Génie de @justice_gouv qui trouve le moyen en plein burn-out généralisé chez ses fonctionnaires en sous-effectifs de les monter les uns contre les autres avec un écart inadmissible entre la prime exceptionnelle de Noël des directeurs de greffes et celle des agents administratifs.
1000 euros bruts pour les directeurs de greffes, 140 euros bruts pour les greffiers, 100 euros bruts pour les agents administratifs. Rien pour les secrétaires administratifs. Rien.
La Chancellerie explique cette différence en indiquant vouloir réparer l’injustice créée par une revalorisation salariale à minima des Directeurs lors de la réforme de 2015. Injustice créée par... la Chancellerie elle-même, qui leur refusa à l’époque un statut digne de ce nom.
Vouloir réparer une injustice qu’on a soi-même créée et en créer de facto une nouvelle : quelle ironie au sein même d’un ministère qui rend la justice.
Depuis l’annonce hier du montant de ces primes la colère gronde en juridiction. Les fonctionnaires ressentent l’écart entre ces primes comme du mépris, comme une injure. Comment pourrait-il en être autrement ? Comment ?
La Chancellerie vante à qui veut l’entendre le dévouement et l’abnégation de ses fonctionnaires. Nous savons aujourd’hui à quel montant elle estime cet engagement.
Mille et une réactions de colère, de lassitude et de déception, dont celle-ci entendue d’un fonctionnaire qui les résume presque toutes : « J’ai l’impression qu’on donne un sucre à un chien pour qu’il se taise. »
Grâce à vous @justice_gouv, nous en sommes donc là depuis hier. À nous comparer à des chiens.
La colère ne m’égarera pas, mais elle est aujourd’hui bien en moi, en chacun des 10.000 greffiers, et en chacun des 10.000 agents et secrétaires administratifs de votre ministère.
« If you pay peanuts you get monkeys » disait si justement James Goldsmith. Je ne sais pas si nous sommes des singes, mais aujourd’hui nous avons le sentiment d’être les dindons de la farce. Et cette farce est aussi pathétiquement triste, que profondément injuste.
