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Les principales conclusions du rapport spécial du #GIEC @IPCC_CH sur le changement climatique et les terres émergées ont été présentées à la #COP25 cette semaine:

unfccc-cop25.streamworld.de/webcast/joint-…
Cette série de tweets reprend les points clés de ma présentation, si vous préférez lire (en français) plutôt que de regarder la vidéo de la présentation complète (en anglais)
Dans ce rapport, les terres font référence au sol, à la végétation et aux autres organismes vivants, à l'eau, ainsi que nos lieux de vie et infrastructures.
Les terres constituent le socle principal de nos moyens de subsistance et de notre bien-être, notamment l'approvisionnement en nourriture, en eau douce, ainsi que de nombreux autres services écosystémiques, ainsi que la biodiversité.
Les terres émergées sont à la base de nombreux autres fonctions et services écosystémiques qui nous sont essentiels.
Par exemple, l'ensemble des services des écosystèmes terrestres mondiaux ont été évaluées, sur une base annuelle, comme étant approximativement équivalents au montant du produit intérieur brut mondial annuel.
Les terres sont sous pression humaine croissante, avec des taux sans précédent d'utilisation des terres et de l'eau douce.
Les activités humaines affectent directement plus de 70% des terres émergées libres de glaces
L'expansion des zones agricoles et forestières et l'amélioration de la productivité agricole et forestière ont permis de fournir la nourriture pour une population croissante, ainsi que faire face aux changements de consommation.
La production primaire nette potentielle est la différence entre la quantité de carbone accumulée par la photosynthèse et perdue par la respiration des plantes, en l'absence d'usage des terres.
Nous utilisons un quart à un tiers de cette productivité primaire potentielle pour l'alimentation humaine et animale, la production de fibres, de bois et d'énergie.
Ces changements ont contribué à la perte d'écosystèmes naturels (comme les forêts, savanes, prairies naturelles et zones humides) et au déclin de la biodiversité.
Environ 1/4 de la surface des terres émergées libres de glace est affectée par une dégradation induite par les activités humaines.
On estime que l'érosion des sols cultivés est actuellement supérieure d'1 à 2 ordres de grandeurs à la vitesse de formation des sols.
Les données disponibles depuis 1961 montrent que la croissance démographique mondiale, et les changements dans la consommation par habitant de denrées alimentaires, d'aliments pour animaux, de fibres, de bois et d'énergie
ont entraîné des taux sans précédent d'utilisation des terres et de l'eau douce.
Depuis 1961, le cheptel de ruminants a augmenté de plus de 50%
Les rendements des céréales ont été doublés
L'utilisation d'azote inorganique comme fertilisant a été quasiment multipliée par 9, et le volume d'eau utilisé pour l'irrigation a quasiment doublé.
Les terres sont sous pression par nos activités, et le changement climatique ajoute à ces pressions.
Depuis la période pré-industrielle (ici 1850-1900), la température observée à la surface des continents a augmenté beaucoup plus vite que la moyenne planétaire (surface des continents et des océans)
Entre 1850-1900 et 2006-2015, le réchauffement mesuré au-dessus des continents est 1,53°C (plage très probable : 1,38 à 1,68°C) alors que la moyenne planétaire (continents et océans) a augmenté de 0,87°C (plage probable de 0,75°C à 0,99°C)
Ce réchauffement s'est accompagné d'une augmentation de la fréquence, l'intensité et la durée des épisodes chauds, en particulier les vagues de chaleur (canicules) dans la plupart des régions du monde
La fréquence et l'intensité des sécheresses a augmenté dans plusieurs régions (pourtour de la Méditerranée, ouest et nord-est de l'Asie, nombreuses régions d'Amérique du Sud et d'Afrique)
et il y a eu, à l'échelle planétaire, une augmentation de l'intensité des évènements de pluies torrentielles
Le réchauffement planétaire a conduit à des déplacements des zones climatiques dans beaucoup de régions du monde, dont une expansion des zones de climat aride et une contraction des zones de climat polaire.
En conséquence, de nombreuses espèces de plantes et d'animaux connaissent des changements dans leurs aires de répartition, leur abondance, et des changements dans leurs activités saisonnières.
