Thread by @Florielvm

Aujourd'hui, je vais aborder un sujet dont presque tout le monde se fout à l'instant ou j'écris ces lignes mais qui touchera SANS AUCUN DOUTE chacun d'entre vous demain.

Avez-vous entendu parler de la #LoiAvia ?

Un thread.

Je vais parler de Facebook et de Twitter.

Il s'agit des deux principaux sites touchés par la loi, mais elle s'appliquera notamment à tous les réseaux sociaux, aux forums modérés a postériori, aux sites dédiés aux pétitions (Change.org), à Wikipédia...

Et cætera.

Rappel : Lorsqu'on s'inscrit sur un site hébergeur de contenus, on accepte de se soumettre à ses Conditions Générales d'Utilisation (CGU).

Elles rappellent souvent tout ou partie de la loi en vigueur.

Et puis il y a aussi la Nétiquette : fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9ti…

Que diriez-vous si, demain, vous ne pouviez plus exprimer sur votre réseau social préféré votre dégoût, votre désarroi, au sujet d'une situation qui vous déplaît ?

Que diriez-vous si on vous interdisait d'exprimer un avis négatif sur quoi que ce soit ?

Que diriez-vous si, après avoir publié un avis bien senti sur le Gouvernement et sa gestion désastreuse de la crise sur Facebook, ou après avoir publié sur Twitter un message dénonçant les violences policières dont vous avez été témoin, on supprimait vos écrits ?

Qui est en droit de juger si un propos, une publication, porte atteinte à l'honneur de qui que ce soit ?

Si je veux pouvoir contredire quelqu'un, dois-je le censurer ou plutôt le laisser parler pour pouvoir ensuite mieux condamner ses propos ?

Facebook est en position de juger si les publications envoyées sur sa propre plateforme sont contraires aux règles énoncées dans le contrat.

A priori, ce jugement se tient après le dépôt d'une plainte auprès de ses services.

À partir du moment où une plainte est déposée, une enquête est menée et un jugement rendu.

Facebook n'est pas un pays avec ses propres lois, il s'agit d'une organisation dont chacun des membres obéit à un règlement intérieur mais soumise aux mêmes lois que nous.

Donc si un jugement rendu par Facebook fait ensuite l'objet d'un dépôt de plainte pour atteinte à la liberté d'expression, Facebook est contraint de répondre de ses actes auprès de la justice du pays dont émane la plainte.

Jusqu'ici tout va bien.

Que se passerait-il si tous les propos signalés étaient modérés systématiquement ?

Et si certains propos, même non signalés, étaient modérés automatiquement ?

Comme toute loi qui se respecte, la loi Avia fait écho à un fait d'actualité récurrent et se veut protectrice avant d'être un frein.

On peut dire que l'esprit de la loi est tout à fait louable.

L'idée est de supprimer la haine d'Internet.

Je vais procéder par étape.
D'abord, définissons "haine".

D'après le Larousse :
"Haine, nom féminin : Sentiment qui porte une personne à souhaiter ou à faire du mal à une autre, ou à se réjouir de tout ce qui lui arrive de fâcheux."

Le Larousse donne une seconde définition particulièrement pertinente :

"Aversion profonde, répulsion éprouvée par quelqu'un à l'égard de quelque chose : Haine des armes et de la violence."

Haïr les armes et la violence semble être une haine plutôt saine, non ?

Si je tweete "je souhaite que toutes les personnes qui ont fait l'usage d'une arme sur un animal sans défense, pour le simple plaisir de tuer, meurent dans d'atroces souffrances", alors suis-je potentiellement sujette à une censure ?

Tu vois où je veux en venir ?

On part du principe que tout contenu signalé comme haineux doit être supprimé dans un délai de 24h par les plus grosses plateformes.

Cela signifie que n'importe quel chasseur qui verra mon tweet sera en droit de le signaler et Twitter aura le devoir de le censurer aussitôt.

La loi précise que c'est à l'auteur du contenu considéré comme haineux de justifier qu'il ne l'est pas.

L'auteur doit donc prouver qu'il n'est pas coupable s'il veut voir son contenu publié.

Tout cela va à l'encontre de la présomption d'innocence.

S'il n'y avait que ça...

Si Twitter ne censure pas mon tweet après son signalement et que le chasseur m'attaque en justice, alors Twitter, considéré comme complice de mes propos non modérés et devra répondre de ses actes auprès de la justice française qui devra s'exprimer sur le caractère haineux.

Comment Twitter peut gérer le nombre incalculable de signalements qui seront déposés sans un algorithme ?

Impossible.

Donc il y aura un algorithme à créer.
Mais, pour être efficace, que contiendra-t-il ?

Nul n'est parfait, ça s'applique surtout aux algorithmes.

Celui qui sera créé engendrera forcément la suppression de contenus licites provoquant ainsi une censure qui portera, de fait, atteinte à la liberté d'expression.

Depuis quand la censure est-elle une réponse à la haine ?

Vouloir la mort de quelqu'un ou de toute une population, appeler au lynchage de quelqu'un ou de toute une population, harceler quelqu'un, tout cela est du registre de la haine.

Censurer ces propos ne les effacera pas de l'esprit des gens qui en sont auteurs.

J'ai lu il y a longtemps que la lutte contre le terrorisme déclenche dans les sociétés des mécanismes de défense qui, avec la meilleure volonté du monde, provoquent une diminution progressive des libertés individuelles et donc une sortie progressive de la démocratie.

"Essayez la dictature et vous verrez !"

Ce sont des mots très forts venant d'un Président qui s'apprête à faire appliquer cette loi liberticide.

La lutte contre la haine ne passe pas par la censure.
Bien au contraire, la censure alimente la haine.
bfmtv.com/mediaplayer/vi…

Et que se passera-t-il quand le pouvoir sera entre les mains d'un autre parti politique encore moins bien intentionné ?

La définition de "contenu litigieux" que nous avons aujourd'hui restera-t-elle toujours la même ?

Qui me dit que demain, la haine ne changera pas de camp ?

Et qu'est-ce qui empêche les plateformes privées sujettes à cette loi de mettre en place des offres de censure spécifiques à destination des particuliers ou des professionnels, ou encore des personnalités publiques ou politiques qui voudront conserver une image sans tâche ?

Cette #LoiAvia loi m'interroge, beaucoup de questions se posent, mais les réponses sont plutôt faciles à trouver.

Cette loi, comme la #copyrightdirective, est dangereuse pour notre liberté d'expression, pour nos libertés individuelles.

Cette loi ne doit pas être votée.

Pour suivre des militants qui parlent de cette loi mieux que moi et qui m'aident à en comprendre les nombreux biais :
@Pyb75, @pbeyssac, @farlistener, @marmat8951, @loginn_sc2, @Xeladaren, @KhanaeLeff, @piotelat, @PartiPirate...
Et j'en oublie plein, mais suivez déjà ceux-là !