Thread by @LarrereMathilde

12 avril 1803, Napoléon restaure le livret ouvrier. Une vraie saloperie !

1)le livret enlevait aux ouvriers la seule liberté qu’ils avaient gagné de la révolution fr, celle de quitter un emploi comme bon leur semblait…
Comme à la fin de l’Ancien régime, ils devaient se munir de ce livret, visé par le patron à l’embauche

2)Le livret donnait les noms, prénoms, domiciles, ainsi qu’une description physique et les qualifications
Lorsque l’ouvrier souhaitait changer de commune, il devait faire viser son livret par le maire et notifier sa destination

3)Pris sans livret, un ouvrier était considéré comme un vagabond, arrêté… et il pouvait être puni d’1 à 3 mois de prison (peu appliqué)

4)Un page du livret rappelait bien aux ouvriers qu’ils n’avaient pas le droit de « coalition »(c’est à dire de grève »)
Le patron pouvait aussi y consigner ses appréciations, signaler un ouvrier « indocile », privant ainsi l’ouvrier de chance de nouvelle embauche

5)Voilà qui livrait l’ouvrier au bon vouloir du patronat…

6)Le livret est étendu aux femmes en 1854.

7)D’une certaine façon, ce livret est un des premiers papiers d’identité obligatoire, visant uniquement la classe ouvrière
C’est un instrument de contrôle social qui visait explicitement l’une des résistances ouvrières : le turn over

8)En effet, privé de droit d’association et de grève, les ouvriers pouvaient jouer de l’insuffisance de la main d’œuvre pour établir un rapport de force
Les patrons qui souhaitaient garder une main d’œuvre plutôt rare étaient contraints d’améliorer les conditions de travail

9)Pour un ouvrier qualifié, recherché, cette liberté de mouvement pouvait l’aider à construire un rapport de force.

C’était éminemment plus difficile avec le livret ouvrier.

Napoléon voulait « domestiquer le nomadisme ouvrier »….

10)Le livret ne fut supprimé qu’en 1890 et remplacé par le certificat de travail

les patrons se mirent à faire circuler des listes noires de syndicalistes...