Thread by @3emeDroite

[Thread 11] Comment ma vision du monde a changé et que je me suis finis à la bière.

Je pense qu’on est tous d’accord pour dire que c’est Axel qui m’a écrit le message sur le paquet de Fisherman’s Friend. Ce gars veut clairement m’aider.

Mais qu’est-ce que ça veut dire ? Y’en a d’autres comme Mia ? Et ils sont partout ? Genre dans d’autres immeubles ? Est-ce que chaque cave de Paris cache un trafic de donneurs ?

Ou est-ce que c’est pire ? Est-ce que y’en a dans d’autres villes ? Ou dans des écoles par exemple ? J’avais des profs bizarres au collège…

Ça me donne des vertiges.

Je commence à soupçonner tout le monde. Enfin pas Cisco ni Gwen.

Enfin quoique…

Enfin Non. Merde !

Je décide de sortir me changer les idées. Allez ! Je vais faire des courses.

Mes sorties c’est aller à Franprix. Fuck my life.

Au rayon gâteaux, j’ai du mal à choisir. Quel est le meilleur Kinder pour oublier que je vis dans un monde peuplé de Mia ou de Munch ou de Mr K ?

J’hésite 30 minutes entre les Kinder Bueno et les Kinder Maxi.

Je décide finalement de prendre un pack de bière.

Dans les allées, y’a un gars avec un manteau marron qui me regarde bizarrement. Il est suspect. Il a pris une équerre. Genre juste ça.

Aucun adulte n’achète une équerre. C’est un outil qui n’a jamais eu d’utilité dans la vraie vie. Comme les compas. Ou le fil dentaire.

Le gars avec le manteau marron n’a aucun aliment dans son panier.

Je n’ai jamais vu Mia manger quoique ce soit. Est-ce ce gars est comme elle ?!

Le gars n'arrête pas de me mater avec un air bizarre. Pourquoi ? Parce que j'arrête pas de le mater avec un air bizarre ?

Ok, ça se tient.

Je passe à la caisse. Le gars avec le manteau marron est juste derrière moi. Il me suit en fait !

Bon ok, y’a qu’une caisse de libre mais quand même...

Je rentre chez moi en vérifiant bien que le gars au manteau marron ne me suit pas. Il a changé de direction. Je me calme. Mais pas trop.

Avant j’avais peur uniquement chez moi. Maintenant, j’ai peur partout.

Je reçois un sms d’Aude. Elle veut parler. Chez moi.

Hum.

Je range un peu mon appart. C’est la première fois qu’Aude vient chez moi depuis la crémaillère de l’angoisse.

Mais je ne suis pas excité. Loin de là.

Je commence à m’inquiéter. Pourquoi est-ce qu’elle veut venir chez moi d’un coup ? Et si… elle aussi ?

Oh non...

Est-ce que Mia l’a changé en suiveuse ? Est-ce qu’elles ont couché ensemble ? Mon cerveau m’envoie des images qui me font froid dans le dos et chaud dans le slip.

On sonne chez moi. J’aurais dû refuser. C’est trop tard. Merde.

Aude rentre et s’assoit sur mon canapé. Mais ouais, fais comme chez toi !

Non, c’est pas cool. Elle a rien fait.

Pour l’instant.

Aude: Je suis perdue...Faut que tu m’expliques un truc là.
Moi: Ok.

Je sais ce qu’elle va dire. J’ai tout prévu.

Aude: Ton histoire sur twitter.
Moi: Oui.
Aude: C’est une fiction.
Moi: Oui.
Aude: Mais dans le dernier thread, tu dis que tu me mens.
Moi: Oui.
Aude: Donc tout est vrai ?!
Moi: Non. Justement.

Aude: Explique.
Moi: Si je mens dans la fiction, c’est que je dis la vérité dans la vraie vie.
Aude: Explique mieux.

"C'est très simple. Dans le dernier thread, je te mens parce que c’est plus intéressant que la vraie vie où je te dis la vérité qui était en fait fausse parce que j’ai menti. Voilà."

Aude: Tu fais exprès de m’embrouiller.
Moi: C’est complexe. Je l’admets.
Aude: Et ce que je dis là maintenant, tu vas le raconter sur twitter ?
Moi: Oui. Mais je dirai que je te mens. Ne sois pas surprise.

