20minutes.fr/justice/252874…
« Jean-Pierre est un garçon direct. Il m’a dit ‘Il faut acheter une maison pour M. Al-Jaber. Il faudrait passer par une société à l’étranger parce que cela ne peut pas venir de France. Qu’est ce que tu peux faire ?’’ »
- Vous aviez des compétences en matière fiscale ?, demande le président.
- Pas du tout. Pas plus qu’en droit international. Donc, je lui ai dit ''Je ne vois pas ce que je peux faire pour toi...''
« Je lui dit je ne sais pas faire. Mais quand Jean-Pierre veut quelque chose… Je lui ai donc dit que je pouvais appeler un correspondant à Genève. »
« En clair, on dit ‘On veut acheter un bien à Marrakech et on veut une structure qui ne soit pas en France.’ Après, c’est lui [le spécialiste] qui a réfléchi dans son coin. » Au final, il s’agissait d’une SCI possédée à 99 % par une société panaméenne.
- A ce moment-là, il est compris par tous que M. Aubry va devenir l’ayant droit économique d’une société panaméenne ?
- A l’époque, on n’avait pas assez insisté sur la présence de M. Al-Jaber...
- Si on comprend bien vos propos, vous êtes assez taisant. Vous ne participez à rien ?
- Alors, c’est sûr, je n’ai participé à l’élaboration d’aucun acte d’avocat. Après, on me présente toujours comme avocat, même le dimanche...
- Quel était l’intérêt de M. Al-Jaber d’acquérir une villa à Marrakech ?
- J’en avais aucune idée, Monsieur le président.
Mercredi dernier, Al-Jaber a indiqué qu'il avait des biens dans huit villes à travers le monde. Qu'il n'avait besoin de personne pour acheter...
« Je dois dire qu’une vente à Marrakech d’un bien marocain n’est pas vraiment ma spécialité. Le notaire gérait son truc. Il n’y avait pas grand-chose à dire. Rien à négocier. J’étais juste là pour signer et puis voilà... »
- A vous entendre, vous auriez été absent, cela n’aurait rien changé ?
- Absolument…
- Ce n’est pas injurieux de ma part mais vous n’avez servi à rien ?
- J’ai pris du bon temps avec Jean-Pierre [Aubry]. Mais oui, j’ai servi à rien…
(Rires légers dans la salle)
"Il y a plusieurs personnes qui se sont trompées sur votre compte dans ce dossier", balance le président.
- On ne vous a pas appelé avant d'envoyer ce fax ?
- Le hasard fait parfois bien ou mal les choses, je ne sais pas. Mais mon téléphone portable est tombé à la mer...
- Ça a dû être une vraie difficulté tout ça ?
- Ça a totalement bouleversé ma vie depuis 4 ans...
« Je ne pense pas que je sois là pour accuser qui que ce soit, Monsieur le président. Je suis là pour me défendre, c’est tout. »
- Mais qu’est ce que Monsieur Aubry vient faire dans cette histoire ? Et que venez-vous faire dans cette histoire ?
- Nous sommes d’accord, Monsieur le président. Sans M. Aubry, je ne serais pas là aujourd’hui...
- Aujourd’hui, vous pensez vraiment que M. Al-Jaber a eu besoin d’aide de M. Aubry pour acheter ce [riad à Marrakech] ?
- J’ai tendance à croire Jean-Pierre...
« Ce jour-là, j’ai eu un vrai problème. Je ne savais pas ce que je pouvais dire. Jusqu’à quel point je pouvais dire des choses ou pas. Je n’étais pas habitué, en tant qu’avocat, à savoir ce qui relevait du secret professionnel », dit A. Claude
« C’est vrai qu’essayer de répondre sans répondre, de dire ce que je pouvais. Sans savoir ce que j’allais prendre comme retour de bâton du conseil de l’ordre... »
« C’est indéniable. J’ai exproprié quasiment toute la ville [de Levallois] pour les cinq ZAC ! »
Pour rappel, l'avocat était chargé des expropriations pour le compte de la Semarelp...
- Est-ce qu'on peut dire que vous avez mené une mission de sécurisation [du montage] ?
- Non, certainement pas !, répond Arnaud Claude.
Arnaud Claude lâche que le plus dur, c'est d'avoir vu ses déclarations (PV d'audition) sortis par la presse durant l'instruction.
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« Je pense que si j’avais été là, il n’y aurait pas eu de fax. J’aurais transmis le document. Mais il n’y aurait pas eu de fax avec papier entête du cabinet. Je n’étais pas là et probablement mon assistante a cru bien faire. »
- Vous êtes d’accord que ce document est susceptible de vous impliquer ?
