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вик @otselyal
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Quand j'ai décidé que je devais partir du domicile et que je ne pouvais pas revenir, j'ai été prise ne charge, sans le savoir au début, par l'association d'aide aux victimes. Et mon médecin traitant -et son interne de l'époque, beaucoup.
J'ai eu d'autres intervenants, professionnels de santé et travailleurs sociaux. J'étais tellement isolée, dans la bulle de mensonges, que le secours ne pouvait venir que de dehors.
Le suivi de mon médecin traitant a été régulier. Avec un SSPT bien cogné, j'ai eu besoin d'ajouter des consultations aux séances de psychothérapie... et même des hospitalisations. (Non, ce n'est pas honteux, mais mon ex fait croire que ça l'est et : guess what, ça marche.)
Le suivi par l'association a été tout aussi régulier. La psychologue et, au tout début, la juriste : mais je ne voulais pas me dire victime, alors je ne voulais pas du tout entendre une juriste me dire que je l'étais. La psy, elle, attendait que je sois mûre.
Deux ans et demi, elle a attendu.
Ca s'appelle la patience. Et la bienveillance.
Pendant ce temps, le divorce avançait tant bien que mal et mon ex obtenait gain de cause à chaque demande, et même plus, avec un argument de taille : "Monsieur est [membre des forces de l'ordre]". Oui oui oui. Malgré des pièces qui démontraient ce que je disais.
Du coup, renforcé dans tout ce qu'il faisait et disait, il continuait sa violence. Psychologique, avec du harcèlement dedans, sur moi et sur les enfants, sur les enfants pour me faire passer des messages, en pervertissant les relations et la communication. Et économique.
Tout ça grâce au JAF.
Au début, à la séparation, j'ai été placée en hébergement d'urgence. C'est pas les vacances un hébergement d'urgence. On se réveille pas un matin en se disant ohlala tiens si j'allais en hébergement d'urgence ? Non. Même si mon ex a fait croire ça.
Y'a que les con(plices de violence)s qui y croient, mais quand ils ont du pouvoir, que voulez-vous.
Mon ex avait décidé que je devais revenir chez lui, alors pour me faire revenir il a gardé les enfants en otages. Pourtant, devant le JAF il a dit que pfioulala ça coûte trop cher les enfants, alors que Madame elle les gardait gratuitement.
Mais tant que je ne revenais pas, il ne voulait pas que j'aie la garde. Et comme je n'allais vraiment pas revenir et qu'il allait devoir payer beaucoup trop cher pour la vie quotidienne de deux enfants, il a dit que bon, il me laisserait la garde quand j'aurais mon HLM.
Soi-disant, tout ça dans l'intérêt des enfants.
Y'a que les con(plices de violence)s qui y croient, mais quand ils ont du pouvoir, que voulez-vous.

Le JAF a accepté. Tout. Il a même filé ma voiture, mon seul bien, à mon ex, pendant tout ce temps.
Ce qui a fait que moi, en hébergement d'urgence, j'ai dû payer des centaines d'euros de trains pour voir mes enfants. Et alors le mieux : j'étais condamnée à les voir sous le toit de mon ex. Parce que le JAF, il a considéré que le harcèlement c'était du jeu.
(Et qu'une fois qu'il m'a dit ça dans son bureau alors que j'étais au bord des larmes, sous anxiolytiques et que je craignais de me faire buter, bah j'ai pas parlé du reste. Surtout qu'à ce moment-là, je refusais de dire victime-violences, et encore plus viols.)
Pendant 4mois environ, j'ai été condamnée à sortir de l'argent que je n'avais pas (RSA pas encore ouvert, économies perdues ds le mariage, plus aucun droit CAF -hébergement urgence = SDF-, pas de CMU -10 mois pour l'avoir-, devoir de secours ridicule = loyer symbolique du foyer)
pour avoir le droit de voir mes enfants pendant les heures soi-disant accordées par le JAF mais en réalité accordées par mon ex, quand ça l'arrangeait. Et ça l'arrangeait quand il pouvait me harceler sexuellement...
Parce que c'était là le truc très pervers. Je devais aller chez lui, dans l'entourage dont j'ai déjà parlé, dans les murs que j'ai fuis en courant et en voulant mourir, et je devais supporter sa présence et ses mots.
"T'as un beau cul. Je t'enfilerais bien."