Aude: Pourquoi tu fais ça ?
Moi: Je te l’ai dit. Je vais pas bien. Ecrire sur twitter, ça m’aide.
Aude: Tu pourrais pas écrire autre chose ?
Moi: Je dois finir ce que j’ai commencé.

Aude: Du coup...est-ce que je dois avoir peur ?
Moi: De toute façon, tu déménages bientôt, non ?
Aude: Oui. Enfin. Pas immédiatement.
Moi: Le plus tôt serait le mieux.

Aude me lance un regard. Elle ne dit rien. Elle essaie de me sonder. Je fais tout pour ne rien laisser transparaître.

Je suis Poker Face level Kristen Stewart

Cet échange de regard est très douloureux pour moi. Ce n’est pas comme Mia qui essaie de prendre le contrôle sur moi. Avec Aude, c’est différent. Elle est inquiète pour moi. Et pour elle forcément.

Je vois ses yeux briller. Elle veut pleurer. Mais elle ne peut pas se le permettre. Alors elle dit juste...

“Ok.”

Elle se lève et elle part.

Les jours d’après, je reprends le boulot avec Mr K.

Il est toujours silencieux, préoccupé. Ses tutos de merde me manquent.

Puis un jour, j’en ai marre. Alors qu’on sort le conteneur poubelle dans la rue, je l’attrape par le bras.

“Est-ce qu’ils sont partout ?”

Mr K: Quoi ?

Il me lance un regard mi-perplexe, mi-effrayé. Il a totalement compris la question.

Moi: Des gens comme Mia...Y’en a beaucoup ?

On est en pleine rue. Loin d’elle.

Et pourtant, il regarde autour de lui.

Puis il chuchote un truc.

Moi: Hein ?
Mr K: psh psh psh psh psh pshi…
Moi: J’ai rien compris.
Mr K: Ils...psh psh psh psh…
Moi: Soit vous me dîtes rien. Soit vous me dîtes un truc. Faut choisir.

“Ils se font appeler Les Supérieurs…”

Moi: Combien y’en a ?
Mr K: Beaucoup…
Moi: Vous en avez vu d’autres ?
Mr K: Oui...

Et là, ses yeux s’agrandissent. Il est pris d’une sorte de crise de terreur. Il ne bouge plus. Je regarde derrière moi.

Personne.

Moi: Qu’est-ce qu’il se passe ?
Mr K: Elle...je dois y aller.

Je crois comprendre ce qu’il se passe...ça me paraît impossible.

“Elle vous parle ? Dans votre tête ?”

Mr K me lance le même regard de terreur. C’est donc ce qu’il se passe...putain.

Mr K marche d’un pas rapide vers l’immeuble. Je le suis. Il me voit. Il accélère le pas. J’essaie de le rattraper.

Il marche vite le salaud.

On rentre dans le hall. Il ralentit d’un coup. Je fais de même. Il sort les clés de chez lui et ouvre sa porte. J’essaie de voir ce qu’il va faire mais il me claque la porte au nez.

Il ressort 10 secondes après. Il tient quelque chose dans son dos. Je sais ce que c’est. Une poche de sang. Il me regarde d’un air terrorisé.

“C’est la dernière…”

Mr K grimpe les escaliers vers le premier étage. Je reste en bas. Je l’entends frapper.

Mia ouvre rapidement sa porte puis la referme encore plus rapidement.

Mr K redescend. Il n’a plus la poche de sang. Il rentre chez lui sans me regarder.

“Je vous libère de votre journée…” Il claque la porte.

Je rentre chez moi. Je repense à ce qu’il vient de se passer. Je dois prévenir Aude. Vite. Je lui envoie un message.

Finis l'ambiguïté. Je lui dis juste

“Déménage. Vite”.

Message distribué.

Je vois “Lu” en dessous du message. Good.

Mais elle ne répond pas. C’est pas grave. Pas besoin de réponse.

Mais j’ai envie d’une réponse ! Putain. Je deviens fou. Tout ça à cause du “Lu”. Je le vois qui me nargue ! JE T’EMMERDE LU !

J’ai besoin de boire. Mais j’ai plus de bière. Quand je pense qu’il y a pas longtemps, je refusais de boire seule.