- J’en suis conscient…
- Vous avez reparlé de tout ça avec la collaboratrice ?
- On n’a pas réussi à savoir de qui il s’agissait. Probablement une assistante qui a dû quitter le cabinet ensuite.
Le premier interrogatoire d'Arnaud Claude s'achève. Le président demande à Alexandre Balkany de se présenter à la barre. Veste grise, le "fils de" pose une petite bouteille d'eau et quelques feuilles annotées sur le pupitre...
«La maison était à disposition de mes parents, de mon père. Il m’a demandé si cela m’intéressait de la louer. Chose que j’ai faite en février 2011. J’ai signé le premier bail.»
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- Vous savez par qui elle était mise à disposition de vos parents ?
- Non.
- La maison était terminée. Je crois qu’ils y étaient allés deux fois avant. Moi, j’y suis allé en décembre 2010...
« Moi, j’avais visité plusieurs maisons autour du golf. Puisque moi, je joue au golf. Je gagnais très très bien ma vie puisque j’étais présent de Poker Stars. Je me suis marié à Marrakech. »
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« J’ai visité plusieurs maisons jusqu’à ce que mon père me propose cette maison. J’ai décidé ensuite de faire cette location à l’année. »
« C’est une villa… Ce n’est pas le palais décrit dans la presse. C’est une maison assez typique de Marrakech. Elle a deux chambres au rez de chaussée, deux chambres à l’étage, un bureau à l’étage, deux salons au rez-de chaussée,
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...une piscine et une petite maison à côté de la piscine transformée en salle de sports.»
- Qui a mis la villa à disposition de vos parents ?
- Je n’en ai pas la moindre idée.
- Vos parents ne vous ont jamais dit ?
- Jamais.
« Avec mes parents, j’ai toujours été très distant. J’ai grandi à l’étranger. Je n’ai jamais fait de politique. Je n’ai jamais discuté des faits politiques avec mon père. On avait de très bonnes relations. Mais chacun de son côté. »
- Et Monsieur Al-Jaber. Vous le connaissez ?
- Jamais rencontré. Mais il est très connu dans la rubrique judiciaire !
"Ah ouais... Ouais ouais", laisse entendre Hervé Témime, l'avocat d'Al-Jaber qui bout littéralement...
- M. Al-Jaber était donc votre propriétaire ?
- Si vous le dites…
- Moi, je ne dis rien.
- Mais je ne sais pas.
- Si je suis ce raisonnement, vous étiez donc son locataire ?
- Sûrement.
Bizarrement, relève le président, cette dette n'a jamais été réclamée...
Le président Blanchet reprend. Clairement, dans l'esprit des juges d'instruction, les contrats de location sont fictifs. "Ce n'est pas le cas...", assure Alexandre Balkany.
- Un livre de Patrick Balkany. "Une autre vérité, la mienne".
- Un carnet à spirales, ville de Levallois.
- Des caisses de vin étiquetés P.B.
- Des peignoirs brodés P. B.
- S’il y a des traces de la présence de mes parents, c’est parce que vous les avez conviés ?
- Autant de fois qu’ils le voulaient…
- A aucun moment, vous n’avez demandé l’identité de votre propriétaire ?
- A aucun moment
"Mais des tas de gens louent des apparts sans connaître le nom de leur propriétaire".
"Mais il est marqué sur le bail", tacle l'avocat du fisc.
- Il y a des tas de gens qui louent des apparts sans connaître le nom du propriétaire, reprend Eric Dupond Moretti.
- Si c’était le problème, vous auriez raison..., tacle Hervé Témime finement.
Réponse : "Ben non, ma nièce Lucie s'écrit "ie" à la fin. Je n'ai pas été surpris."
« Il m’a dit : ''Il a besoin d’une maison secrète au Maroc'' »
Quelques rires dans la salle.
Patrick Balkany se retourne vers le public menaçant.
« J’y suis allé, j’en ai visité une trentaine [de maisons]. Je savais ce qu’il voulait. Quelque chose de très oriental. J’ai pris des photos. Je me suis dit : Ca va lui plaire... »
« Si j’avais eu besoin d’acheter un bien à Marrakech, pourquoi serais-je allé chercher une usine à gaz avec Jean-Pierre Aubry et Arnaud Claude et alors que j’ai une organisation pour acheter une maison offshore à l’étranger ? »
« Je ne voulais pas que cela s’arrête pour [le projet des tours]. »
Je vais, de mon côté, clôturer le live-tweet sur cette sortie pour aller écrire. Le compte-rendu suivra.