"Tu perds du poids, tu redeviens baisable."
"Tu pourrais manger en face de moi, je suis sympa quand même."
"Si t'étais tombée sur un vrai con il t'aurait tuée."
"Tu vas tout perdre."
"Tu veux pas dormir avec moi comme au bon vieux temps?"
Sans arrêt. Sans arrêt. Sans arrêt.
Devant les enfants.

Dans l'intérêt des enfants, donc.
Y'a que les con(plices de violence)s qui y croient, mais quand ils ont du pouvoir, que voulez-vous.
Je racontais. Aux psys, de l'asso et en-dehors, et à mon médecin traitant. On me disait "allez déposer plainte !" et je ne répondais même pas. Où est-ce que j'aurais déposé plainte ? Là où il bosse ? Et j'aurais reçu quoi comme accueil ?
Allez, je fais une digression pour spoiler la réponse. Je l'ai eue en août 2017, la réponse. Je devais faire enregistrer une main courante contre mon ex, pour un motif qui n'aurait pas été recevable en plainte mais qui devait, absolument, être porté à la connaissance du procureur
qui avait sur son bureau un dossier déjà ouvert depuis mars, avec des dépositions très détaillées sur les différentes violences dont les viols (mais toutes les autres aussi) et une plainte concernant une partie de ces violences. Il fallait informer d'un souci lié aux enfants.
Je suis allée, en citoyenne normale, sur le lieu qui enregistre ce genre de choses. Qui se trouvait être celui où mon ex travaille, puisque je n'avais pas encore été contrainte de fuir, même si la réflexion était bien avancée à cause de menaces de mort.
J'ai été accueillie par des regards insistants. Et même trois personnels qui se sont arrêtés net en me voyant, pour me dévisager et sourire en coin. Bien entendu, on m'a méprisée comme on méprise beaucoup de femmes qui viennent pour dénoncer leur (ex)conjoint. Mais puissance 10.
On m'a fait répété le motif de ma venue, dans le hall, trois fois, en détails, en me demandant de me calmer quand c'était mon interlocuteur qui s'énervait sur moi car je n'avais pas le droit de déranger ces honnêtes travailleurs pour... ben leur demander de faire leur travail.
Un des trois mecs a dit "oh ça va, enregistre-le, ça prend dix minutes". Mais les deux autres avaient décidé que non. Ils m'ont fait attendre une demi-heure, pensant que j'allais partir. Mais je n'étais pas venue seule, je suis restée. Ils ont fini par me recevoir dans le bureau.
Celui qui m'a reçue, l'OPJ du jour, a commencé par se plaindre de son ex-femme totalement folle, et de sa journée aussi, avec des gens agressifs tout le temps, et puis bon, pfff, venir au travail c'est un effort vous voyez. Il a fait croire qu'il essayait d'enregistrer mes propos
dans l'ordinateur, alors qu'il était en train d'aller sur facebook prévenir mon ex que j'étais là et qu'il gérait la situation (très finot, il me l'a carrément dit à la fin... ajoutant "bah oui on est amis ! Je lui ai dit que vous portiez pas plainte, hein").
Pendant qu'il n'enregistrait rien, il me montrait qu'il savait qui j'étais et de qui je parlais, sans que j'aie eu à donner aucun nom. Et il appelait le gradé de permanence, pour que je me fasse sermonner par téléphone devant lui.
Je me suis retrouvée à écouter le gradé de permanence hurler dans le téléphone collé à mon oreille gauche, pendant que l'OPJ du jour discutait en riant sur facebook avec mon ex sur ma droite. En substance, le gradé m'expliquait que jamais ils ne feraient rien contre mon ex,
"vous imaginez l'ambiance de travail après ?" et que mon ex pourrait se venger sur eux de faire un truc contre lui (ah tiens, je croyais qu'il était pas violent ?!?), que j'inventais des faits, qu'ils seraient inquiets seulement si mon ex n'était ni des forces de l'ordre ni blanc
mais que là franchement ils n'allaient engager aucun moyen pour moi, contre lui. Dans le même temps, l'OPJ en face riait avec mon ex sur facebook et m'expliquait que pfiouilala faudrait aller ailleurs, mais ça va faire tard maintenant, alors bon, et en plus les femmes... ahlala.