Maintenant, je fais que ça...

Je descends à Franprix. Je ne fais même plus semblant d’hésiter au rayon gâteau. Je vais direct au rayon alcool.

Les bières ne vont bientôt plus suffire. Je vais devoir passer aux alcools forts. Ceux qui sont derrière la vitrine que seuls les caissiers peuvent ouvrir.

Et quand les caissiers commenceront à me juger, je changerai de magasin. Oui, j’y ai pas mal réfléchi.

Ma vie est hors de contrôle mais mon alcoolisme est ultra-planifié.

Je suis toujours au rayon de bière en train de phaser. Un gars entre dans ma vision périphérique. Il se colle à moi. Trop près. Je peux le sentir.

“Ne vous retournez pas”

Je me retourne.

C’est le gars au manteau marron. Monsieur Equerre.

Moi: Pardon ?
Lui: Quoi ?
Moi: Vous m’avez parlé ?
Lui: Non.
Moi: Mais si.
Lui: Mais non.

Je vous jure qu’il m’a parlé. J’ai senti son souffle dans ma nuque.
Mais le gars me regarde comme si c’était moi le fou.

Il doit avoir 40 ans. Une tête qui n’inspire pas le fun. Et son regard est glaçant.

Il cache un truc dans la grande poche de son manteau. Oh merde.
Et s’il me poinçonnait avec une équerre ?

LA MORT NULLE !

Je me dis que la meilleure chose à faire, c’est de l’ignorer. Je prends mon pack de bière comme un client normal qui n’a pas envie de chier dans son froc.

“Ne parlez à personne. Ne tentez rien.”

Moi: QUOI ?
Lui: Quoi “quoi” ?
Moi: J’ai vu vos lèvres bouger. Vous m’avez parlé !

Le gars est vraiment véner là. Mais moi aussi.

Moi: Laissez moi tranquille.
Lui: Calmez-vous…
Moi: Vous êtes avec eux hein ?

“Je ne suis pas avec eux, XXXXX”

XXXXX c’est mon nom. Le gars a dit mon nom !

Alors mon nom n’est pas XXXXX, vous l’avez compris. Je suis pas le cousin de Xander Cage. Alors pour ceux qui connaissent pas...Non mais on s’en fout !

Bref, le gars a dit mon nom et je le connais pas. À ce moment-là, je commence à avoir vraiment peur. Et à réfléchir à 100 000 à l’heure.

Option 1: Je le défonce.
Option 2: Il me défonce.

Sachant que le gars est plus grand que moi...l’option 1 risque de se transformer en option 2.

Je réalise alors que je suis dans un lieu publique. Il ne peut rien m’arriver. Je lui tourne le dos et je vais payer mes bières à la caisse. Comme un prince.

Par contre, dès que je sors du magasin. Je pars en courant. Pas comme un Prince.

JE LE SAVAIS ! Il était bizarre ! Ma théorie de l’équerre se confirme. Mais c’est qui ce gars ?!

Je rentre chez moi. Je suis encore chamboulé. Et essoufflé. Mr K a raison, je fais pas assez de sport.

Je fais alors la chose la plus logique à faire après un moment de terreur pareil.

J’ouvre une binouze.

Evidemment, comme j’ai couru, la bière m’explose au visage comme un bukkake mousseux.

Je bois une bière. Puis une autre. Puis une autre. Puis une autre.

La bière, ça se boit comme des chips.

Je m’endors vite. Et ça fait du bien.

Le lendemain, je me réveille avec mal à la tête.

Et un affreux doute.

J’ai rêvé de bruits bizarres. Des trucs qui bougent au loin. J’ai aussi rêvé d’un cri. Un cri de fille.

Sauf qu’ici, les rêves sont souvent pas des rêves. Je commence à comprendre.

Non...putain. Pas ça.

Toujours en pyjama, je sors de chez moi et je dévale les escaliers.

Je frappe chez Aude.

J’entends quelqu’un à l’intérieur. Quelqu’un qui hésite à ouvrir.

La porte s'ouvre.“Désolé...elle a déménagé.”

C’est Mr K. Il tient des sacs poubelles.

La suite dans le THREAD 12 ⬇️

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