, 79 tweets, 15 min read
My Authors
Read all threads
Rédaction #PHR #PQR, thread terrain et ingénierie sociale : celui-là est un gros morceau, on va discuter savoir-faire et savoir-être (pour parler comme Pôle emploi), afin de tirer les vers du nez de nos interlocuteurs… et gérer les multiples pressions d’une rédaction.
Double disclaimer : d’abord, ce thread est très lié à mon propre caractère, je vous invite à y piocher ce qui vous servira ; ensuite, préparez-vous à absorber une grosse dose de roublardise et d’hypocrisie, parce qu’un journaliste droit dans ses bottes fait rarement de vieux os.
On va commencer par le moins pervers : le terrain (LE TERRAIN LES GARS !), ou l’âme du journalisme local (et du journalisme en général, mais l’époque n’y est pas très favorable). D’abord, comment être suffisamment efficace alors que les moyens sont réduits ?
Le premier secret n’en est pas vraiment un : au moins au début (nouveau journaliste ou nouveau poste), oubliez vos heures de travail, votre qualité de vie, ou toute notion de déconnexion. Le journalisme de qualité est excessivement exigeant (et on mérite de meilleurs salaires).
Donc cette réunion publique hyper-croustillante à 20 h au milieu de rien, ben soit vous la filez au pauvre correspondant local du coin qui va vous rendre un compte-rendu torché malgré les heures passées, soit vous vous y collez avec votre œil de connaisseur. Pas cool pour vous...
Deux autres grands secrets des meilleurs professionnels que j’ai eu l’occasion de croiser : soyez irrésistiblement sympathique et ouvert d’esprit (au moins dans vos relations sociales professionnelles). Dites-vous qu’on file rarement des infos à un connard obtus.
Classez mentalement chacun de vos interlocuteurs, et gardez ça dans un coin de votre tête. Untel est bon client mais pas fiable, bidule a une grande gueule et connaît ses sujets, machine ne dit jamais rien spontanément mais ne vous mentira pas et répondra avec la bonne question.
Éliminez rapidement la pire engeance de ce métier : les gens beaucoup trop sympathiques qui ne s’expriment jamais sans arrières-pensées. Les politiques excellents communicants en font souvent partie, et engagent un jeu de manipulation qu’il faut absolument refuser.
Comment gérer le off avec les politiques (qui en usent et en abusent) ? Si vous refusez systématiquement, ce qui n’est pas un mal, il faut l’annoncer d’emblée. Si vous l’acceptez, utilisez-le avec beaucoup de précautions (perso 99 % du temps je n’utilise pas, trop risqué).
Parce que dites-vous bien qu’en général, le/la politique a plusieurs coups d’avance sur vous. Ce que vous imaginez comme un propos intéressant, lui/elle va surtout le voir comme un moyen de faire progresser ses intérêts propres. Soyez-en au moins conscient…
Les appels, les entretiens sur des sujets précis : n’attaquez jamais par LA question sensible ! Exposez le motif de votre appel de la manière la plus neutre et nébuleuse possible, sans vous mouiller personnellement : vous, vous voulez sincèrement comprendre.
Ce qui permet d’engager une relation sociale avec l’autre. Alors, faites-vous raconter une séquence, un dossier (même si vous en savez déjà plus que lui/elle), laissez-les gentiment exposer leur point de vue. Même dans le jus, feignez d’avoir tout le temps devant vous.
Quand l’autre parle, digresse, revient au sujet et explique sa perception, ça vous donne des infos et des idées de questions auxquelles vous n’auriez pas pensé ! Et ça permet de ferrer son client : on envoie rarement chier quelqu’un avec qui on papote cordialement depuis 15 min.
N’hésitez pas à interrompre en vous excusant pour faire préciser des points précis ou obtenir des choses manquantes : c’est plutôt bien pris, et ça évite les trous. Dites-vous bien que ce n’est jamais la faute de l’autre si vous avez oublié des éléments ! C’est VOTRE boulot.
Une fois l’explication ou le plaidoyer terminé, vous pouvez gentiment resserrer vos questions, jusqu’à celle qu’en fait vous vouliez réellement poser. N’hésitez pas à vous abriter derrière "on m’a dit que", "certains critiquent" ou "je ne comprends pas ce point".
Parce qu’ainsi ce n’est pas vous qui mettez l’interlocuteur sur la sellette, vous n’êtes qu’un messager. Là encore, hors des vrais cons finis (il y en a), que l’interlocuteur comprenne votre objectif ou non, il lui est dur d’interrompre brutalement la conversation...