Il a demandé à mon ex d'appeler sur le lieu de travail pour me parler. Le gradé, lui, hurlait qu'il allait "régler les choses à l'amiable si j'étais moins obstinée à chercher les problèmes contre eux et que si je les cherchais je m'en souviendrais". Mon ex a appelé. Il riait.
Le gradé, l'OPJ et mon ex ont ri sur ma gueule pendant plus de trois quarts d'heure. Ma main courante n'a jamais été prise. Je suis sortie, avec mon accompagnante, nous étions démontées.
Voilà l'accueil que j'aurais reçu si j'avais suivi les bons conseils du médecin etc.
Alors : gardez-vous de vos bons conseils, quand il y a ce genre de conflits d'intérêts. Merci. Digression close.
Les conseils de porter plainte ont continué, de la part de mon médecin traitant, qui ne connaissait rien à la justice mais qui était persuadé que déposer plainte était à la fois thérapeutique et un arrêt net des violences (lolilol). L'asso ne m'a plus conseillé la plainte :
elle travaille tous les jours avec le système police-justice, elle savait parfaitement à quoi je m'exposerais. Par contre, elle me soutenait, tout le temps, et c'était précieux.
Quand j'ai accepté de dire victime et de dire victime de viol, j'ai reconsidéré l'idée d'une plainte. Pas pour une thérapie (et : j'ai raison), mais parce que c'est un crime (n'en déplaise au gouvernement et à la justice).
J'en ai parlé à mon médecin, parce que ça me travaillait, il a encouragé, j'ai arrêté de lui en parler. J'ai repris le brouillon de plainte que j'avais débuté un an avant, puis laissé, puis repris, puis laissé... et j'ai renoncé encore.
En même temps, une décision dans le divorce a fait exploser mon ex, et j'en ai parlé à mon médecin, et j'étais particulièrement anxieuse, et il m'a dit d'aller porter plainte parce que ça arrêterait tout ça (lolilol). J'ai dit non.
Et puis j'ai eu besoin de plusieurs semaines pour prendre soin de ma santé somatique, ça a calmé mon médecin. Qui est revenu à la charge tout de suite après. J'ai dit non.
Ma fille aînée dessinait son père m'enfermant ou me fliguant, j'en ai fait part à quelques personnes dont le médecin, parce que quand même. Ma cadette a un jour décidé de dire à l'interne que papa va taper/tuer maman, parce que quand même.
Ca n'avait rien, mais alors RIEN de nouveau. Il en était même arrivé à menacer de me tuer si elles renversaient un verre d'eau chez lui. Et je racontais tous ces propos à mon médecin, et aux psys, depuis le début, donc ça n'avait rien de nouveau.
Certaines personnes avaient entendu aussi les enfants rapporter ça, mais n'avaient pas voulu intervenir. Papa est [membre des forces de l'ordre], faudrait pas se le mettre à dos. Papa présente très bien, en plus.
(genre, je ne suis pas au courant des apparences lisses et superbes et surtout trompeuses et manipulatrices de mon ex...)
Mais là, ça a mis le feu aux poudres. Celles dans mon dossier médical. Mon médecin est allé voir des forces de l'ordre. Malgré son acte que je ne cautionne pas, il a pris soin d'aller voir celles pour qui mon ex ne travaille pas, et c'était bien.
Je lui ai dit non, je lui ai dit stop, j'ai voulu qu'il prenne conseil à l'association d'aide aux victimes pour mesurer ce qu'il faisait et engagerait, j'ai pleuré pour qu'il ne le fasse pas. Il l'a fait quand même.
C'était le mauvais moment : l'étape du divorce m'obligerait à informer a minima mon ex (par avocat interposé), personnellement j'étais encore douloureuse de mes soucis somatiques, et professionnellement j'avais des projets qui ne verront jamais le jour à cause de tout ça.
Mon médecin a raconté ma vie aux forces de l'ordre. Mon histoire. Du moins, ce qu'il en avait récolté au fil des consultations durant deux ans et demi/trois ans, et ce qu'il avait déduit ou vu...

Alors, en mars 2017, j'ai été convoquée à mon tour.
J'ai raconté. Plus de 6heures.
J'ai renoncé à porter plainte, parce que j'avais reçu des intimidations-chantage-menace de l'avocate de mon ex. Mes filles ont été convoquées mais n'ont pas parlé, car papa avait menacé de me tuer si elles parlaient ou dessinaient encore. Mais moi, j'avais raconté...
