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UN SYMBOLE DE LA SOUFFRANCE AU TRAVAIL EN PROCÈS

Du 6 mai au 12 juillet, la justice se penche sur le #procèsLombard. En ligne de mire ? Le management de la terreur au travail chez #FranceTelecom. @PriscaDC live-tweete le procès, suivez le thread ⬇️
radioparleur.net/2019/05/07/fra…
Sont accusés Didier Lombard l'ancien PDG, Olivier Barberot et Louis-Pierre Wenes pour harcèlement moral. #FranceTelecom
Puis Nathalie Boulanger-Depommier, Jacques Moulin, Guy-Patrick Cherouvrier et Brigitte Bravin-Dumont pour complicité de harcèlement moral. #FranceTelecom
Un dirigeant d'Orange est à la barre et répond à des questions techniques posées par le tribunal et les avocats sur le fonctionnement de l'entreprise. #FranceTelecom
En quelques chiffres : Orange c'est aujourd'hui 151 000 salariés, 92 000 en France dont 33% de fonctionnaires. #FranceTelecom
Didier Lombard est appelé à la barre. La présidente du tribunal dresse le parcours scolaire et professionnel de M. Lombard, âgé de 77 ans aujourd'hui et retraité depuis 2011. #FranceTelecom
Il explique avoir participé à la mise en place de la norme GSM. Il a travaillé dans un laboratoire sur des câbles sous-marins en fibre optique. Il a travaillé également sur les trous d'air des avions à l'atterrissage. Il précise pour ce dernier point "peu de gens le savent".
M. Lombard explique qu'à travers ses différents postes suite à ses études à l'école Telecom ParisTech, il est fonctionnaire. Au printemps 2003 il arrive dans l'entreprise France Telecom.
Il est nommé en avril 2003 directeur général adjoint chargé des "technologies, partenariats stratégiques et nouveaux usages". #FranceTelecom
"Lorsque Thierry Breton devient ministre de l'Économie et des Finances en 2005, il me laisse les rennes de la maison" continue M. Lombard. #FranceTelecom
"J'ai estimé en janvier 2010 qu'il était temps d'assurer ma succession, alors qu'il me restait encore 2 ans de mandat. Dans l'intérêt des salariés, c'était le mieux à faire" prononce M. Lombard.
La présidente est confuse "mais les mandats durent 5 ans ?"
M. Lombard répond "oui mais... j'ai commencé sur la fin de mandat de Thierry Breton et après j'ai fait le mien"
"ah ça compte ça ?" s'étonne la présidente. Le prévenu confirme.
M. Lombard calcule la somme de l'argent qu'il touche aujourd'hui pour sa retraite (fonction publique + cadre sup) : 16 838, 87€ net/mois. S'ajoute à ses ressources les revenus immobiliers pour son appartement.
La présidente lui demande comment il se sent face à ce procès.
M. Lombard se dit ému "je vais lire une lettre d'une page et demi que j'ai écrit pour l'occasion".
"Notre maison France Telecom était en péril.
En 2009, France Telecom se portait mieux. Il est évident que ses résultats étaient obtenus grâce aux salariés. Je veux leur dire ma gratitude et mon remerciement pour leur travail qui a sauvé l'entreprise".
"Je renouvelle aux familles et aux victimes ma profonde tristesse".
Pour les salariés qui se sont donnés la mort "je pense à eux et à leurs familles et je regrette qu'ils aient commis un tel acte".
Silence. La présidente enchaine "Bien..".
(net d'impôt après prélèvement à la source)
"J'étais au courant seulement de ce qui remontait jusqu'à moi" annonce M. Lombard. "en 2007, je réagis à un suicide absurde. Celui d'un collaborateur qui pensait perdre son travail parce qu'il n'avait plus de permis".
"Un suicide est un drame alors je ne veux pas parler de taux parce que ça fait mathématicien... Mais jusqu'en 2009, les taux de suicide ont été réduits". continue-t-il. #FranceTelecom
"en 2009, les collaborateurs ont été privés de leur succès, ils ne pouvaient pas dire aux autres à quel point ils avaient bien travaillé parce que tous les médias disaient qu'on était une entreprise lamentable. Ça casse le moral" dit M. Lombard. #FranceTelecom
"On se souvient quand j'ai dit qu'il y avait une mode des suicides... Je regrette parce qu'en fait je pensais au mot anglais "mood" dans ma tête" #CaChangeTout
La procureure prend la parole à son tour "avant d'être directeur général adjoint de France Telecom en 2003, vous étiez déjà administrateur de France Telecom ?"
"oui depuis 1992" répond M. Lombard.
