Thread by @socio_reflexe

Bon et bien je me lance pour ce #socioconfi
Le thème jusqu'à dimanche ce sera la pornographie, puisque le confinement a été l'occasion d'un grand coup de comm pour une plateforme de ce genre.

Donc on va voir Mathieu Trachman et le chapitre 5 de son livre "Le travail pornographique" intitulé "L'accumulation des débutantes" permettant de comprendre la construction de la valeur de ce travail sur ce marché. cairn.info/le-travail-por…

Simplement, pour resituer l'ambition du bouquin : Mathieu Trachman tente de comprendre la pornographie comme un travail, en interrogeant acteurs-rices, réalisateurs et autres professionnels du secteur. Ici, on ne s'intéressera que (ou pratiquement que) aux acteurs-ices.

Un constat qu'on peut faire rapidement, c'est
1. Contrairement à d'autres secteurs, les femmes ont généralement de meilleures rémunérations que les hommes
2. La construction de la valeur du travail est sexuellement différenciée.

Pour le 1 : si les différenciations de salaire sont érigées comme preuve de la domination masculine, devrait-on en conclure qu'il n'y en aurait aucune forme dans le milieu de la pornographie?

Trachman propose justement cet angle de construction de la valeur et y voit la manifestation d'une de ses formes et permet la liaison avec 2 :

Il analyse en premier lieu comment se crée la construction de la valeur chez les femmes. Il faut savoir que les prix se négocient souvent avant les tournages (et que les producteurs omettent de leur signaler les prix du marché). Les débutantes acceptent ainsi souvent pour en deça

Il y a donc de l'incertitude sur sa propre valeur, dépendante de plusieurs choses
- les pratiques (vaginal, sodomie, "double", etc.)
- une beauté esthétique
- des compétences
- le "nom"/la réputation.

Sur les pratiques

Sur la beauté esthétique

Cette beauté n'est pas suffisante pour expliquer la construction de la valeur. Certaines compétences sont donc recherchées (on parle d'ailleurs dans le milieu de "beauté froide" pour les femmes ayant un capital corporel sans ces compétences)

Enfin, la réputation (ou notoriété)

Tout ceci va donc créer un capital corporel pour les femmes déterminant en grande partie leur valeur

Pour les hommes, il en est tout autrement. Il n'y a pas de capital corporel, ou du moins, il se construit très différemment de ce qu'on peut observer chez les femmes :

La valeur se construit plutôt autour de l'érection et de la capacité de mettre en valeur une actrice. Les débutants sont donc souvent relégués (contrairement aux femmes), incertitude sur l'érection (peur de "la panne") et manque de compétence sur la valorisation de l'acte.

Néanmoins, ces compétences ne sont pas mises en valeur : "La valorisation de l'érection a pour conséquence une naturalisation du travail des acteurs."

La dévalorisation de leur travail passe donc par l'existence des débutants (faisant baisser les prix) mais aussi par le fait que nombreux acteurs professionnels ou semi-pro retirent de cette activité un plaisir en soi (certains parlent de "se tapper des bombes").

Enfin, on peut parler des trajectoires des femmes dans le milieu. Pour les hommes, on l'a vu, il y a une forte incertitude alors que pour les femmes, les débutantes sont recherchées (et pas seulement parce qu'elles ne connaissent pas les prix). Il faut se tourner vers les réals.

C'est là qu'on peut comprendre que la trajectoire des femmes et leur entrée est assez dépendante d'hommes. En effet, les acteurs ont souvent un réal avec eux alors qu'il existe une plus forte concurrence entre les femmes

De plus, les débutantes ont une valeur en soi.

Je passe rapidement, mais l'état de ce marché fait que les femmes sont relativement dépendantes de leur réputation, construite en partie par les hommes dans le milieu (acteurs et réalisateurs, conseillant aux autres)

Conclusion

*pour les femmes ayant une certaine beauté sans ces compétences
(ces compétences faisant partie du capital corporel)