Un verdissement de la végétation est observé par satellite au cours des derniers 30 ans dans certaines parties de l'Asie, de l'Europe, de l'Amérique du Sud, du centre de l'Amérique du nord et du sud-est de l'Australie
Les causes de ce verdissement incluent une combinaison de facteurs : saison de croissance allongée, effet des dépôts d'azote, effet fertilisant du CO2, et gestion des terres (dont irrigation et afforestation)
Un brunissement de la végétation est observé dans certaines régions (nord de l'Europe, régions d'Amérique du nord, Asie centrale, bassin du Congo), en grande partie à cause du stress hydrique
Globalement, la surface affectée par un verdissement est plus importante que la surface affectée par un brunissement
Dans certaines régions de climat aride, l'augmentation de la température de l'air en surface et de l'évapotranspiration, et la baisse de la pluviométrie, en interaction avec la variabilité du climat, ont contribué à la désertification.
Ces zones incluent l'Afrique sub-saharienne, certaines régions de l'est et du centre de l'Asie, et de l'Australie
Depuis 1961, la superficie annuelle des zones arides affectées par une sécheresse a augmenté, en moyenne, d'un peu plus de 1% par an, avec une forte variabilité d'une année à l'autre.
Environ 500 millions de personnes vivent dans des régions qui ont connu une désertification entre les années 1980 et 2000
Le plus grand nombre de personnes affectées se trouve en Asie du sud et de l'est, autour du Sahara, y compris en Afrique du nord, et au Proche Orient, dont la Péninsule arabique.
La fréquence et l'intensité des tempêtes de poussières a augmenté au cours des dernières décennies à cause des changements d'usage des terres, de couverture végétale, et de facteurs liés au climat dans beaucoup de régions arides, avec des effets négatifs croissants pour la santé
Enfin, le changement climatique exacerbe la dégradation des terres, en particulier dans les zones littorales de basses terres, les deltas, les zones arides et les zones de pergélisol,
à cause de changements d'intensité des pluies, du stress thermique et hydrique, du dégel des sols gelés, de l'érosion côtière et de la hausse du niveau des mers.
Le système alimentaire mondial est sous pression du fait de l'évolution de la démographie, des modes de consommation, et est vulnérable au changement climatique.
Les données disponibles depuis 1961 montrent que l'offre d'huiles végétales et de viande par habitant a plus que doublé, et que l'offre de calories alimentaires a augmenté d'environ un tiers.
Actuellement, 25 à 30% de la nourriture produite globalement est perdue ou gaspillée.
Environ 821 millions de personnes sont encore sous-alimentées
Les changements de modes de consommation ont contribué à ce qu'environ 2 milliards d'adultes soient en surpoids ou souffrent d'obésité
Le changement climatique affecte déjà la sécurité alimentaire, du fait de l'évolution des précipitations et de la fréquence accrue de certains évènements extrêmes
Dans de nombreuses régions tropicales, les rendements de certaines cultures (ex maïs ou blé) ont diminué, tandis que les rendements de certaines cultures (ex maïs, blé ou betterave) ont augmenté dans les régions de plus hautes latitudes, au cours des derniers décennies.
Le changement climatique a entraîné une baisse de taux de croissance animale et de la productivité de systèmes pastoraux en Afrique
Il y a des éléments solides montrant que les ravageurs et maladies agricoles ont déjà réagi au changement climatique, entraînant selon les contextes des augmentations ou diminutions d'infestations
Sur la base des connaissances autochtones et locales, le changement climatique affecte la sécurité alimentaire dans les zones arides, en particulier en Afrique, et dans les régions de hautes montagnes, en Asie et en Amérique du Sud.
Les terres jouent un rôle clé dans le système climatique planétaire. Les changements de l'état des terres affectent le climat global et régional, par les sources et puits de gaz à effet de serre, d'énergie, d'eau, et de particules entre la surface continentale et l'atmosphère.
Les activités agricoles, forestières et les autres usages des terres ont représenté environ 23% des émissions anthropiques nettes totales de gaz à effet de serre, soit 12 plus ou moins 3 milliards de tonnes (Gt) de CO2-équivalent par an pour la période 2007-2016.
Soit : 13% de toutes les émissions de dioxyde de carbone (CO2), 44% des émissions de méthane (CH4) et 82% des émissions de protoxyde d'azote (N2O) liées aux activités humaines, en 2007-2016.
Si l'on prend en plus en compte les émissions associées aux activités de pré et post-production, les émissions du système alimentaire mondial représentent 21 à 37% de toutes les émissions nettes anthropiques de gaz à effet de serre.
Les modèles globaux estiment des émissions de CO2 de 5.2±2.6 GtCO2/an par l'usage des terres et les changements d'usage des terres (13% du total anthropiques pour le CO2) . Elles sont principalement dues à la déforestation, en partie compensées par l'afforestation / reforestation
Pas de tendance claire pour ces émissions depuis 1990
Le secteur des terres représente 44% des émissions de méthane pour 2007-2016. L'élevage de ruminants et l'expansion de la culture du riz sont des contributeurs importants à la hausse de la concentration de méthane dans l'atmosphère.