"également de Thomson, de Renault, de l'école Polytechnique..." enchaine-t-elle
L'avocat de M. Lombard, Me Veil, prend la parole "il n'y a pas tant de différence finalement entre "mode des suicides" et "effet boule de neige". Sachez que le nombre de suicides chez les magistrats est plus élevé que celui chez France Telecom".
Lavocate de la partie civile Me Topaloff demande à M. Lombard "ne pensez-vous pas que le nombre des suicides signifie quelque chose ? Le symbole d'une crise sociale"
"non je ne pense pas qu'on puisse parler de crise sociale... il y a eu une bulle médiatique" commence M. Lombard.
"c'est ça ce que vous retenez M. Lombard de tous ces suicides, que les chiffres ont été gonflés et sont devenus une bulle médiatique ? Je suis choquée et consternée" réagit Me Topaloff.
"Les bulles c'est un peu soufflé, c'est comme les avocats.." lance Me Veil à Me Topaloff "mon client n'a pas dit bulle médiatique mais crise médiatique".
correction : crise médiatique
Un avocat de la partie civile demande à M. Lombard s'il regrette aujourd'hui ce qu'il s'est passé et si oui, quels sont ses regrets.
"Je ne souhaite pas répondre" annonce M. Lombard. #FranceTelecom
M. Lombard retourne s'asseoir.
M. Barberot, ancien directeur exécutif chargé des ressources humaines, arrive à la barre à son tour.
Sur ses ressources : M
Barberot touchait 26 000 € en 2012. Aujourd'hui à la retraite, il touche 12 000 € nets/mois.
M. Barberot lit un texte qu'il a écrit.
"j'ai toujours prôné autour de moi des valeurs de respect, d'écoute et de bienveillance envers les salariés. Je suis bouleversé pour les victimes et leurs familles" finit-il.
"Je me demanderai toujours ce que j'aurais pu faire dans l'exercice de mes fonctions pour éviter ces drames" ajoute M. Barberot.
M. Barberot retourne s'asseoir.
M. Wenes, ancien directeur général adjoint, vient à la barre. Comme les 2 autres prévenus avant lui, son casier est vierge. #FranceTelecom
"Une pensée qui me transporte toute ma carrière est que je ne dois pas garder le pouvoir pour moi, je dois le transmettre aux personnes qui travaillent, sur le terrain" prononce M. Wenes.
"Je pense qu'on a besoin des RH et des syndicats pour bien faire notre travail" prononce M. Wenès, ancien numéro 2. Il s'arrête, la voix tremblante "je suis choqué des mots que j'ai pu lire sur moi..
que je serais un technocrate". #FranceTelecom
"après des mois plongés dans ce dossier, je ne me reconnais toujours pas dans les accusations qu'on me fait, ni dans le personnage qu'on veut faire de moi" dit M. Wenès.
"comment j'aurais pu créer un climat anxiogène ? faire des contrôles intrusifs ?"
"comment peut-on parler de formation insuffisante ? on a fait plus de formations internes que grand nombre d'entreprises" #FranceTelecom
"Contrairement à ce qu'on raconte sur moi, je n'aime pas voir souffrir les gens" annonce d'une voix posée M. Wenès.
"Je n'ai pas vu de violence systémique, de climat anxiogène... J'ai pas vu... J'ai pas vu... Si j'avais vu, j'aurais agi" finit M. Wenès. #FranceTelecom
"j'ai gardé des contacts avec d'anciens collègues. Ils me disent "ah qu'est-ce que tu étais dur mais au moins tu étais clair et juste" et on se respectait". dit M. Wenès.
La Présidente revient sur des mots de M. Lombard. "Il disait le bon, la brute et le truand. Il vous présentait comme la brute".
"je ne suis pas un modèle de diplomatie. Je dis ce que je pense et je fais ce que je dis". répond M. Wenès.
"ce n'est pas parce que je suis abrupte dans mon expression que je suis abrupte dans ma compréhension. Je disais toujours qu'on pouvait rentrer dans mon bureau et me traiter de con mais fallait me dire pourquoi" continue M. Wenès. #FranceTelecom
La présidente : "vous avez été sacrifié sur l'autel de France Telecom ?"
M. Wenès : "oui et non. J'ai servi de bouc-émissaire. Mais je tiens à dire que j'aimais profondément cette entreprise". #FranceTelecom
La présidente énonce : "vous avez eu 2 perquisitions, dans votre logement à Paris et savoyard. On vous a saisi ordinateur, clés usb... Vous avez été mis en examen le 5 juillet 2012". #FranceTelecom
Elle ajoute "vous ne reconnaissez toujours pas les faits aujourd'hui ?"
"non" répond M. Wenès.
