Thread by @FTarlet

THREAD: LE JEU DES ZÉRO DIFFÉRENCE ENTRE L'EXTRÊME-DROITE ET L'EXTRÊME-CENTRE

Qu'est-ce que le macrono-lepénisme ?

C'est une situation politique où deux projets autoritaires rivaux se rapprochent objectivement de plus en plus jusqu'à se ressembler. Entre une Le Pen qui ne se

déplace pas à l'Assemblée pour défendre les retraites des salariés ou abandonnant l'idée d'une sortie de l'euro, rejoignant Macron sur les fondamentaux, ou les députés LREM votant l'enfermement des enfants en situation irrégulière dans des centres de rétention, les différences

entre les deux projets deviennent de plus en plus indiscernables.

Mais c'est le partage d'un imaginaire autoritaire et d'un mépris de l'Etat de droit et des droits fondamentaux qui rassemble plus que jamais les deux rivaux-jumeaux. A tel point que le régime macroniste est à

présent objectivement défendu par la violence de membres des forces de l'ordre en roue libre dont les enquêtes montrent qu'ils votent en masse pour Le Pen, selon des méthodes qu'on aurait pensé il y a deux ans encore réservées à une éventuelle prise du pouvoir par les lepénistes.

L'imaginaire politique porté par les deux "projets" devient ainsi, de manière de plus en plus frappante, de plus en plus similaire. Quand Sibeth N'Diaye déclarait récemment que "la violence de l'Etat est légitime" par principe, on aurait pu sans commettre de contresens voir dans

cette proclamation qui légitime d'office toute dérive violente de l'Etat le fondement de la conception lepéniste du pouvoir.

Dans les deux cas, la sacralité des droits de l'individu, conquête de la modernité politique, devient un fétu de paille face à la toute puissance d'un

pouvoir conçu comme n'ayant plus aucune limite morale. Nous sommes là en présence de la conception politique commune à toutes les extrêmes droites.

Quand Macron exprime une vision de la "démocratie" où il n'a aucun compte à rendre sous prétexte qu'il est élu, il n'est nul besoin

d'une profonde imagination pour comprendre que Le Pen acquiescerait point par point. La limite que pose Macron à ce pouvoir dès lors absolu (il peut être abandonné à la suite d'une défaite électorale ou politique) ne dresse pas davantage de frontière avec l'imaginaire de

l'actuelle extrême droite européenne. On a récemment vu Salvini abandonner le pouvoir alors qu'il s'agit indéniablement d'un homme d'extrême-droite, ce qui permet de voir qu'un homme d'extrême droite correspond sans souci à la conception macroniste de la "démocratie."

Est-ce encore troublant pour qui que ce soit ?

Dit autrement : la conception énoncée par Macron de la "démocratie" telle qu'il l'entend légitime totalement le projet lepéniste de prise du pouvoir. Madame Le Pen n'aura qu'à citer Sibeth N'Diaye mot pour mot et expliquer que "la

violence de l'Etat est légitime" en employant toute sorte de violence pour écraser toute contestation, pour être une "démocrate" selon les canons du macronisme.

Ce qui montre par l'absurde à quel point il n'y a plus que des différences secondes entre ces deux projets qui se

rapprochent sur l'essentiel.

Et la ressemblance idéologique, de plus en plus frappante, l'alliance objective entre la violence autoritaire macroniste et les bataillons de brutes lepénistes qui l'appliquent, aboutissent à l'alliance électorale objective : Le Pen est la seule

candidate qui peut faire gagner Macron, Macron le seul candidat qui puisse faire gagner Le Pen.

Et voter pour l'un, c'est objectivement soutenir l'autre, pour un projet objectivement de plus en plus similaire et ne se différencie que par nuances de plus en plus mineures : celui

d'un ultralibéralisme violent et sauvage, appuyé sur la violence d'Etat et ayant pour objet la destruction de cet acquis de la modernité politique : nos droits fondamentaux.

Texte de Renaud Tarlet