Comment conclure ? C'est très simple me concernant : "Est-ce que j'ai oublié quelque chose, n'ai-je pas oublié un détail, un aspect ou une info ? Si j'ai oublié des choses, n'hésitez pas à me les indiquer, je veux apporter une information complète." Ça m'a déjà sauvé.
Parfois, on est obligé d’envoyer une liste de questions par courriel, et là, c’est beaucoup plus compliqué pour jouer ce jeu social. Là aussi, j’aime formuler mes questions de la manière la plus inoffensive possible (j’appelle ça une Pujadas). Mais sans rien lâcher sur le fond !
Dans les événements institutionnels (vœux, conseils municipaux, et autres buffets), laissez traîner vos oreilles pour capter des bribes de conversations, des gens de pouvoir comme des citoyens lambda, et examinez attentivement les relations des uns et des autres.
Tiens, bidule et machin sont en froid. Tiens, que peut donc dire avec autant de sérieux et la lèvre tremblante cet élu au sous-préfet ? Ah, le second adjoint très ambitieux n’a pas l’air apprécié des responsables associatifs. On apprend beaucoup en observant silencieusement.
Dans la plupart des coins, les gens ont plusieurs casquettes et les microcosmes restent étroits. Le point positif est bien énoncé par @phmellet ci-dessous.
Le volet négatif est qu'il ne faudrait pas citer un président d'asso en oubliant de préciser qu'il est aussi élu ! En réunion publique, demandez donc discrètement qui est ce Monsieur qui parle haut et se présente comme habitant ou responsable associatif, ça évitera des bévues.
Technique hypocrite puissance 1000, très utile en territoire contraint avec forte pression politique. Tel élu vient vous gueuler dessus pour une info gênante ? Ben vous, vous avez juste trouvé ça intéressant, et pas du tout scandaleux pour lui, pouvez-vous répondre.
De manière générale, dans une zone à contraintes fortes, soit vous êtes prêt à partir en guerre (donc vous êtes sûr de votre hiérarchie…), soit vous faites l’anguille.
Vous n'êtes qu'un petit bonhomme curieux de tout, inconscient des conséquences. Jouer au con donne aussi un échappatoire à votre chef : "Laisse tomber il est bête il a pas vu que c'était dangereux pour toi", peut-il répondre à un politique puissant et agressif.
Autre technique de base : essayez de connaître au mieux votre sujet avant d’aller sur le terrain, sinon vous allez passer pour un débile et on ne vous filera pas d’infos (ou pire, on vous manipulera). Notre boulot c’est donnant-donnant, l’intérêt intellectuel en fait partie.
Tant que j’y suis : poser les bonnes questions, c’est une part importante du métier. Beaucoup de gens sont prêts à vous répondre, mais ils ne vous mâcheront pas le travail ! Là encore, c’est votre boulot. Une conférence de presse peut être géniale ou à chier juste à cause de ça.
Au pire du pire, si vous êtes complètement à poil, soyez franc et faites-vous expliquer le sujet par différents interlocuteurs du reportage. Ça les mettra à l’aise, et rien qu’en observant les différences entre les récits des uns et des autres, vous apprendrez beaucoup de choses.
Prêcher le faux pour savoir le vrai et confirmer des infos : parfois, il faut un peu provoquer un interlocuteur en le piquant au vif avec une connerie, il va s’emporter et lâcher des infos qu’il n’avait pas prévu juste parce qu’il est furieux qu’on vous ait mal renseigné.
Ex : aux vœux, vous allez voir l’élu qui parlait de façon agitée avec le sous-préfet. "Je vous ai vu, ça avait l’air chaud, la préfecture vous a fait un mauvais coup ?" Là, soit l’élu confirme votre ballon d’essai, soit il se ferme, soit il dément et vous balance la vraie raison.
Mais on peut aussi prêcher le vrai ! Ex : on m’avait dit qu’une mairie avait porté plainte, mais je n’avais qu’une source fiable et pas de doc. J’ai un élu au téléphone, je lui dis "Je sais que vous avez porté plainte." Il répond : "Oui, mais je ne veux pas en parler." Bingo !
Établissez de bonnes relations avec les concurrents, filez une photo s’il ou elle demande, des contacts, et des infos relativement anodines pour vous. Déjà, il vous rendra la pareille, ça sert. Ensuite, ça permet d’établir une relation de confiance pour la suite.
Car la suite, c’est qu’à un moment dans votre carrière, il est possible que ce confrère vous file une info qu’il n’a pas le temps ou la capacité de traiter (pour plein de raisons, plus ou moins avouables). Vous avez alors gagné une source précieuse !
