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Rédaction #PHR #PQR, thread veille : on va apprendre à aller chercher de l’information sans attendre quoi que ce soit des pouvoirs. Parce que je sais à quel point certains chefs refusent l’affrontement par peur de ne plus recevoir les communiqués des mairies, entreprises etc...
Il va sûrement y avoir des choses évidentes pour certains, parce qu’ils savent bosser ou qu’ils ont suffisamment d’expérience. J’écris ici pour un étudiant qui sortirait d’école de journalisme, ou pour un autodidacte… ou pour un vieux de la vieille qui voudrait se rafraîchir.
Côté réseaux sociaux, c’est simple. Utilisez Twitter, abonnez-vous à tout le monde dans votre coin, laissez vos DM ouverts et lisez-le pendant les temps d’attente fréquents en reportage. Sur Facebook, abonnez-vous à tous les groupes publics comme privés locaux, il y a des perles.
Attention : essayez, je vous en supplie, de ne pas reproduire les travers du journalisme web national. Les RS constituent souvent d’excellents points de départ, ou permettent de récolter des réactions publiques. Mais ça ne dispense pas d’appeler ou d’aller sur le terrain !
Côté réseaux sociaux de la vraie vie, avant, les localiers avaient le temps de traîner dans les bars avec leurs oreilles grandes ouvertes et des relations sociales poussées. Cette époque bénie est terminée : pas le temps ! Alors, comment on fait ?
Et bien, on se saisit de chaque sortie, de chaque reportage, pour discuter avec les gens. Et surtout pas que du sujet ou reportage du jour : on prend un peu de temps, on file ses cartes de visite à tout le monde, et on papote de la commune, de l’entreprise.
La question ouverte est ici reine, à base de "et vous pensez quoi de *insérer point d’intérêt* ?" ou avec des "et sinon, il y a des choses dont on devrait parler qu’on a loupé ?". Ne pas parler qu’aux institutionnels hein : cherchez les observateurs, les malins et les emmerdeurs.
Alors c’est exigeant, parce qu’on doit rester 30 min de plus à la fin des réunions publiques, des conseils municipaux, et faire un peu traîner ses reportages. Et il faut montrer ou feindre de l’intérêt, ça donne envie aux gens de parler, de vous tester si vous êtes nouveau.
Vous verrez assez vite que ça paie. Progressivement, vous en profiterez pour faire le suivi de vos papiers au détour d’un reportage, ramènerez infos et sujets à votre rédaction. Sans oublier que les gens se parlent, y compris pour se dire ce qu’ils pensent de tel ou tel localier.
J’en profite : gardez toujours en tête que votre travail dépend de vos contacts. Donc une personne croisée = un 06 récupéré et mis dans le répertoire avec tous les détails utiles. N’hésitez pas à insister à mort, notamment avec les élus qui sont parfois de grands timides.
Je vous promets qu’un jour, vous serez ravi de pouvoir appeler le boulanger Tartempion, le 8e adjoint au maire ou Mme Michu, que vous aviez croisés en reportage il y a deux ans dans cette petite commune inondée dans laquelle vous n’allez quasiment jamais...
Revenons à internet. Faites-vous un tableau des sites des mairies, institutions et entreprises de votre coin, avec les liens directs vers : les actualités, l’agenda, le mag' communal, les ordres du jour et/ou compte rendus de conseils municipaux. Épluchez ça régulièrement.
Et quand je dis éplucher, ça signifie que oui, il va falloir se fader des centaines de pages par mois, avec un œil acéré : les mairies mettent parfois des choses captivantes dans leurs bulletins, mais rarement en Une ! Idem pour les délibérations des conseils municipaux…
La collectivité n’est pas une grande amoureuse de la démocratie ? Il va falloir vite vous rapprocher des oppositions politiques, et mettre en place l’envoi systématique des délibérations en pdf avant les séances publiques. Et ne vous reposez pas sur un seul élu…
On n’oublie pas non plus de lire les recueils des actes administratifs (RAA) et enquêtes publiques des préfectures (une mine d’infos !), comme les publications de la Driee, de la Chambre régionale des comptes, de l’agence de l’eau et autres institutions locales de l’État.
On va aussi s’inscrire fissa au BODACC, les infos officielles des entreprises (création, liquidation, redressement judiciaire), et y poser des alertes. La publication est obligatoire, la consultation gratuite, à utiliser surtout en ruralité (sinon volume très important).
