Thread by @vbenard

Quelques réflexions sur l’environnement politique du mouvement des #GiletsJaunes #Thread

Le débat sur France 2 hier soir s’est centré sur la polémique suivante:
- « Le gouvt a fait des cadeaux aux riches en supprimant l’ISF et en Flat-taxant les gains des revenus du capital, et il augmente les taxes sur la consommation des ménages modestes ! »

Et objectivement, même si l’expression « cadeaux aux riches » est une manipulation politique (j’y reviendrai), le problème est réel et les démagogues genre Mélenchon et Piketty jouent sur du velours.

Et donc tout naturellement, la revendication initiale « moins de taxes ! » est devenue « supprimez les taxes pour nous et faites payer ces enculés de riches ! »

Bien sûr, la suppression ou applatissement des taxes sus-nommées n’est pas « que » un cadeau aux riches. C’est un cadeau à l’ensemble de l’économie, parce que quand on surtaxe les fruits de la réussite, on dissuade la prise de risque.

Rappelons que Hollande avait commencé par aligner le régime des plus values sur celui des revenus, ce qui avait provoqué une chute libre des investissements en France, et un fort rebond du chômage.

Et l’erreur n’avait été que très partiellement corrigée à l’arrivée de Manuel Valls à Matignon, avec un certain Macron aux finances.

Hollande n’ayant que posé un cautère sur une jambe de bois, Macron a eu raison de finir le job sur l’ISF et la baisse des taxes sur les revenus et plus values financières, et certains (dont moi) auraient voulu qu’il soit encore plus audacieux là dessus.

Rappelons que plusieurs études passées ont établi que l’ISF avait coûté beaucoup plus en recettes fiscales qu’il n’avait rapporté, à cause de la fuite de capitaux ou de la dissuasion entrepreneuriale qu’il avait suscité.

J’avais relaté en 2007 une de ces études ici objectifliberte.fr/2007/12/isf.ht…

Bref, l’ISF a pour effet de réduire de nombreuses autres assiettes de taxation. Et surtaxer les gains en capital consécutifs à une prise de risque dissuade la prise de risque, donc la création, in fine, d’emplois.

« C’est bien beau », me direz-vous, « mais baisser les impôts sur la réussite et en même temps, augmenter ceux sur de nombreux besoins de base qui touchent ceux qui en sont exclus, c’est catastrophiqe »

Et je ne peux que vous donner raison.

On dit « aux gens »: « il faut être plus flexibles », « pouvoir se déplacer plus pour retrouver du travail »,

Mais paf, votre mobilité (pas de flexibilité sans mobilité, hein ?), on va la taxer !

Et la taxe sur le carburant n’est qu’un exemple de guerre à la mobilité menée par des élites totalement hystériques sur des problèmes écologiques totalement surfaits (je ne développe pas le débat sur le CO2 aujourd’hui, mais bon...)

Vous avez une vieille bagnole, parce qu’une neuve coûte cher ? CONTRÔLE TECHNIQUE RENFORCÉ ! Plus cher, plus souvent, risque de rebut de votre véhicule augmenté !

Vous avez besoin d’une grosse familiale parce que vous devez transporter vos enfants ? GROS MALUS ! Et avec la norme WLTP, boum ! « PRENDS ÇA DANS TA GUEULE SALAUD DE PAUVRE ».

Et votre facture d’électricité ? « Ben désolé, on va augmenter la taxe sur l’électricité, parce que bon, il faut bien payer les subventions accordées à la mafia de l’éolien, mais c’est pour la planète, hein ?»

A tel point qu’en France, mais aussi en UK ou en Allemagne, le terme « précarité énergétique » est entré dans le langage courant. De plus en plus de ménages peinent à se chauffer l’hiver !

Alors ça pête. Et que dit Macron ? « Ah, ben on va réfléchir à des béquilles sociales, mais pas question d’arrêter le matraquage ».

#LeConDeLannée

Alors ça pète un peu plus.

Ajoutons qu’aux gilets jaunes sans doute sincères et raisonnablement non-violents du début, se sont greffés des groupes plus violents trop heureux de trouver là enfin l’occasion rêvée d’en découdre, voire de poursuivre leurs chimères pseudo révolutionnaires.

Et bien sûr, l’habituelle cohorte des casseurs pilleurs est venue s’ajouter au mouvement.

Macron devrait, s’il veut sauver son mandat, annoncer:
- Un moratoire immédiat sur toute augmentation de taxe sur la consommation
- Un retour aux taxes sur les carburants d’avant annonce et un alignement de la taxe essence sur le diesel par ABAISSEMENT de la taxe essence (...)

- Pour faire bonne mesure, annuler le dernier durcissement du contrôle technique, qui va beaucoup trop loin, pour un apport limité sur la sécurité.

- Et accessoirement, supprimer tout retrait de point pour ceux qui sont pris entre 80 et 90 sur route bi-directionnelle, juste l’amende.

Là, l’offre paraitra suffisante pour couper toute légitimité à la poursuite du mouvement auprès de la plus grande partie de l’opinion.

Et surtout, il doit faire un gros MEA CULPA. « Oui, j’ai merdé, et je m’en excuse, et je vais corriger tout ça. Oui, je demande à mes cons d’énarques d’abandonner le réflexe « problème => taxe », oui, je demande à la société d’imaginer les voies d’une écologie non punitive. »

Il vaut mieux perdre la face que perdre la France.

Par contre, il doit tenir bon sur l’ISF et la Flat Tax, pour créer des conditions favorables à l’investissement productif en France ...

... Le seul susceptible de créer des emplois, des emplois mieux payés, et d’augmenter la pression à la hausse sur les salaires pour les employeurs.

« Oui mais comment financer l’état blablabla si on augmente pas certaines taxes » ?

EN REDUISANT LA DEPENSE PUBLIQUE.
Comme toute boite en difficulté, couper dans ce qui n’est pas stratégique. Revendre des filiales, autrement dit « privatiser » ce qui peut l’être.

« Ah mais ça va mettre les fonctionnaires dans la rue ! »

Probable. Mais les fonctionnaires n’iront pas bloquer les perceptions, hein ? Pas fous.

Et puis on n’est pas (encore) obligés d’y aller à la hache en vitesse, on n’est pas (encore) en faillite...

Et si, malgré l’image désastreuse que les dernières manifs ont produites, la politique de détaxation de la réussite pouvait porter ses fruits, ce qu’elle avait timidement commencé à faire,

Alors le gouvt verra ses recettes augmenter sans augmenter les taxes, et pourra engager sereinement une réduction graduelle de son périmètre. Avec des manifs « normales » et « gérables ».

Si Macron s’entête dans son délire écolo-transitionnel, par contre, Je ne sais absolument pas jusqu’où le merdier peut aller... /Fin