Comment être productif malgré l’étouffoir des services communication ou des dircab’ des élus et institutions ? Contournez, contournez… enfin, en général, je rends ici hommage aux rares communicants qui savent bosser vu du localier (rarement les anciens journalistes d’ailleurs).
Exemple : un conseil communautaire avec une centaine de maires ? Faites une liste de courses en amont, sur vos sujets sensibles, enquêtes, suivis etc. Arrivez avant, partez en dernier. Dans l’intervalle, dès que vous voyez un élu pour qui vous avez des questions, interceptez-le.
Alors, évidemment, soyez subtil tant qu’ils ne sont pas habitués. Jouez-la naturel : vous croisez une tête connue, vous lui dites bonjour, vous papotez 30 s de trucs anodins, et puis feignez le souvenir soudain de sujets en cours dans sa collectivités.
Au fait, qu’en est-il de tel projet ? Par ailleurs, vous venez de voir passer un appel d’offres, vous le trouvez vachement intéressant, il peut vous dire tel et tel détail sur lequel vous vous interrogez ? Parfois, ils vous renvoient à un entretien : calez-le immédiatement.
Un bon conseil municipal, communautaire ou départemental, ça peut ainsi faire avancer une demi-douzaine de sujets sans rapport avec les délibérations présentées. En général, les élus le vivent bien (appliquez les techniques présentées plus haut pendant l’échange).
Ce qui n’est certainement pas le cas des communicants qui les entourent ! Avec eux, jouez l’hypocrisie à mort : vous avez croisé l’élu, et une question vous a traversé l’esprit, il était normal de la poser. En plus, vous ne saviez pas que c’était polémique…
En gros, si vous bossez bien et suffisamment finement, vous allez être la bête noire des responsables com’ et dircab’ de votre coin. Oh, ils vont essayer tout ce qui est à leur portée, et sont capables des bassesses les plus minables, n’en doutez pas.
Mais comme les élus vous apprécient parce que vous êtes précis, que vous connaissez les dossiers, que vous montrez une sincère curiosité et qu’en plus, vous ne leur faites pas perdre leur temps (parce qu’un élu intercepté, tout est bouclé en 5-10 min), ils l’ont dans l’os.
Il m’est ainsi déjà arrivé de caler un reportage de 3h sur un événement peu intéressant qui finira en brève, juste parce que tel élu, ou le sous-préfet (ou le patron de Bouygues immobilier, du vécu) sera présent et qu'on avait des questions sensibles sur un tout autre sujet :-)
Parfois, les communicants vont faire un scandale en vous "expliquant" qu’il faut passer par eux. Jouez le jeu une fois, deux fois, trois fois. Si vous n’obtenez pas rapidement des retours pertinents ou des entretiens, recommencez votre manège au nom des réponses dues au lecteur.
Attention : vous n’êtes pas ami avec les élus (perso : vouvoiement systématique, sans exception, et zéro échange sans but journalistique). Mais comme ils vous respectent (vous êtes si sympa en plus), son ou ses Iago restent impuissants à les empêcher de vous parler.
Autre chose absolument indispensable : n’hésitez jamais à demander les documents dont on vous parle. Quelqu’un dit qu’il a porté plainte en réunion publique ? Allez le voir à la fin et obtenez cette plainte, c’est beaucoup plus solide que "bidule dit qu’il a porté plainte".
Du même ordre, en réunion publique ou en conseil municipal, enregistrez au cas où, et prenez en photo tout ce qui est projeté. Il n’est pas rare qu’on vous refuse un Powerpoint en fin de réunion, ou qu’un truc vous ayant échappé sur le moment soit important plus tard.
Autre chose, pour avoir un interlocuteur : ne vous contentez pas d’un appel et d’un message, on est en 2020 bon Dieu ! Doublez a minima d’un sms si vous connaissez l’interlocuteur, et sinon, c’est courriel + appel + message + sms + MP Twitter/Facebook.
Stratégie extensive à renouveler autant de fois que nécessaire, en variant les approches : sympa d’abord, ensuite inquiet pour votre interlocuteur (vous voulez sa perspective mais le papier va être publié !), enfin précis/menaçant mais de façon doucereuse (ce serait si dommage).
Dernière carte possible : juste avant la deadline donnée initialement (choisie plus courte que la réalité), expliquez que vous avez convaincu votre chef de repousser un tout petit peu pour vraiment se donner une chance d’exposer les différents points de vue (donc le sien).