Idem pour le Journal officiel des associations, ça vous permettra de savoir lesquelles sont créées, scindées ou changent de dirigeants. Très pratique en période préélectorale, par exemple, pour repérer des listes en train de se monter.
Ce temps "perdu", considérable, nécessite d’en trouver ailleurs : répartissez la veille si besoin, arrêtez les déjeuners avec les élus qui ne sont pas en "on" et pour des sujets précis, refusez les rendez-vous réguliers que vous proposent souvent les communicants.
Mais cette veille vous permet d’obtenir de belles exclusivités, qui plus est assurées : vous partez d’un document. La collectivité, l’entreprise, l’Etat ne souhaite pas commenter ? Grand bien leur fasse, vous n’avez pas besoin d’eux pour votre article. Le pouvoir change de camp.
Cet effort extensif qui offre des informations plus ou moins publiquement disponibles (mais pas toujours très accessibles) vous permettra par ailleurs de repérer les sujets chauds de chaque commune, afin d’être pertinent quand vous papotez en reportage.
Mais aussi de vous conserver la possibilité de venir quand un conseil (ou des vœux par exemple) s’annonce chaud sans dépendre de l’appel d’un élu qui servira forcément son propre intérêt. Vous verrez, les élus s’habituent vite : s’ils vous voient débouler, c’est mauvais signe ;-)
Autre ressource de veille, à utiliser avec jugeotte pour ne pas perdre de temps : les alertes Google. Par exemple, vous voulez savoir les docs publiés sur le site de la préfecture du 78 ? Un petit "filetype:pdf site:yvelines.gouv.fr" vous les enverra au fil de l’eau.
Ces alertes sont à utiliser par essais, puis à affiner en supprimant ou reformulant celles qui inondent votre boîte mail sous un déluge inutile. Gardez les plus intéressantes, celles qui tombent peu souvent mais avec des liens que vous n’auriez pas trouvé par les autres canaux.
Tous ces moyens de veille numérique doivent vous permettre de dégoter des documents ou des points de départ (parfois dans des forums par ex.). Avec un volume suffisant pour vous passer de trouver vital le communiqué envoyé à tout le monde…
Les courageux qui sont encore là à me lire, vous avez eu raison. Je vais maintenant vous filer la crème de la crème de la veille numérique locale, très peu utilisée alors que c’est l’équivalent de la bombe atomique pour le journaliste : les marchés publics.
Une collectivité, entreprise publique, un office HLM veut étudier la faisabilité d’un projet ? Lancer un chantier d’envergure ? Solliciter des consultants ? A partir d’un certain seuil (récemment relevé, snif), elle a l’obligation légale de diffuser publiquement l’appel d’offres.
Pour être au courant, il faut s’inscrire sur le BOAMP qui en est le recueil public. Puis y créer des alertes : attention vous avez droit à 5 maximum. Utilisez l’opérateur booléen "OU" pour faire des alertes multi-communes sur tout votre terrain de couverture (merci @manhack).
Vous recevrez alors tous les appels d’offres publics dans chaque commune. Il faut ensuite être rapide, car les documents ne restent publics que quelques semaines, et persévérant car ils sont déposés sur des plateformes non uniformisées.
Ce que vous cherchez dans la page du BOAMP est donc, idéalement le lien direct vers l’appel d’offres, plus fréquemment l’indication de la plateforme (comme Maximilien en Île-de-France) pour y rechercher votre précieux.
Et insistez surtout, creusez-vous les méninges : certaines plateformes sont très simples d’utilisation, permettant de récupérer les documents facilement sans inscription, d’autres sont plus retorses et vous obligent à fouiner pour trouver les documents.
On trouve quoi dans un appel d’offres ? Et bien, ça dépend ! La première chose qui vous intéresse est le CCTP : c’est le document technique de base qui définit l’appel d’offres, vous verrez que certaines collectivités sont bavardes (bien !), d’autres moins…
Ensuite, tout le reste est à éplucher, en particulier au début : progressivement, vous apprendrez à repérer ce qui contient de l’information utile et ce qui est une lecture inutile. S’il y a plusieurs centaines de pages, utilisez la recherche (Ctrl+F en général).
Le BOAMP vous signalera également dans un 2nd temps les résultats de marché, c’est-à-dire l’entreprise retenue et à quel tarif, toujours pratique pour le suivi (et ne pas dépendre des pouvoirs, toujours). Surtout : gardez tous ces appels d’offres précieusement dans vos archives !
