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Bon petite histoire de responsabilité médicale. Je suis certains que vous aurez l'impression de l'avoir déjà lu pour la bonne et simple raison que c'est malheureusement affligeant de banalité. Donc un rappel ne fait jamais de mal.
Mme X consulte d'elle-même aux urgences pour des brûlures urinaires. Elle est sujette aux infections urinaires mais là elle trouve qu'elle sont inhabituelles parce qu'elle a également mal dans l'hypochondre droit.
De plus elle à l'habitude de prendre de la fosfomycine et celle-ci cette fois-ci n'est pas efficace.

L'examen clinique est noté comme normal dans le dossier à part une sensibilité sans contracture ni défense au niveau de l'hypochondre droit.
La bio ne montre rien (NFS et CRP normales). La BU a une croix de protéines. Un ECBU est réalisée dans la foulée et une écho abdo est demandée.

Mme X ne souhaite pas rester, demande des antalgique, et il lui est prescrit du doliprane + une écho abdo en ville.
Mme X revient le lendemain soir. Malgré le doliprane la douleur est devenue plus intense, pénible. Son examen clinique est inchangé, elle n'a pas de fièvre.

Elle refuse la nouvelle prise de sang et l'échographie proposée car elle veut juste rentrer et dormir.
Le médecin qui la voit lui explique que ce n'est pas raisonnable, lui parle du risque d'avoir un problème digestif, urinaire ou gynécologique grave et qu'il faudrait refaire la prise de sang et rester pour l'échographie.
Elle refuse les examens. Elle veut juste les antalgiques. Le médecin note dans le dossier la phrase précédente et madame X signe dans le dossier avoir bien compris le risque de pathologie grave, la nécessité de faire des examens et son souhait de sortir quand même.
Elle revient quelques heures plus tard parce que la douleur devient vraiment très pénible.

Entre temps L'ECBU est revenue positive avec un coli sensible.

Cliniquement elle a la même sensibilité abdominale et une température à 38º.
Elle refuse toujours l'échographie, et informée du résultat de l'ECBU, elle dit qu'elle accepte des antibiotiques (mais pas la prise de sang). Il lui est prescrit un traitement antibiotique adapté à l'antibiogramme. Elle repart en disant qu'elle ira consulter son médecin traitant
Elle revient finalement le lendemain avec les pompiers avec un sepsis sévère dont le bilan étiologique montrera que la porte d'entrée est une salpingite. Elle est hospitalisé plusieurs jours et aura une salpingectomie.
Puis elle porte plainte.

Elle porte plainte (CRCI) contre le médecin qui l'a vu aux urgences la troisième fois (celui qui lui a prescrit les antibiotiques).

Elle lui reproche de ne pas lui avoir, comme son collègue, expliqué que ses symptômes pouvaient être graves.
Celui-ci pour se défendre explique que 1/ elle avait signé un refus d'hospitalisation la veille dans lequel elle reconnaissait avoir été informée et avoir compris que ses symptômes pouvaient être graves et nécessiter des examens
2/que lorsqu'il l'a vu il lui a à nouveau proposé une échographie et une prise de sang elle a de nouveau refusé (ce qu'elle reconnaît sans problème) 3/que dans la limite de ce qu'elle acceptait, il a pris la meilleure décision, c'est à dire prescrire une antibiothérapie adaptée.
La CRCI a donné raison à madame X.

Dans ses conclusions elle rappelle que les décisions des patients ne les engagent pas.
Que Mme X aurait dû être à nouveau informée du risque dont celui de salpingite (ce qui n'a jamais été explicitement dit) et donc du risque de salpingectomie
Que le médecin ne s'est pas donné les moyens de la convaincre et que la prescription d'antibiotiques a pu masquer l'évolution défavorable

Enfin que le médecin aurait dû lui faire signer une nouvelle fois une demande de sortie contre avis avec la liste complète des complications
Bon bref, pour la xxxxxxxxxx ème fois il faut se rappeler (et même moi j'oublie) que les patients ne sont légalement jamais tenus par leur déclarations ou demandes.
Je le dis à chaque fois, mais la loi fait d'eux des mineurs irresponsables quand il s'agit du refus de soins.

Il faut donc toujours leur demander plusieurs fois s'ils maintiennent leur refus de soins et leur faire signer avec les complications possibles (grave ça veut rien dire)
Et il ne faut jamais accepter de traiter par parties. Cela ne vous sauvera pas et peut même vous enfoncer. En cas de refus d'une partie des soins, vous ne devez pas transiger en proposant par exemple comme ici des antibiotiques sans comprendre la cause.
Le patient a le droit de refuser des soins, mais il ne peut en exiger des parties.

C'est paternaliste, ça ne crée pas la confiance, mais c'est la loi et tous les ans des médecins de bonne foi se font avoir.
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