Du coup, en suivant, une expertise psychologique a été ordonnée sur moi et sur mes enfants.
La violence de raconter, qui a ravivé un SSPT de dingue, et la vie à continuer pour les enfants, ont fait que j'ai décidé de ne pas trop m'occuper de tout ça et de laisser l'enquête débuter, ou pas, sans m'en inquiéter.
Sauf que l'ex, pas content du tout, a créé une pression incroyable sur les enfants et, par ricochet ou pas, sur moi. Il voulait savoir où ça en était, il voulait contrôler, il voulait qu'on se taise. Surtout, qu'on se taise. Au bout de plusieurs semaines, c'était insupportable.
La surveillance (lui, ses collègues), la pression sur les enfants, les menaces, tout était insupportable. Je me disais qu'il valait mieux porter plainte. Puisque les faits étaient déjà décrits. Pendant que je me disais ça, une psy que j'avais vue pedant quelque temps m'appelait :
"Je crois que votre ex est en train de chercher des renseignements sur vous, j'ai été appelé par un [membre des forces de l'ordre] qui veut me voir à votre sujet."
C'était bizarre. Moi, j'avais parlé aux autres forces de l'ordre...
Et puis les psy, ça a un secret pro...
Bizarre.
Alors, effrayée, j'ai appelé la personne qui m'avait auditionnée. De toute façon, je voulais porter plainte (contrairement à ce qu'annonçait le monsieur qui contactait les gens, il n'y avait pas encore de plainte), c'était bien de pouvoir la rappeler.
"Le dossier n'est plus chez nous. Il a été récupéré par [forces de l'ordre de mon ex], mais bon c'est pas son service. Vous ne pourrez pas porter plainte chez nous, le proc ne veut pas."
La claque dans la gueule.
Non seulement j'avais fait confiance et j'avais tout raconté. Mais en plus, la personne ressource si on me refusait ma plainte était en fait celle qui interdisait qu'on me la prenne. J'avais obligation d'aller voir les collègues de mon ex.
Pas son service, non, mais le même uniforme, la même hiérarchie, le même tribunal, et ... plusieurs jours par semaine, la même ville (la même adresse, donc). Alors, on peut me prendre pour une grosse débile, faut pas exagérer non plus.
Je découvrais ça alors que je voulais enfin franchir le pas de la plainte, et les gens qui étaient contactés étaient dans le flou quant à la personne et à la raison de son contact. Les pros de santé étaient aussi enjoints à briser le secret professionnel, ce que certains ont fait
(et ça, j'y reviendrai, parce qu'il y a eu de grosses erreurs, et qu'il conviendrait qu'elles soient un jour sanctionnées, mais comme pour le reste hein...)
Paniquée, incapable de porter plainte auprès des collègues de mon ex, et à raison (cf les tweets d'hier soir dans ce thread), en juin 2017, soit quelques mois après mes auditions, je vois une juriste à l'association d'aide aux victimes et lui explique le changement d'institution.
Sa première réaction : WTF ??? Sa deuxième réaction : elle a appelé [l'institution employeuse de mon ex] que je lui désignais comme nouvelle institution enquêtrice, pour avoir confirmation qu'il y avait bien eu cette saisie surprenante.
J'ai dit "il appelle les gens, il est forcément officiellement dessus", et sa réponse m'a donné la nausée : "On peut s'attendre à tout et il faut d'abord écarter qqun qui n'a aucun mandat, voire n'existe pas, qui appelle pour votre mari, c'est vraiment bizarre ce qui se passe."
Au début, avec l'institution au téléphone, elle a donné mon nom et celui du mise en cause, ils ont dit ah nonon y'a pas d'affaire en cours sur lui chez nous, on le saurait quand même. J'ai eu envie de pleurer. Elle a insisté, elle refusait de raccrocher s'ils ne vérifiaient pas.
Ils lui ont dit de rappeler dans 30 min le temps d'aller voir si un dossier existait. Une interminable demi-heure où elle a remonté mon dossier dans l'association, ce parcours de plus de deux ans et demi à leurs côtés où ils s'étaient passé mille choses. Elle était bienveillante.
