1/ Quand on fait en 2016 avec @MarineVlahovic notre enquête pour @Reporterre sur les circonstances de la mort de Rémi Fraisse (tué par une grenade offensive lancée par un gendarme), on a toujours été frappé par la manière dt les gendarmes décrivaient les occupants, "zadistes"
2/ Que ce soit un discours construit et répété ou un réel sentiment humain, ils disaient avoir eu "peur", face au déferlement de "violence", des gens "armés" là où nous qui travaillions sur la zone et connaissant ce qui s'y passait, on voyions presque rien de tout ça. Aveugles ?
3/ En fait, pour comprendre, petit anecdote perso : un mois et demi avant la mort de #RemiFraisse, alors que la machinerie policière s'était déjà mise en place et que les bûcherons commençaient à couper les arbres, il y eut deux "cocktails molotovs" jetés sur les gendarmes.
4/ l'usage du terme a du sens. il s'agissait d'une bouteille en verre avec de l'alcool dedans et un chiffon enflammé. Ca fait peur, c'est violent. en fait, ça a été lancé au milieu d'un champ boueux, à 50m des gendarmes, Ce jour-là, je ne l'ai pas écrit ds l'article. #fautepro
5/ Car pour moi, ce qui était signifiant et important c'était pas les deux cocktails utilisés, mais les 6 heures d'affrontements avec des clowns activistes frappés au sol, des gens ds des cabanes dans les arbres avec des tronçonneuses vrombissantes dessous. Violente et effrayant
6/ Et surtout, c'est le seul jour dans toute l'histoire de cette lutte qu'à la fin de la journée les policiers avaient reculé. Mais j'avais oublié l'élément factuel dans la première version de l'article, qui était pourtant mentionné dans ts les autres médias.
7/ Mon rédac chef m'a donc demandé de le rajouter rapidement. ce que j'ai fait. De fait, sur une situation de lutte, il faut s'accrocher pour garder pied avec les faits, avec ce qui est réel quand beaucoup de choses dépendent de la perception qu'ont les acteurs de l'affrontement.
8/ la "peur" des gendarmes (qu'elle soit ou non réelle) traduit un rapport du pouvoir à l'égard de ces franges de contestations incontrôlable (et même ce mot est sujet à caution) bien que dans leur grande majorité elles soient foncièrement attachées à la non-violence.
9/ cela nourrit aussi un rapport militaire à une contestation, comme cela a été le cas dans les quartiers populaires depuis les années 90, et avant avec les algériens. Cf le docu "lescoupsdeleursprivileges.com" qui retrace bien la généalogie de cette histoire
10/ C'est aussi parce que ce mode de pensée avait été engagé par les forces de l'ordre qu'on est arrivé à un tel état de tension qu'il devenait possible de tuer quelqu'un, avec un arme réputée "non létale" (même si elle avait en fait déjà tué à Creys-Malville il y a quarante ans.
11/ les déclarations de responsable de la gendarmerie qui se préparent à "avoir des morts" sont éloquentes à ce titre et sont assez terrifiantes. Désormais, l'idée est admise comme une éventualité. même si c'est un miracle qu'il n'y a pas eu de mort pendant l'opé. César en 2012
12/ Alors qu'on le rappelle, s'ils ne respectent pas la loi, à Sivens comme à NDDL, il s'agit bien d'une occupation illégale d'un espace préempté par l'Etat en vue de la construction d'un projet privé.
13/ Bref, pour le/la journaliste, il suffit qu'il/elle partage un tant soit peu la conception du maintien de l'ordre de la police pour qu'il soit aussitôt très facile d'adhérer et de retranscrire le discours de la gendarmerie sans se rendre compte qu'il y a un problème
14/ Bon en +, pour le JDD, ya malhonnêteté d'utiliser sciemment des éléments policiers comme des sources sans préciser l'origine des photos. Parce qu'ils ne vont pas garder les photos de fleurs et les bisous pour justifier une intervention, ça tombe sous le sens.
15/ Si vous voulez en savoir + sur comment on a raconté Sivens, l'enquête pour Reporterre est toujours en ligne reporterre.net/Sivens-ce-qui-…. Et pour #NDDL , suivez ce que font les collègues de @Reporterre, @Mediapart @Bastamag et les autres qui font du super boulot sur place. Merci!
