Thread by @otselyal

Actuellement, je suis en thérapie EMDR. Il faut dire que je coche/ais à peu près toutes les cases du syndrome de stress post-traumatique... et que chaque fois que l'on me remet devant lui (*) le SSPT est ravivé. D'autres situations provoquent des symptômes, parfois forts.

(*) ses droits parentaux, soulignés et re-soulignés et évidemment conservés même au-delà de ses désirs par la justice, lui permettent de garder un contact très régulier ; non qu'il se soucie de ses enfants, mais surtout de ses objets, moi incluse, désormais hors de sa vue

Lorsque j'ai rencontré ma psy pour la première fois, j'étais en grande souffrance avec des reviviscences affreuses. Ces parasites. Le travail est plus large que "quelques épisodes", parce qu'il y a mille choses gravées, parfaitement intactes, qui me pourrissent la vie.

Voir ses collègues et les personnes portant le même uniforme que lui ravive invariablement des souvenirs difficiles. Les lieux où ces gens travaillent, les véhicules siglés, aussi. C'est insupportable. Au quotidien, je crois que c'est difficile d'imaginer à quel point ça mine.

Etre regardée par, puis parler avec un homme ; m'allonger sur le ventre ; dormir avec la porte de la chambre non verrouillée ; font partie des choses qui ont été insupportables un moment à cause de cela provoquait en moi.
Je n'ai pas fini de travailler sur d'autres choses.

Il y a sa voix, une expression de son visage, sa démarche, des odeurs, des sensations. Des lieux, des situations. Des mots.

Je veux dire, des mots tout le temps. Pas des mots de trop dans une dispute où les deux en disent trop. Des mots tout le temps. Sans me laisser de place, d'espace, de respiration, de parole. Des mots qui occupent tout, qui coupent tout, qui envahissent.

"T'es rien sans moi."
"Je te loge et je te nourris, tu pourrais me satisfaire."
"Je gagnerai tout, j’aurai ce que je veux, tu perdras tout."
"Les enfants, vous verrez, papa aura tout."
"Papa c’est celui qui donne les ordres."
"Tu ne parleras pas, parce qu’on ne te croira pas."

"J’ai bien plus de témoins que tu le crois."
"Pour te tuer du 4e étage, faut que tu sautes tête la première. Je les ramasse les cons qui se ratent."
"Regarde ta mère, elle s'occupe pas de toi, elle est par terre à pleurer."
"Tu verras, t'aurais dû te buter."

"Tu branles rien, moi j'ai un travail."
"La loi c'est moi."
"Je te traite comme une princesse, fais-moi une pipe au moins."
"Je sais comment ça marche, je suis pas assez bête pour laisser des traces."
"Je suis gentil de rester avec toi. Personne d'autre pourrait te supporter."

J'étais noyée par l'abondance et j'avais fini par adhérer au discours. Mais sont restées des parasites de mon présent des scènes où j'avais peur, sans pouvoir rationnaliser, que ça aille plus mal encore. Et que quelque chose arrive devant les enfants.

Il y a des reviviscences de viols. Parce qu'il ne me voyait pas assez à son goût. Pour fêter le cadeau qu'il venait de me faire. Pour me montrer qu'il était le meilleur. Parce qu'il avait envie, c'était tout.
Il y avait quelques habitudes.
Ces odeurs. Ces sensations. Ces mots.

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