Puis le couperet est tombé sur moi : oui, le dossier était bien entre leurs mains, et ils n'en diraient rien (en revanche, ils ont contacté la psy de cette association, qui me suivait donc depuis plus de deux ans et demi, pour lui demander de briser le secret pro en audition).
(non, elle, elle ne l'a pas fait : faites confiance aux réseaux d'associations que sont FranceVictimes et SolidaritéFemmes)
La juriste a halluciné. J'ai halluciné. Ma psy a halluciné. Mon médecin était tout content. Il était au courant, me l'avait pas dit (il m'avait rien dit de ce qu'il violait du secret médical et on ne pourra estimer que plus tard si c'était réellement dans mon intérêt de le faire)
persuadé qu'il était que son acte était un acte limite soignant, thérapeutique dont je devais me saisir. Ignorant, malgré mes mots et mes larmes, de la violence dans laquelle il venait de me balancer. En refusant depuis ce moment de me soulager médicalement.
J'ai contacté une avocate, pour lui demander de m'aider à porter plainte par écrit. Mais l'aide juridictionnelle, qu'elle aurait très tard dans le dossier, ça paie des cacahuètes, alors elle m'a dit d'aller à [forces de l'ordre de mon ex] porter plainte physiquement.
Les autres avocats locaux n'ont pas voulu se mouiller face à un [membre des forces de l'ordre] qu'ils pourraient tout à fait voir lorsqu'ils iraient défendre un client en garde-à-vue.
On m'a trouvé un avocat qui n'avait pas de conflit d'intérêts avec les forces de l'ordre locales et qui acceptait de mouiller la chemise pour rédiger une plainte correcte et faire le reste si reste il y avait. Il a rédigé.
En juillet 2017, il a envoyé une plainte en mon nom, pour une partie des violences que je dénonçais en audition. Il avait fait un travail de qualité qui m'a donné de l'espoir (oui, c'est stupide, l'espoir c'est assez souvent stupide dans ces affaires), et il m'avait entendue.
Il avait même pris soin, contrairement à ce qu'on me fera croire plus tard en audition, de sous-entendre que j'avais bel et bien dénoncé des viols même si je ne portais pas plainte dans ce courrier contre ça, parce qu'il connait son job et qu'il ne fallait pas nier ça.
Je gardais la possibilité de porter plainte plus tard, pour ces faits que l'on m'avait fait décrire avec précision dans les premières auditions.
Dans l'immédiat, je voulais que l'on décide de protéger mes enfants.
Evidemment, j'ai échoué. Lamentablement.
Comme chaque fois que j'ai espéré que l'on nous protège depuis ma séparation. L'uniforme dans un tribunal, servi à toutes les sauces dans les conclusions de son avocat à lui, ça en jette. Appuyer en plus sur le fait que je suis une sous-merde désormais précaire, combo gagnant.
Après l'incident avec les collègues de mon ex, en août 2017 donc, une professionnelle a évalué ma situation et m'a conseillé de déménager loin. Pour ma sécurité et celle de mes enfants. J'ai obtenu un nouvel HLM loin, pleurant de quitter nos habitudes, l'école, les paysages.
N'en déplaise à la justice, tout quitter avec deux enfants, en trois semaines, sans pouvoir le dire donc demander de l'aide, deux ans après avoir obtenu un premier HLM après 4 mois de foyer, et à cause des menaces de mort, ça n'est pas de la convenance personnelle. C'est SUBI.
Pas eu le temps d'informer le proc de mon départ et de ma nouvelle adresse (je voulais d'abord rencontrer les successeurs associatifs qui allaient m'aider) que j'étais contactée pour être convoquée en audition dans la ville que j'avais fuie. Par un homme au courant de mon départ.
Audition en novembre. Cauchemardesque pour le SSPT que ça provoquait, pour toutes les images et sensations que ça faisait remonter... et tous les mots entendus face à moi... Où je confirmais quand même la plainte initiale et la complétais. Cette fois, les viols.
C'était inutile sur le plan procédural, parce qu'il n'en répondra jamais, de ces crimes (pendant qu'il écoute des plaintes sur ça et les raconte en rentrant avec commentaires sur la plaignante...), mais symboliquement pour moi c'était très important. J'ai porté plainte. ENFIN.
