFC @franceculture (shorturl.me/SlVTJhv), un thread sur la romanité : c’est quoi être un Romain pour un Romain ? des débuts de Rome à la chrétienté, un thread pour la #teamRomains ! ⬇️
L’étude du monde romain, à tous les niveaux, est souvent altérée par un romano-centrisme. En effet, les auteurs romains écrivent du point de vue romain pour vanter les mérites romains de leur monde romain. Quid des autres populations ?
Pour parler de Romains, il nous faut remonter à son mythe fondateur : celui de Romulus et Rémus et de la création de la ville dans l’année théorique de 753 av J.-C. Très vite, les Romains durent composer avec leurs voisins directs : les Sabins.
L’intégration de cette population est illustrée par le mythe de l’enlèvement des Sabines où les Romains, à défaut d’avoir des femmes, vont les enlever chez leurs voisins sabins.
Quand les Sabins affrontent les Romains pour libérer leurs femmes, elles interviennent en présentant les enfants qu’elles ont eu avec les Romains, symbole de l’union des deux peuples. L’idée de « romain pure souche » issu uniquement de Rome se perd déjà.
Les Sabines par Jacques Louis David, 1799, Musée du Louvre @MuseeLouvre
Ce tableau, réalisé plus de 2 500 ans après les faits présumés, par un peintre français, montre l’influence de ce mythe dans la culture et cette recherche de romanité.
Ce tableau, réalisé plus de 2 500 ans après les faits présumés, par un peintre français, montre l’influence de ce mythe dans la culture et cette recherche de romanité.
De plus, selon le mythe, sur les sept rois de Rome, de 753 av. J.-C. à 509 av. J.-C. le deuxième roi de Rome, Numa Pompilius, et le quatrième, Ancus Marcius, sont sabins. ⬇️
Rome est également influencée dès sa période royale par les peuplades étrusques. Ces dernières vont être la source du premier art de la guerre romain, celui du combat hoplitique, et vont également transmettre de nombreuses institutions juridiques et religieuses.
Les trois derniers rois de Rome sont étrusques : Tarquin l’Ancien, Servius Tullius, à qui est attribuée la première muraille de Rome, nommée muraille servienne (même si la datation est de deux siècles ultérieure à l’existence supposée du roi) et Tarquin le Superbe.
Ici encore, l’influence de peuplades « non romaines » est soulignée, dès les mythes fondateurs de la ville.
Image Libération de Caelius Vibenna par Macstrna, identifié comme Servius Tullius (scène de gauche), tombe François, Vème siècle av. J.-C., Vulci, en actuel Lazio, Italie
Image Libération de Caelius Vibenna par Macstrna, identifié comme Servius Tullius (scène de gauche), tombe François, Vème siècle av. J.-C., Vulci, en actuel Lazio, Italie
Mais alors, qu’est-ce que le fait d’être romain ? Avec la rencontre de nouvelles peuplades et l’expansion du territoire sous domination romaine, l’idée de romanité a pour rivale l’idée de non « barbarité ».
Après les guerres contre des populations celtes cisalpines (actuelle Italie du Nord), Rome essuie des défaites, notamment celle de 390 av. J.-C. ayant inspiré le mythe de Brennus #teamGaulois et la fameuse phrase vae victis (malheur aux vaincus).
Dès lors, les populations « romanisées » d’Italie centrale se construisent en opposition aux barbares du Nord, aux mœurs étrangères, reprenant ainsi le concept de barbares déjà utilisé par les #Grecs pour qualifier ceux qui ne parlent pas la langue grecque ...
... et se changeant progressivement en un terme pour qualifier des populations inférieures en termes de civilisation.
Toutefois, il faut rappeler que pour les Grecs, notamment ceux de Grande Grèce (Italie du Sud), les Romains étaient eux même des barbares ! (#teamGrecs)
Toutefois, il faut rappeler que pour les Grecs, notamment ceux de Grande Grèce (Italie du Sud), les Romains étaient eux même des barbares ! (#teamGrecs)
La République romaine va donc devoir composer avec toute une mosaïque de cultures et de peuples, uniquement sur le territoire italien. Ses institutions juridiques distinguent les populations dites romaines des populations dites italiques, par le droit de vote.
À l’origine, ce droit de vote est attribué aux « tribus » électorales de Rome, aussi divisées par familles avec les trois populations originelles de Rome : romaines, sabines et étrusques. On distingue alors les Romains des Socii (Alliés).
De 90 à 88 av J.-C., la République romaine est déchirée par la guerre sociale (Socii=sociale). Les armées de la République doivent mater les révoltes des populations italiques, qui désirent être considérées comme intégralement romaines, notamment dans le cadre du vote et du droit
Jusqu’à présent, Rome gardait la citoyenneté romaine comme levier de négociation face aux populations conquises, pour menacer de leur retirer en cas de désobéissance ou bien pour récompenser des peuples restés fidèles au régime, comme ce fut le cas durant les guerres puniques.
Après deux ans de guerre, la République décide de proclamer la péninsule italique comme étant romaine.
On ne fait plus de distinction juridique ou de suffrage entre les populations italiques et romaines, même si, dans les faits, et de manière officieuse, les rapports ...
On ne fait plus de distinction juridique ou de suffrage entre les populations italiques et romaines, même si, dans les faits, et de manière officieuse, les rapports ...
... hiérarchiques ou sociaux demeurent inchangés.
La situation va demeurer ainsi sous l’Empire, les populations vont petit à petit être intégrées au modèle romain, par la présence de différentes catégories de droit, avec ou sans vote. Le droit romain devient un outil de création de circonscriptions électorales et administratives
Quand une ville obtient ce droit, elle est considérée comme un quartier de Rome, si bien que le Sénat crée des tribus électorales pour ranger ces nouveaux électeurs et les isoler des électeurs italiques.
L’Empire, par son immensité, dispose d’une population importante et d’institutions ancrées. Cependant, comment faire communiquer des territoires allant de la Lusitanie à la Mésopotamie ? Ou bien de la Bretagne à la Cyrénaïque ? Cela reviendrait à faire Portugal-Irak et UK-Lybie !
De plus, toutes ces populations ne parlent pas forcément le latin, encore moins celui de Rome !
Dès la République, les populations romaines distinguent le latin de Rome des autres latins pratiqués (un peu les Parisiens de l’époque en fait 🤣 #humour ).
Dès la République, les populations romaines distinguent le latin de Rome des autres latins pratiqués (un peu les Parisiens de l’époque en fait 🤣 #humour ).
Les auteurs trouveront même un nom aux idiomes latins parlé dans les provinces : le sermo vulgaris (langue du commun). Dans la partie orientale de l’Empire, on pratique bien plus l’araméen, l’hébreu et le grec,pratiqué aussi par les élites en Occident) et le latin est peu utilisé
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