Tant qu’on y est, en cas d’info "dangereuse", feuilletonnez. Ça donne une chance au mis en cause d’en sortir par le haut… et sinon, ça empêche une stratégie de riposte élaborée de marcher car vous avez une deuxième salve pire que la première (ou qui la prouve définitivement).
Par ailleurs, protégez toujours vos infos et vos sources comme votre bien le plus précieux : ne parlez jamais trop à vos interlocuteurs ou aux confrères. Dites-en le minimum nécessaire pour créer un lien social ou faire avancer une discussion.
Ce qui fonctionne dans le sens inverse aussi : posez plein de questions, tout le temps et à tout le monde, toujours en en disant le moins possible de votre côté. Cette dissymétrie informationnelle vous est absolument vitale afin de ne pas passer pour un panier percé…
Car qui vous parlera de choses sensibles s’il sait que vous parlez de tout à tout le monde ? Un journaliste qui pose plein de questions et s’intéresse se forge une réputation de compétent, qu’il démolit s’il divulgue trop de choses lui-même.
Autre astuce utile : misez sur les mécontents. Anciens agents municipaux, chefs de service brouillés avec les élus, militants politiques déçus ou frustrés. Mais attention, ce que vous cherchez chez eux, ce sont des infos fiables et des documents, pas des ragots inutiles.
Encore un truc : si vous êtes intégré à un méga-dispositif de com’ (ex : visite d’un ministre à l’usine du coin), cherchez à y échapper à tout prix ! Tentez des échanges avec des salariés lambda, avec les confrères du national, appelez les syndicats après…
Autre chose toujours, ne donnez jamais de date de publication à vos interlocuteurs post-entretien, car ça peut toujours changer (ou votre papier finir trappé, j’y reviens plus bas). Rester flou, c’est ne pas décevoir quelqu’un qui vous pensait fiable !
Par contre, un point sur lequel il ne faut jamais être flou : les conditions d’attribution. Soit c’est on ("vous serez cité avec votre nom"), soit c’est off ("vous serez cité sans dévoiler votre identité"), soit c’est on background (zéro citation). Comme ça pas d'engueulades.
Normalement, vous êtes beaucoup moins nombreux qu’au début, ça tombe bien, les bonnes astuces se méritent ! Parce qu’on va parler de la manière de gérer les pressions traditionnelles de la locale dans la rédaction. Et des moyens de bosser honorablement quand même.
On va commencer par le cas le plus évident : votre chef bloque un papier avec des motifs visiblement bidons. Soit vous faites un scandale, je ne conseille pas. Par contre, il est tout à fait possible de filer le sujet à un concurrent…
Choisissez bien le confrère (mais normalement, si vous avez bien lu, vous avez de bonnes relations avec tous et savez qui est fiable ou pas). Et passez-lui cette belle info en lui disant que chez vous c’est impossible. Il ou elle sera ravi de votre confiance et de l’exclu !
Ce ne sera jamais dit, mais lui saura ce qu’il s’est passé, et à qui il doit ce beau papier qui lui a valu les félicitations de ses chefs. Gardez le compte des services rendus entre vous et vos confrères, et sachez solliciter élégamment celui qui vous en doit un.
Précision : ne jouez pas à ce petit jeu avec vos sources, vous allez terminer à écrire des articles sur des sujets nuls juste pour leur faire plaisir. Une source doit vous informer parce que votre réputation l'y invite, pas pour services rendus ou car vous êtes manipulable...
Filer au confrère peut aussi vous permettre de le sortir, votre papier : il a été publié hier par la concurrence, ferez-vous valoir à votre chef. En cas de manque de journaux concurrents (ou de médias qui puissent publier votre sujet chaud), une seconde technique.
Celle-ci nécessite plus de connaissance du terrain, parce que vous allez devoir faire confiance à un élu d’opposition. Filez-lui le strict nécessaire pour qu’il pose une question en conseil municipal. Du coup c’est public, pourquoi ne pas publier, arguerez-vous alors ;-)
Dans le pire des cas, et si votre info est d’envergure nationale, filez-la au Canard Enchaîné ou à un autre titre parisien intéressé. Sachez que ça se fait beaucoup entre journalistes/médias nationaux, car eux non plus ne manquent pas de pressions parfois intenses.
Autre sujet éternel de discussion dans les rédactions : comment trouver le temps pour enquêter ? Soit vous avez des chefs qui le souhaitent et vous dégagent des heures, soit il va vous falloir pondre des sujets peu chronophages et "voler" des heures de travail. En douce.