Les effets secondaires d'une telle audition et d'une telle plainte dans l'institution même où mon ex travaille et a tous ses repères, est parfaitement à l'aise alors que j'y subis mon SSPT à un niveau inimaginable, ont été terribles. Et ignorées par tou-te-s, évidemment.
(mais je reviendrai sur les jours et semaines qui ont suivi ce jour-là, pour essayer de dire à quel point je n'ai pas fait tout ça "pour lui nuire" ou "pour m'amuser" ou "pour de la communication" (sic))
En suivant, mon ex a montré que comme les autres fois, il était au courant de tout. Il n'était pas au courant comme quelqu'un qui sait comment fonctionne une enquête (on a voulu me faire croire à sa naïveté, lolilol, j'ai vécu avec lui hein les mecs), ou en fonction de ce que
le dossier de divorce impose qu'on utilise (ce n'était pas dans mon intérêt, je le redis parce qu'on m'a accusée de calculer le moment de porter plainte, alors que tout ça, parti de mon médecin justicier, a été fait au pire moment pour moi et pour mon divorce). Non.
Il était au courant comme quelqu'un qui enquête sur le dossier.
Evidemment l'institution enquêtrice, où il travaille, les locaux où se trouve tout et notamment les collègues qui écrivent, regardent, interprètent, interrogent les gens qui ont peur d'une vengeance mais (par)jurent qu'il est un ange, elle dit qu'il y a zéro contact.
On me prend tellement pour une buse. Mais tellement. Comme l'OPJ qui riait sur facebook avec mon ex pendant que le gradé me hurlait dessus au téléphone (et ils se sentent tellement, mais tellement, dans l'impunité qu'ils le disent...).
Comme si je ne savais pas comment fonctionnent les relations entre collègues, entre familles de collègues, et comme si moi-mêmeje n'avais jamais assisté à des ruptures totales de secret professionnel,
comme si je ne connaissais pas les malheurs de personnes que je voyais dans mes anciennes villes.

Mon ex était, et est toujours d'ailleurs, au courant de tout en temps réel. Presque avant moi, voire totalement avant moi parfois. Ce n'est pas à moi de savoir comment.
Mais je le sais. Ce n'est pas une hypothèse. Même pas de la paranoïa. Je le sais parce qu'il ne s'en cache pas, parce qu'il s'en sert même pour menacer mes enfants et me menacer de mort en passant par elles. Pour me faire passer des cadeaux par elles, quand l'enquête débutait.
(je reparlerai des cadeaux, don't worry)
C'était évident, tellement évident, que ça se passerait comme ça. C'était évident dès qu'on m'a appelée disant "de tte façon on gardera le dossier, faut pas rêver" alors que je n'avais encore demandé à personne si à un moment il était possible que ce soit pas ses collègues dessus
C'était évident quand j'ai su que mes auditions avaient été données à des gens. C'était évident quand j'ai su que les personnes citées dans ma plainte n'étaient pas interrogées. C'était évident quand j'ai su que les personnes qui me connaissaient n'était pas interrogées.
C'était juste évident.
Pour les associations, pour les juristes, pour tout le monde, c'était évident.
Apparemment, pour aucun décisionnaire dans cette histoire, ça ne l'a été.

A l'arrivée, ce n'est pas une question de principe. Non. C'est notre sécurité qui n'est pas assurée.
Il ne se prive pas de continuer de menacer. De me faire condamner à tout et n'importe quoi au civil. De m'asphyxier. De me tuer une fois de plus, dans mon SSPT et mon quotidien matériel. De mépriser et de jouer avec les enfants comme des poupées outils de séduction.
Et le pire ? Je l'avais dit.
Je me souviens même l'avoir dit à l'experte psychologue : "On voudrait nous protéger avec une action en justice, mais on ne va faire que nous exposer à plus de violence et elle sera plus invisible à cause de l'enquête donc je ne pourrai rien faire."
Je ne me suis pas trompée. Pas d'un mot. Comme quand je sais qu'il sait. Comme quand j'attends des nvlles car il a dit un truc ou fait un sourire différt (je sais interpréter ses sourires, parce que je suis celle qu'il a violée en souriant, ne vous en déplaise, experts en tout).
Les seules qui restent exposées et ne peuvent plus rien dire, ce sont nous. Deux enfants et leur mère. Les seuls à qui quelque chose, la violence, quelque soit sa forme, nuit depuis des années, ce sont nous trois.
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