Thread by @MartinFierro769

1 Thread
CE QUE J’AI APPRIS SUR TWITTER ET CE QUE TWITTER M’A APPRIS SUR MOI .

2 J’ai beaucoup d’idées de threads et c’est un de mes problèmes : je marche à l’inspiration, j’écris sur des sujets sur lesquels j’ai envie de transmettre et mes idées vont plus vite que ma capacité à les concrétiser.

3 J’ai hésité pendant 4 ans avant d’arriver sur ce réseau social : depuis 2012 Jean-Claude m’y avait incité, et je lui avais répondu : « je ne veux pas, ça me prendra trop de temps ».

4 Et j’avais raison. Cela montre que je me connais un peu.

5 Arrivée sur Twitter en septembre 2016 j’étais à la fois comme un enfant dans un magasin de bonbons : toute cette connaissance, ces articles, ces gens aux réflexions passionnantes. Et en même temps intimidée de me trouver devant un public d’inconnus qui pouvaient m’interpeler.

6 Ce que je craignais est arrivé : j’ai eu du mal à gérer ce flux constant d’informations intéressantes et j’ai fait une sorte d’indigestion de bonbons.

7 J’ai eu aussi à faire des choix cornéliens : qui suivre, qui renoncer à suivre, même en dépit de sympathies personnelles, puisque pour moi Twitter reste et sera toujours avant tout un outil d’apprentissage et de transmission et seult très secondairement un lieu de sociabilité

8 Malgré tout j’y ai lié quelques amitiés twitteriennes, fondées sur un partage de centres d’intérêts et la sympathie qui finit par en découler.

9 Personnellement je conçois mal de retwitter un article que je n’ai pas au moins en partie lu et dont je ne pense pas avoir compris le contenu. Et Twitter avec son flux constant d’informations m’a rapidement exposé au surmenage et à la nécessité de trier.

10 LA TYRANIE DU QUANTITATIF

11 Twitter demeure un pur produit de la société qui lui a donné naissance, une société capitaliste, consumériste, individualiste et narcissique où tout se mesure et où ce qui se mesure détermine la valeur d’une chose et ce qui ne se mesure pas est réputé être sans valeur.

12 On n’échappe donc pas, bien au contraire, sur Twitter, à la tyrannie du quantitatif, de la performance, celle qui nous poursuit de plus en plus dans tous les recoins de notre vie, de la vie professionnelle aux aspects les plus intimes (je développerai à un autre moment).

13 A travers les « like » les « retweets » et les » followers », moi qui voulais faire dns la qualité et dans la réflexion, je me suis, sans m’en rendre immédiat compte, retrouvée auto-entrepreneuse, à la tête d’une petite entreprise qu’il fallait entretenir et faire fructifier

14 Faire fructifier, au fond, pour le compte d’autres personnes, qui tirent les ficelles à travers ces outils pavloviens que sont les « like » et les « retweets ».
Avez-vous eu déjà cette impression de gérer une entreprise en étant sur Twitter ?

15 J’ai appris comment gérer la présentation d’un tweet pour des personnes qui, comme moi, sont submergées par un flux d’informations continu, et n’en lisent que les premiers mots pour savoir s’ils iront plus loin. Les journalistes doivent appeler ça une « accroche » (?)

16 J’ai donc dû apprendre à soigner la présentation, à être très synthétique, ce qui ne peut être que bénéfique en ce qui me concerne, et à ouvrir un maximum de perspectives de réflexion en un minimum de mots.

17 NE PAS CEDER A LA TENTATION

18 Ne pas céder à la tentation une fois qu’on a compris les règles et les mécanismes de twitter, c’est, pour moi, ne pas retwitter des articles que je n’ai pas compris, ne pas chercher à séduire au détriment de chercher à favoriser la réflexion.

19 Je me suis aussi trouvée exposée à des attaques fulgurantes, des attaques personnelles, dont la virulence m’a surprise et dont je ne comprenais pas toujours l’origine ou les motifs.

20 Ne pas céder à la tentation, ce fut alors apprendre à ne pas entrer dans des batailles d’egos avec des gens ayant des positions idéologiques, dogmatiques et fermées, batailles dont la vanité, dans tous les sens du terme, à fini pas me frapper.

