- 81 dossiers classés sans suite.
- 111 gardes à vue prolongées.
- 139 personnes déférées au parquet.
Né en 1985 dans la Marne.
Arrêté avec lunettes de natation, protège tibias.
Il vit dans la Marne. Arrêté avec une pierre dans une poche. «Une petite pierre, confiait son avocat avant l'audience. Il aurait pu jouer aux billes avec ça...»
Chaque prévenu peut avoir un délai pour préparer sa défense. Auquel cas, le tribunal statue uniquement sur les conditions de détention / contrôle judiciaire. Une enquête de personnalité est alors effectuée avant que le tribunal ne statue.
Jamais condamné, c'est la première fois qu'il passe au tribunal. Il a une copine et une petite fille de 15 mois. Il travaille comme chauffeur poids-lourds. « Je fais de la benne de chantier », détaille-t-il d'une voix tremblante.
« En fait, c’était deux jeunes qui avaient cassé le pare-brise à ma femme [sic] ainsi qu’à moi. J’habite un village, j’ai su qui c’était. Je suis allé les voir. Je leur ai mis une claque. Ça n’est pas passé... »
Marié, deux enfants. Je suis chauffeur routier. « Je suis responsable également de cinq autres chauffeurs. Et de trois camions. Il y a deux chauffeurs par camion. »
La procureure demande son placement sous contrôle judiciaire.
- La présence de ce lance-pierres pourrait interroger ?
- Moi à la base, c’était pas pour casser ou envoyer sur des gens
- Mais pourquoi alors ?
- Je sais pas. Ça a été une idée de l’instant, on ne réfléchit pas.
- un équarrisseur de Moselle.
- un ouvrier métallurgiste de Normandie.
- un marin pêcheur de Normandie aussi.
Ils ont tous un casier vierge.
« Ils sont face à une violence économique. Ils ne gagnent pas beaucoup. Leurs impôts augmentent. Monsieur a peur d’être condamné à une demie-vie au RSA. Est-ce qu’on va juger, un jour, la violence économique ?
Il habite à Villeurbanne. Technicien. Déjà condamné. On ignore pourquoi.
// Ça ma rappelle mon adolescence. On en claquait derrière le terrain de football //
« Je me suis laissé emporter par mes émotions. Simplement aujourd’hui, je ne compte plus me rendre sur une manifestation quelle qu’elle soit. Mon parcours depuis samedi m’a fait réfléchir à la situation. »
Locataire. célibataire. "Je ne vais pas tarder à vivre en couple."
Je travaille en CDI. Je suis responsable des travaux d’automatisation du métro de Lyon. Il gagne environ 1.500 euros. Son loyer est de 540 euros.
« Parce que j’ai été con. Je ne sais pas si j’aurais eu le culot de m’en servir. »
- Je l'ai depuis trois ans. Je le prends quand je vais dans les grandes villes ou autres. Au cas où il y a des cas d’agressions.
- Vous aviez l’intention de vous défendre de quoi ?
- Des casseurs, des voleurs...
- Je l'ai acheté. Maintenant, avec ce qu’on voit...
- Mais vous habitez à Nevers. C’est violent Nevers ?
- Non, c’est tranquille, reconnaît-il.
- Vous n’êtes pas prêt à oublier ce moment ?, lui demande le procureur.
- J’ai compris ce que j’avais fait, rigole-t-il.
Elle requiert une peine de deux mois de prison ferme avec mandat de dépôt.
Pendant ce temps, deux prévenus viennent d'entrer dans le box. L'un arbore un magnifique œil au beurre noir.
Stéphane, né en 1973 en Moselle. Il habite dans les Hautes Alpes.
Boucher charcutier. Jamais condamné.
- Votre œil, c’est à la suite des manifestations. Vous avez reçu des coups ?
- Ben oui. Et j’avais pas mis mon casque...