Sur ses ressources : il a déclaré 310 000 € pour l'année 2018. "ce sont les pensions et retraite, pas d'autres revenus". #FranceTelecom
"Je dis ce que je fais, je fais ce que je dis et je ne fais pas de politique" annonce M. Wenès à la procureure. #FranceTelecom
Un avocat de la partie civile demande à M. Wenès "le fait qu'un observatoire du stress et des mobilités forcées soit créé dans votre entreprise, ça ne vous alerte pas ?"
"non, je trouve ça bien.." tente M. Wenès.
L'avocat du syndicat CFE-CGC demande "est-ce qu'aujourd'hui vous considérez que le plan NExT a été une réussite pour l'entreprise et les salariés ?"
"oui" répond M. Wenès.
Suspension d'audience, reprise à 18h. #FranceTelecom
Reprise d'audience. Guy-Patrick Cherouvrier, ancien DRH France, est à la barre. #FranceTelecom
Il a été embauché en 77 en tant que contractuel et a passé toute sa carrière dans l'entreprise France Telecom. Son statut a évolué : fonctionnaire puis contrat privé.
"Pour des raisons financières ?" demande la présidente.
"oh non je ne crois pas" répond M. Cherouvrier.
"je ne le cache pas, je n'ai jamais eu de connaissances approfondies en droit social mais j'avais une bonne base pratique" dit M. Cherouvrier. #FranceTelecom
"Cette affaire est un traumatisme pour moi. Bon pas le même traumatisme que les victimes qui ont parlé hier.
Mais un traumatisme. L'instruction était entièrement à charge. J'ai été traité comme un coupable ! Comme si j'étais un criminel !" dit M. Cherouvrier au tribunal.
Il explique avoir eu des problèmes de santé, 2 cancers, qui ont encore des conséquences physiques pour lui aujourd'hui. Pour cette raison, il ne pourra pas être présent à toutes les audiences du procès.
Il explique que pendant son audition, l'officier de police lui posait "des questions perfides" dont une avocate dss parties civiles se ferait aujourd'hui le relai en lisant sa déclaration dans sa déposition.
"Vous dites que les 22 000 [départs] étaient l'objectif majeur du programme Act, que c'était dans la tête de tout le monde".
M. Cherouvrier répond "non, c'est le policier qui a dit enjeu majeur, moi je n'ai pas fait attention sous l'émotion de l'audition".
Tensions entre l'avocate de M. Cherouvrier et la procureure.
"je me demande simplement pourquoi un policier aurait inventé que tout le monde savait pour l'objectif des 22 000 et l'aurait mis dans la bouche de M. Cherouvrier" finit la procureure.
L'avocate du prévenu lui demande si des remarques individuelles lui revenaient, sur des problèmes rencontrés par des salariés au sein de l'entreprise.
"oui oui, c'est arrivé. assez fréquemment. mais ça restait ponctuel" répond M. Cherouvrier avant de retourner s'asseoir.
Brigitte Bravin-Dumont, qui était directrice du programme ACT (en plus d'autres fonctions qui se combinent entre elles), arrive à la barre. #FranceTelecom
"Le procès qui vient de s'ouvrir va être douloureux pour les familles et pour moi. J'espère que ce procès montrera la vérité, j'ai toujours agi dans le respect de la loi" lit Mme Bravin-Dumont en pleurant. #FranceTelecom
Jacques Moulin, ancien directeur territorial France Est, est à la barre.
Il lit une déclaration liminaire. #FranceTelecom
"Bien sûr mes pensées vont aux familles. Des morts sont toujours des drames et des échecs. Et pourtant, j'ai mis en place des cellules d'écoute.
Jamais je n'ai porté atteinte au respect et à l'intégrité d'un salarié" prononce M. Moulin.
Pas de question, M. Moulin retourne s'asseoir.
Nathalie Boulanger-Depommier, ingénieure, ancienne directrice des actions territoriales, arrive à la barre. Elle est la dernière prévenue à passer.
"Au début, je voulais être enseignante, comme ma mère" commence-t-elle.
Elle n'a pas eu de perquisition à son domicile mais à son bureau à Chatillon en 2012. Elle est d'abord interrogée par la police en tant que témoin, pendant 4h, en 2014. Elle est finalement mise en examen, ce qu'elle a contesté.
"j'ai pleinement conscience qu'un suicide est un drame humain, pour les familles, les collègues. Je me demande toujours ce que j'aurais pu faire pour éviter ça, voilà" prononce Mme Boulanger. #FranceTelecom
Pas de question pour la prévenue. L'audience est suspendue, reprise jeudi à 14h.
Merci beaucoup d'avoir suivi !
#FranceTelecom
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