21 Après tout ce n’est pas à eux que j’ai envie de m’adresser, mais seulement à ceux qui ont envie de réfléchir et de se remettre en question, de remettre en question les idées préconçues sur lesquelles repose une bonne partie de notre représentation du monde.

22 Le problème se résout facilement finalement : soit ils me bloquent, soit je les bloque, ce qui reste un moyen acceptable pour moi, d’éviter une violence et une perte d’énergie inutiles.

23 TWITTER UN MONDE RÉGRESSIF OU LES ADULTES REDEVIENNENT DES ADOS

24 Sur twitter les gens se regroupent en tribus. Comme les bandes d’ados ces tribus se baladent sur twitter en représentation permanente, en affirmant « leur » différence, ce qui les distingue de tous les autres, et les rattache à leur tribu.

25 Twitter, dans sa recherche imposée de « performance », favorise volontiers l’’émotionnel sur le réflexif et tend à chaque twittos un miroir , mon beau miroir, où chacun veut apercevoir son reflet sous un jour favorable.

26 Le Twittos a donc l’indignation et l’émotion facile car apparaître comme quelqu’un d’indigné ou de compatissant est un moyen commode et qui n’engage à rien, de se montrer sous un jour favorable.

27 Dans cet univers théâtralisé un secret du succès est, avant tout, de partager avec son « public » des bribes d’une supposée intimité. Sur twitter chacun peut faire son « one man show » et devenir une star.

28 J’ai été étonnée de l’impudeur de certains, avant de comprendre que ce n’était que de la mise en scène, tout à fait comme ces collégiens qui sont en représentation permanente devant leurs pairs, les twittos cherchnt volontiers à captiver leur public, et la concurrnc est rude

29 Comme dans les bandes d’ados il y a aussi des règles, des règles particulières à ce monde là, et la plus inviolable des règles sur Twitter, est sans doute celle du respect de l’anonymat.

30 Règle tout à fait contestable quand il s’agit de professionnels s’exprimant sur des sujets médicaux et susceptibles de proposer une vision de la médecine biaisée par leurs conflits d’intérêts.

31 LES TWITTOS MEDECINS FRANÇAIS ET LES AUTRES : une vision personnelle, partiale et partielle

32 Les twittos médecins français ont volontiers recours à l’anonymat ce que les médecins étrangers, américains, britanniques, espagnols, italiens australiens semblent refuser comme un comportement indigne.

33 Les médecins français me paraissent être moins « horizontaux », plus arrogants, plus paternalistes, plus auto-satisfaits et moins critiques, mais cela peut être dû à un biais de sélection.

34 En effet, par la magie de Twitter je trouve mon fil facilement envahi par les notifications d’amis d’amis d’amis, qui se montrent parfois fort prolixes sur leurs exploits et étalent une autosatisfaction permanente qui est un peu pénible.

35 Tandis que j’ai eu le loisir de sélectionner les médecins étrangers que je suis et que donc je ne suis que ceux qui se contentent de réfléchir sur la médecine et parlent peu ou pas d’eux-mêmes.

36 TWITTER UN OUTIL A QUI IL FAUT IMPOSER SA LOI POUR QU’IL NE VOUS IMPOSE PAS LA SIENNE

37 Comme dans beaucoup de domaines de la vie moderne, il n’y a, sur twitter, apparemment pas de limites aux possibles, surtout lorsqu’on s’exprime sous couvert d’anonymat.

38 Mais cet apparent « no limits » est toutefois fortement contraint par la forme même de Twitter, comme par celle de notre société, et nous incite fortement à nous comporter comme des narcisses régressifs et arréflexifs aux reflexes pavloviens.

39 Ou comme des auto-entrepreneurs laborieux, à la recherche continuelle de la performance.

40 Si on se fixe quelques règles, Twitter peut être un bon outil pour favoriser la réflexion, sans doute insuffisant pour vraiment l’approfondir, mais important pour connaître des personnes dont la recherche et la réflexion sont dignes d’intérêt.