Les émissions de N2O de ce secteur augmentent, et pèsent pour 82% du total des émissions anthropiques de N2O.
Les émissions anthropiques de N2O des sols sont principalement dues à l'application d'azote, y compris ses inefficacités (sur-application ou mauvaise synchronisation avec les moments correspondant aux besoins des cultures).
Il y a également une augmentation importante des émissions des pâturages gérés, en raison de l'augmentation des dépôts de fumiers. Le bétail des pâturages gérés et des parcours libres a représenté plus de la moitié des émissions anthropiques totales de N2O du secteur agricole.
Il est projeté que les émissions associées à la production agricole vont continuer à augmenter, pilotées par l'augmentation de la population et des revenus, et par l'évolution des modes de consommation.
La réponse naturelle des terres aux changements environnementaux provoqués par les activités humaines, comme la hausse de la teneur en CO2, le dépôt d'azote, et le changement climatique, ont conduit à une absorption nette de carbone de 11,2+/– 2.6 Gt de CO2 par an (2007-2016),
soit environ 29% de toutes les émissions mondiales anthropiques de CO2.
La somme de ces éliminations nettes (à cause de cette réponse) et des émissions nettes du secteur AFOLU (agriculture, forêts, usage des terres) donne une absorption nette de 6.0+/-2.6 GtCO2/an (2007-2016)
Les terres sont à la fois une source et un puits de CO2, à cause des facteurs anthropiques et naturels, ce qui complique la séparation des flux anthropiques et naturels
Les modèles globaux et les inventaires nationaux d'émissions utilisent des méthodes différentes pour estimer les émissions et éliminations anthropiques de CO2 pour le secteur des terres.
Ces 2 approches sont en bon accord pour les changements d'usage des terres incluant les forêts (déforestation, afforestation) mais diffèrent pour les forêts gérées.
Les modèles globaux considèrent comme forêts gérées les terres faisant l'objet d'une exploitation alors que les inventaires nationaux utilisent une définition plus large
Sur cette zone plus vaste, les inventaires peuvent également considérer la réponse naturelle aux changements environnementaux induits par l'homme comme anthropique, tandis que l'approche des modèles globaux traite cette réponse comme faisant partie du puits naturel
La prise en compte des différences de méthodes peut améliorer la compréhension des estimations des émissions nettes du secteur des terres et leurs applications.
Dans le futur, il est projeté que les augmentations nettes d'émissions de CO2 par la végétation et les sols (dues au changement climatique) vont contrebalancer les absorptions accrues (dues à l'effet fertilisant du CO2 et à l'allongement de la saison de croissance)
L'équilibre entre ces processus est l'un des principales sources d'incertitude pour évaluer l'avenir du puits de carbone terrestre
En particulier, le potentiel d'augmentation du carbone organique dans le sol diminue à mesure que le changement climatique s'intensifie, car les sols ont une capacité à servir de puits pour la séquestration du carbone qui diminue lorsque la température augmente
Enfin, le dégel du pergélisol qui va se poursuivre devrait augmenter la perte de carbone des sols. Au cours du 21ème siècle, la croissance de la végétation dans ces régions pourrait en partie compenser cette perte.
Enfin, les changements dans l'état des terres, du fait de l'utilisation des terres ou résultant du changement climatique, affectent le climat régional.
Cela peut réduire ou accentuer le réchauffement, et affecter les caractéristiques des changements d'évènements extrêmes, leur intensité, leur fréquence.
Ainsi, des conditions de sol plus sèches peuvent augmenter la sévérité des vagues de chaleur, et, vice versa, des sols plus humides la réduire.
Quand le couvert forestier augmente dans les régions tropicales, l'augmentation de l'évapotranspiration induit un rafraîchissement.
Pour les autres points clés de ce rapport, pour les projections, les risques, les options de réponses intégrées (adaptation, atténuation, pression sur les terres), leur mise en oeuvre, et l'action possible à court terme,
je vous renvoie à la vidéo complète (cf début fil) ou au site web du rapport, ipcc.ch/report/SRCCL

Pour le moment les traductions en français officielles ne sont pas disponibles, mais il y a une traduction citoyenne du résumé pour décideurs ici :

citoyenspourleclimat.org/2019/03/24/inf…
FIN.
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