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[#Thread] #hopitaux #GiletJaunes

La crise hospitalière est la partie émergée d'une crise globale des services publics en France. Cette crise touche aussi la justice, l'école, l'éducation supérieure et la recherche.
Depuis 2000, la stratégie des politiques publiques n'a pas varié: compresser les coûts salariaux, supprimer des postes, baisser le pouvoir d'achat des agents du secteur public par le gel du point d'indice et la transformation de postes de titulaires en emplois précaires.
Tout cela a dégradé les conditions de travail dans le secteur public, d'autant que ces compressions salariales se sont produites durant une période où, tant dans la justice, que dans l'éducation ou la santé, les besoins ont eux augmenté à un rythme accéléré.
L'une des techniques utilisée pour diminuer les coûts a été d'organiser l'autonomie budgétaire des établissements.

On demande à l'hôpital d'équilibrer un budget tout en diminuant ses recettes (via une baisse des tarifs des prestations hospitalières, la fameuse #T2A).
On exige des universités qu'elle accueillent toujours plus d'étudiants en gelant leurs dotations.

(Dans l’enseignement supérieur, le nombre d'étudiants est passé de 2,16 millions en 2000 à 2,68 millions, soit une hausse d'environ 25%).
Cette stratégie (renforcée depuis 2012) fait que les directeurs d'établissement doivent choisir entre réduire l'offre ou augmenter l'intensité du travail de leurs personnels (recours aux heures sup non payées, réorganisation des rythmes, pression sur les personnels précaires...)
La réduction de l'offre se traduit par des PÉNURIES.

Pénurie de lits à l'hôpital, d'où les brancards qu'on laisse dans les couloirs, pénurie de places dans les établissements d'enseignement supérieurs, procédures de justices interminables qui découragent les plaignants.
Face à ces pénuries, la stratégie du gouvernement n'a pas été d'augmenter les moyens pour les résoudre, mais de chercher à les rendre plus acceptables dans l'opinion.
Pour la justice, on fait de la comparution immédiate ou on ferme les tribunaux de proximité afin de décourager les procédures. Si cela ne suffit pas, on en vient à refuser les dépôts de plainte.
À l'hôpital, on développe l'ambulatoire en revoyant les patients chez eux dès que possible, ce qui limite le suivi et donc les coûts (et justifie qu'on ferme des lits).
Dans l'université, on est passé du système APB qui sélectionnait les demandes par tirage au sort au système Parcoursup qui classe les demandes en fonction du niveau des lycéens.

On rend acceptable une pénurie de places en passant d'un tirage au sort à un classement au mérite.
On compte sur le fait que les bacheliers exclus du système éducatif (qui sont généralement issus des classes populaires) ne feront pas de scandale et ne saisiront pas les tribunaux pour faire valoir leur droit à l'éducation.
Macron n'a rien changé à cette stratégie. Elle se poursuivra en 2020.

Ainsi:
1/ On demande aux hôpitaux d'économiser à nouveau 800 millions d'euros:
leparisien.fr/economie/budge…
2/ On ampute le budget des universités de 20 millions pour aider aux start-up. Puis on leur demande de faire de nouvelles économies en refusant de compenser les hausses salariales liées à l'ancienneté des personnels:
lesechos.fr/politique-soci…
3/ Dans la justice, une nouvelle réforme territoriale se prépare avec la fusion programmée des tribunaux d'instance et de grande instance. Elle rendra plus difficile l'accès à la justice pour de nombreux justiciables:
20minutes.fr/justice/243029…
Au total, il faudrait remettre immédiatement au moins 5 à 10 milliards d'euros dans les services publics, permettant le recrutement de magistrats, de personnels de santé et d'enseignants titulaires.
Emmanuel Macron est parvenu à trouver 17 milliards en quelques mois pour répondre au mouvement des Gilets Jaunes. Mais il refuse absolument d'investir dans les services publics et d'améliorer l'attractivité des emplois publics malgré la pénurie d'offre qui s'aggrave.
À ceux qui trouvent mon propos exagérément alarmiste et qui pensent que le nombre et le coût des fonctionnaires augmente en France depuis vingt ans voici deux graphiques tirés des chiffres de l'INSEE.
Dans le premier, on peut constater que, contrairement aux idées reçues, la part des rémunérations salariales venant du secteur public par rapport à la rémunération totale des ménages baisse depuis 2000, ce qui prouve que le secteur privé s'accroit au détriment du secteur public.
Dans le second, on voit l'effet de la réforme fiscale qui a allégé la fiscalité des 1% les plus riches en supprimant l'ISF et en baissant les impôts sur les revenus du capital. Les recettes de ces impôts (dont l'ISF), ce sont effondrées en 2018 lors du premier budget de Macron.
Cadeau aux riches ou services publics de qualité, il faut choisir.

Emmanuel Macron, hélas, a fait son choix.
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