Ce que certains économistes ne voient pas c'est surtout que les taux d'intérêt ne sont pas bas du fait d'une réalité économique exogène mais du fait des politiques des banques centrales.
Les taux courts ont toujours été des taux administrés par la politique monétaire.
Mais avec les politiques de "quantitative easing", les banques centrales se sont mises à acheter massivement des obligations publiques, ce qui a fait beaucoup baisser les taux longs également.
Autrement dit, et c'est ça qu'il faut bien comprendre, les marchés financiers sont aujourd'hui administrés de facto.
Ce ne sont plus les marchés qui déterminent le coût de l'argent mais les autorités publiques qui déterminent la santé des marchés financiers.
Il y a là une mécanique totalement nouvelle que beaucoup d'économistes refusent de voir alors qu'ils l'ont pourtant sous les yeux: un pan extrêmement important de l'activité économique, la finance, n'est plus sous le contrôle des marchés.
Or, pour la plupart des économistes, les prix sont censés être déterminés par des marchés en concurrence.
Voilà pourquoi ils continuent de croire que "les taux peuvent monter". Ils n'admettent pas que, dans de nombreux secteurs d'activité, les marchés ne déterminent plus rien.
En réalité, la grande faiblesse de la pensée économique contemporaine, c'est d'être incapable de penser l'économie en dehors du marché.
Par exemple, pour lutter contre le réchauffement climatique, la majorité des économistes proposent d'établir un "prix du carbone" ou de créer un marché des droits d'émission comme cela existe dans l'UE depuis 2005.
Ou pour décrire les relations de travail, au lieu d'analyser concrètement ce qu'il se passe dans la relation employeurs/employés, ils inventent un "marché du travail" en proposant un modèle d'analyse extrêmement pauvre. Et soutiennent des solutions de marché pour aider l'emploi.
Même chose lorsqu'il s'agit d'analyser les fonctions de l’État. Puisque l’État produit des services non marchands, alors il n'est plus considéré comme un producteur de richesses mais comme une institution coûteuse.
Jamais on ne dira d'une entreprise qu'elle est coûteuse, tout simplement parce qu'elle produit un service marchand.
On a donc un cours de fac qui est considéré comme un "coût" et le même cours dispensé dans une école privée qui sera vu comme une "richesse". Absurde!
Pour conclure, lorsque les économistes nous mettent en garde contre des taux qui pourraient remonter, ils font comme si les marchés les décidaient, parce qu'ils sont incapables de voir autre chose que le marché.
C'est tout de même dommage de réduire ainsi le champ de l'économie!
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Il est maintenant évident que la crise du #Covid sera aussi une crise économique et financière.
Les économies sont à l'arrêt. Du coup les États prennent le relais en dépensant sans compter. Mais comment gérer cette montagne de dette une fois la crise passée?
Tout d'abord oui, les dettes vont être énormes tant pour les États que pour les entreprises.
La soutenabilité d'une dette dépend du revenu annuel d'une l'entreprise ou du PIB pour la dette publique.
Or, non seulement les dettes vont augmenter, mais les revenus vont baisser.
Comme l'économie était déjà très endettée avant la crise, il est probable que lorsque l'économie repartira une grande partie de la dette s'avèrera insolvable. De nombreuses entreprises risquent donc de faire faillite et de nombreux États seront incapables de faire face.
L'échec des négociations relatives au budget européen n'a absolument rien d'étonnant.
Il illustre l'état de décomposition avancé dans lequel se trouve le projet européen, état que nous avons déjà largement analysé dans nos écris communs avec Coralie Delaume.
Le budget européen est au cœur de tout.
- Il détermine les moyens consacrés au #Greendeal européen et à la transition écologique.
- Il détermine la #PAC à un moment où l'industrialisation des pratiques agricoles s'accélère, sur fond d'une concurrence exacerbée.
(Les agriculteurs français souffrent davantage de la concurrence des autres pays européens que de celle des pays hors UE.)
- Enfin, il détermine le montant des fonds structurels qui visent à aider les régions défavorisées dont beaucoup se situent en Europe centrale et orientale.
Si on cherche "taux de pauvreté" sur un moteur de recherche, on tombe sur des chiffres qu'on a vite fait de comparer.
C'est ce qu'a fait @LeaSalame ce matin au #79inter, affirmant que le taux de pauvreté en France était supérieur à celui des USA.
Heureusement Léa Salamé n'est pas statisticienne. Car les chiffres indiqués (taux de pauvreté à 13,5% aux États-Unis contre 14,7% en France) sans être faux, ne sont nullement comparables.
... tandis que le chiffre sorti pour la France est tiré d'un article du Figaro qui cite une étude de l'INSEE pour l'année 2018. lefigaro.fr/conjoncture/le…
Déjà, on ne peut comparer deux chiffres qui portent sur des périodes différentes. Mais ce n'est pas le principal problème...
C'est aujourd'hui que les Britanniques quittent l'Union européenne. Mais au fait, ça signifie quoi, sortir de l'UE? Et qu'est-ce que cela implique concrètement pour les britanniques?
L'Union européenne est avant tout une entité juridique dont les règles s'appliquent sur les territoires nationaux par l'intermédiaire du système juridique national.
Sortir de l'UE, c'est donc sortir du droit européen.
Au cœur du droit européen se trouve le marché unique européen (MUE), fondé sur la libre circulation des marchandises, des capitaux et du travail dans un cadre concurrentiel.
Sortir de l'UE c'est donc sortir du marché européen et de son système de régulation par la concurrence.
Au-delà du fait qu'une politique industrielle ne peut se limiter à attirer n'importe quelle activité en promettant des baisses d'impôts indistinctement à tout investisseurs étrangers, on peut aussi s'interroger sur le sens même de ces politiques d'attractivité.
Aujourd'hui, tout le monde se veut attractif. C'est la concurrence à tous les étages. Les communes (Cf. les programmes des municipales!), les régions, les pays... tous les politiques pensent qu'il faut attirer sur son sol les investissements de son voisin pour créer de l'emploi.
La crise hospitalière est la partie émergée d'une crise globale des services publics en France. Cette crise touche aussi la justice, l'école, l'éducation supérieure et la recherche.
Depuis 2000, la stratégie des politiques publiques n'a pas varié: compresser les coûts salariaux, supprimer des postes, baisser le pouvoir d'achat des agents du secteur public par le gel du point d'indice et la transformation de postes de titulaires en emplois précaires.
Tout cela a dégradé les conditions de travail dans le secteur public, d'autant que ces compressions salariales se sont produites durant une période où, tant dans la justice, que dans l'éducation ou la santé, les besoins ont eux augmenté à un rythme accéléré.