« Vous vous trouviez devant un barrage de CRS. Vous auriez foncé sans raison sur les CRS en espérant être suivi par les autres manifestants… Vous avez été arrêté en possession d’un couteau à cran d’arrêt. »
- J’avais le visage froid. J’ai trouvé qu’il fallait le réchauffer. J’ai foncé sur les CRS tête baissée.
- Mais pourquoi ?
- Parce que je suis con...
Son œil au beurre noir montre qu'il n'y est pas parvenu.
- Le couteau, c’est pour couper mon saucisson et mon fromage.
- Mais là, vous n’étiez pas en train de manger du saucisson !
- C’était ma première manifestation. Personne ne m’a dit que c’était interdit de porter un couteau...
- Le peuple et la société va mal. Très très mal. Nos retraités, nos ancêtres ont travaillé. Et on leur retire 100 euros encore ! Il enflamme...
- Monsieur, monsieur. Vous n’êtes pas ici pour faire un discours politique !
« Je m’en veux. Je suis au bord du suicide maintenant. Il n’en a vraiment pas l’air. »
Il se marre.
- Vous avez de nombreuses dettes ?
- Ouais... Des poules, des canards, des lapins...
- Non, des dettes ! Des dettes ! Pas des bêtes !
- Ah des dettes ? Oui.
La salle éclate de rire.
- J’aimerais bien qu’on change notre façon de vivre, notre…
Son avocate le coupe d'un geste.
- Ah ben non, en fait. Je n’ai rien à dire de plus...
Il se marre encore.
« Il n’a pas l’attitude qu’on pourrait attendre d’un quadragénaire dans ce type de mouvement. Surtout qu’il indique qu’il veut en devenir porte-parole... »
« L’exemple type du gilet jeune qui s’est emporté. Il a la corde au cou. Il travaille. Mais il ne gagne pas sa vie. Un divorce, un changement, des difficultés. Ça peut nous arriver à tous. Il est venu de Gap pour porter sa parole. Il est entier. »
Mickaël, né en 1985. Vit à Nîmes. Sans profession.
Jugé pour participation à un groupement ... et port d'arme.
Sur lui : Un lance pierres professionnel, 250 billes de plomb + matériel destiné à dissimuler le visage.
Selon le rapport lu par le président, "il avait l'équipement typique du black-bloc"
Lui indique qu'il allait chez une amie lui rendre du matériel.
L'avocate a du mal à cacher son désespoir...
Dans la langue de Shakespeare : "All cops are bastards"
Actuellement, il débat avec le président de son casier judiciaire. Il a du mal à s'y retrouver entre les différentes mentions.
- Bruno. Demande un délai pour sa défense.
- Maxime. Demande un délai pour sa défense.
- Stéphane. Requis : 6 mois ferme avec mandat de dépôt
- Jérôme. Requis : 210 jours amende à 5 euros.
...
- Mathieu. Requis : 3 mois ferme avec mandat de dépôt.
- Tony. Requis : Deux mois ferme avec mandat de dépôt.
- Mickaël. Requis : Huit mois de prison ferme avec maintien en détention.
Les décisions seront rendues à la reprise.
« Il s’agit d’un avertissement. Faites en sorte que les faits ne se reproduisent pas », indique le président.
Jérôme : Coupable. Trois mois de prison avec sursis.
Mathieu, interpellé avec les pétards : « On a été un peu plus sévère. »
Peine de six mois de prison ferme mais qui ne seront pas ramenés à exécution. Autrement dit, il va être convoqué pour que sa peine soit aménagée.
Stéphane, le boucher qui a foncé tête baissée dans les CRS. Coupable. Quatre mois de prison. Mais pas de maintien en détention prononcé. "Merci", balbutie-t-il.
Maintien en détention notamment en raison de l’absence de garantie de représentation et de vos antécédents.
[Compte-rendu d’audience @20Minutes] => 20minutes.fr/justice/238679…