Encore un classique : comment faire passer un sujet qui n’intéresse pas votre chef (pour des raisons strictement éditoriales cette fois-ci…) ? Soyez malin : emballez-lui dans l’angle ou avec l’approche à laquelle il sera sensible plutôt que de vous engueuler frontalement.
Votre chef vous fait faire des sujets que vous trouvez merdiques, hors ligne éditoriale, ou qui sont du copinage ? Deux options : d’abord, le clash, qui peut se conclure par un non-renouvellement de CDD et bannissement du journal (déjà vu, témoignage de première main).
Je recommanderais de plier l’échine temporairement, quitte à lui rappeler discrètement quand vous avez à votre tour un papier hors ligne ou qui l’intéresse moyennement. Dites-vous bien qu’une relation sociale s’exerce toujours dans les deux sens (à part avec les vrais cons).
Si vous êtes un chef, et que vos chefs à vous ont peur de certains élus, ou du préfet, jouez du privilège qui est le vôtre : titrez innocemment, voire carrément mou ou chiant, et planquez l’info. Les gens puissants dépassent rarement l’édition, ou lisent en diagonale.
Bon, faites gaffe quand même aux communicants, dircab’ et autre hauts fonctionnaires territoriaux, car certains se feront un malin plaisir de signaler ce que vous aviez dissimulé. Même si la plupart des élus s’en foutent un peu tant que ce n’est pas un gros titre.
Ce qui serait un très bon argument pour être agressif en tant que média local d’ailleurs ! Mais ce thread est destiné à aider des journalistes en prise avec la réalité de leurs rédactions et des terrains qu’ils couvrent, pas à révolutionner tout le secteur.
Dernier point, général : partez du principe que tous vos échanges privés sur le terrain, au téléphone ou par messagerie/courriel, peuvent être rendus publics. Ça vous aidera à ne pas trop en dire, à rester un peu insaisissable, et toujours le plus sympathique du coin.
Il sera alors impossible à un élu ou à un fonctionnaire malfaisant d’appeler votre chef (voire le chef de votre chef) en disant "vous avez vu il a dit ça à tel opposant il me déteste bougez-le" (c’est arrivé, avec parfois une mutation à la clé).
J'oubliais : bossez bien, soyez le plus carré possible si vous voulez travailler sur des sujets sensibles et/ou intéressants. Moins vous aurez de fils qui dépassent, moins vos ennemis ou vos chefs pourront tirer dessus pour en faire des reproches-alibis...
Comme pour toute cette série de threads autour du journalisme local, vous êtes évidemment les bienvenus pour en discuter, poser des questions, ou filer d’autres astuces de terrain et d’ingénierie sociale aux confrères et consœurs qui le lisent.
Premier oubli : un papier dont vous savez que votre chef ne le validera jamais, trop chaud pour lui ? Ne lui en parlez pas. Attendez ses vacances et faites-le publier par son adjoint qui n'y voit pas de problème, lui ! Comme ça, impossible de vous reprocher une insubordination.
Excellent conseil de @AlexandreLenoi2, pour les conférences de presse, mais c'est pertinent aussi pour pas mal d'événements à couvrir sur le terrain. Venir bien avant et partir en dernier prend du temps mais vaut le coup !
Un très bon exemple d'ingénierie sociale au sein de sa propre rédaction, merci les pigistes de @ExtraMurosPress !
Missing some Tweet in this thread? You can try to force a refresh.

Enjoying this thread?

Keep Current with Loris Guémart

Profile picture

Stay in touch and get notified when new unrolls are available from this author!

Read all threads

This Thread may be Removed Anytime!

Twitter may remove this content at anytime, convert it as a PDF, save and print for later use!

Try unrolling a thread yourself!

how to unroll video

1) Follow Thread Reader App on Twitter so you can easily mention us!

2) Go to a Twitter thread (series of Tweets by the same owner) and mention us with a keyword "unroll" @threadreaderapp unroll

You can practice here first or read more on our help page!

Follow Us on Twitter!

Did Thread Reader help you today?

Support us! We are indie developers!


This site is made by just three indie developers on a laptop doing marketing, support and development! Read more about the story.

Become a Premium Member ($3.00/month or $30.00/year) and get exclusive features!

Become Premium

Too expensive? Make a small donation by buying us coffee ($5) or help with server cost ($10)

Donate via Paypal Become our Patreon

Thank you for your support!