,
19 tweets,
2 min read
Read on Twitter
Puisque c'est ma dernière soirée ici, j'aimerais revenir sur les algorithmes et l'usage du mot "algorithme" dans les médias.
La preuve de programmes dont je parlais plus haut suppose qu'on ait une spécification mathématique de propriétés du programme.
Par exemple, pour un programme de tri, "la sortie est une permutation de l'entrée triée par ordre croissant".
Pour les "algorithmes" issus de l'apprentissage automatique (machine learning), il y a rarement une telle spécification.
Un algorithme qui reconnaît les chiens des chats, par exemple: pas de spécification mathématique de chat vs chien.
Les "algorithmes" à détecter les terroristes: pas de spécification préalable de ce à quoi ressemble un terroriste.
Les "algorithmes" pour décider de qui est homosexuel au vu d'une photo: pas de spécification préalable de ce à quoi ressemble un homosexuel.
En fait, l'apprentissage automatique génère en quelque sorte un algorithme sans spécification.
Oh certes il y a des méthodes de validation, mais elles ne résolvent pas cette question fondamentale.
La validation de tels algorithmes ne peut se faire donc qu'expérimentalement, sur des jeux d'exemples.
"Sur nos exemples l'algorithme donne des résultats justes dans 95% des cas."
Différent des algorithmes de mon domaine, où on PROUVE que le résultat est toujours correct et l'on valide expérimentalement la performance.
Quand j'étais étudiant, l'enseignant de réseaux de neurones avait averti que certains résultats célèbres du domaine étaient non reproduits
Le soupçon étaient que certaines équipes se vantaient de bons résultats mais que ceux-ci étaient plus ou moins bidonnés.
S'il en est ainsi de travaux scientifiques, il peut d'autant plus en être ainsi de produits commerciaux.
Parallèlement, certains semblent avoir une foi aveugle en les "algorithmes" que leur proposent des industriels.
Il s'agit pour moi d'une forme de "pensée magique", en version technologique.
C'est embêtant si cette pensée magique en vient à fonder des politiques publiques.
Sur ce, il fait froid dans le scriptorium. Au revoir.