Il arrive en effet fréquemment qu’un appel d’offres ne puisse être traité sur le moment faute de temps ou d’ y repérer ce qui importe… jusqu’à ce qu’il vous apparaisse en fait vital ou comme pouvant comprendre un chiffre important.
Et là, si vous ne l’aviez pas téléchargé sur le moment puis archivé, il vous sera impossible de retrouver les documents… tellement rageant ! Et ce n’est pas parce que l’info paraît négligeable qu’il ne faut pas se le mettre de côté…
Ex : une annexe d’un diagnostic énergétique commandé pour une école vous apprend que celle-ci est amiantée. Ou l’hôpital du coin qui cherche un expert-comptable et balance dans les annexes un topo exhaustif de ses finances comme de son personnel. Utile !
Pour la plupart des projets, l’appel d’offres vous donne des informations extrêmement fiables, et c’est un document citable. Vous découvrirez alors que la plupart des mairies communiquent en aval des marchés publics, donc ça vous fait des exclus à gogo.
Une seule réserve : il faut toujours citer votre source et préciser que les estimations de tarifs et délais peuvent changer selon les suites de l’appel d’offres. Ils sont parfois infructueux, et vous connaissez le BTP qui est une science assez inexacte…
Par ailleurs, comme précédemment, si la collectivité ne veut pas commenter, c’est son droit mais elle apprendra rapidement que cela n’est plus un frein pour la publication de votre papier, car vous disposez des mêmes informations que les entreprises prestataires.
Ça signifie aussi que vous cessez de vous reposer sur les élus et les services municipaux, dont vous ne dépendez plus du tout : ni pour les agendas, ni pour les grands travaux, ni pour les conseils municipaux. Fini les plans com’ intégrant le gentil localier incompétent !
Autre effet très positif : vous apprenez à éplucher efficacement des documents administratifs, et comme ce sont des sources à part entière, vous pouvez être précis et exact sur les chiffres (alors que les élus…). Choses appréciées des lecteurs et connaisseurs du dossier.
Fin provisoire du thread veille locale, il sera enrichi de mes oublis et de toute autre technique ou outil qu’on m’indiquera en commentaire : n’hésitez pas à ajouter votre pierre à ce petit édifice qui se veut efficace et concret, ou à poser des questions.
Premier ajout, d'un des rares maîtres du BOAMP que je connaisse dans le journalisme français. Merci @manhack (encore) !
Un oubli de ma part, sur une veille microlocale vitale pour les ruraux et petites villes (ou si vous avez le temps, toujours ce satané temps) : passez chaque semaine lire le tableau des permis de construire et de démolir, vous saurez avant tout le monde qui construit quoi.
Sachant qu'ils sont affichés lors du depôt, et que leur consultation intégrale (impossible de vous la refuser) débute après acceptation (délai de 2 mois max. après dépôt). Vous avez alors tous les documents concernant un projet : plans, architecte, surface etc etc. Du pain béni !
Ajout pour les suivis de page Facebook, merci @j_bouteiller ! Par ailleurs, depuis un peu plus d'un an, les "pages" peuvent s'abonner à des groupes (sauf interdiction des administrateurs), donc on peut se servir du compte du journal ou bureau local.
Et un autre conseil du même mais sur Twitter, afin de ne rien rater de ceux qui twittent des trucs en général importants mais tous les 36 du mois...
Petit conseil de veille terrain, merci @phmellet ! J'y reviendrai dans un autre thread, parce que ça implique de déjà bien connaître les statuts des uns et des autres afin de ne pas se faire escroquer...
Autre excellent conseil, merci @ValerieAMaitre : n'oubliez pas les églises, mosquées, temples et synagogues dans votre veille institutionnelle. En général il vaut mieux suivre leurs pages Facebook, plus fréquemment mises à jour.
Et une précision utile, car je n'ai pas été clair : si les sections Actu de leurs sites sont peu mises à jour, les bulletins paroissiaux des catholiques sont généralement plus complets que les pages Facebook.
Un ajout de @droumar pour les pauvres hères à qui il serait exigé de faire des micro-trottoirs...
Conseil réseaux sociaux : sur les événements de grande ampleur, pensez aux Story Snapchat et Instagram, qu'on peut chercher geographiquement.
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