1918 pendant la grippe. L'Histoire bégaie. 
De la propagation dans les transports en commun. 1918.
Du dévouement et du lourd tribut payé par les médecins et professionnels de santé, lâchés par les politiques.
Déjà les hésitations et les pudeurs économiques incompréhensibles empêchant la mise en place d'isolements stricts avaient fait des ravages terribles.
Déjà la majorité des députés se moquait ouvertement de la maladie et des gens, pensant sans doute que l'immunité parlementaire les protégerait. Grossière erreur. Ils furent nombreux à mourir, un peu plus tard.
Déjà les élus pariaient sur leurs vains espoirs de disparition de l'épidémie d'elle-même ("au printemps le coronavirus disparaîtra tout seul"), ou de l'immunisation des survivants ("laissons-les tous l'attraper").
Déjà, pour d'autres raisons (ici la guerre, 100 ans plus tard des choix économiques) les lits d'hôpitaux manquaient.
Déjà l'isolement n'était pas respecté, et une poignée de médecins militaires imbus d'eux-mêmes jouaient alors le rôle de certains médecins de plateaux TV de maintenant: de dangereux irresponsables.
Déjà la santé était subordonnée au commerce, y compris dans l'organigramme d'état. Rappelons cependant qu'en 1918 ils n'avaient pas de ministère de la santé: il sera créé après la pandémie.
Déjà les antipaludéens pour traiter la peste du siècle.
Le manque de lits d'hospitalisation et ses effets, à 100 ans de distance...
Déjà malgré une situation terrible, on minimisait et reportait sur le peuple les mesures de précaution individuelles, pour se dédouaner de ne pas mettre en place des mesures de protection collectives, sans lesquelles les protections individuelles sont inefficaces.
Déjà des ânes bâtés opposaient à la salutaire mesure de fermeture des frontières l'objection "les virus n'ont pas de passeport". Les mêmes causes produisant les mêmes effets, ils les ont aussi fermées trop tard...
Et pourtant en 1918, Pasteur venait à peine de découvrir les microbes, et les virus ne seraient découverts que 40 ans plus tard. Mais on savait déjà ce qu'il fallait faire, malgré les réticences des parlementaires à le faire.
Déjà en 1918, alors que l'on venait à peine de les inventer, on préconisait le port des masques pour éviter la contagion et la dissémination. Il y a 100 ans. Bordayl.
Déjà, alors que le virus n'était pas encore découvert, on se posait des questions sur la transmission par les enfants et leur sécurité. Roux, grand médecin et ami de Pasteur, se plante dans sa recommandation. Et le ministre fait appel aux "médecins des écoles" qui n'existent pas.
Déjà (et c'est une curiosité vraiment frappante tant elle correspond à notre époque), on se posait la question de faciliter le transport et l'hébergement des médecins. La mesure prise il y a une semaine avait été prise encore plus en profondeur il y a 100 ans.
