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THREAD. Nous sommes à la cour d’assises de Seine-Maritime à Rouen pour assister au procès de Jean-Claude Nsengumukiza, jugé pour le double meurtre en 2015 de Julien Tesquet, 31 ans et Elise Fauvel, 24 ans. Suivez notre live-tweet. Rappel des faits ⬇️
bit.ly/2Udrojf
L’accusé avait été condamné en 2011 par la cour d’assises de Seine-Maritime à 8 ans de prison pour le viol d’une femme rouennaise en 2009. Il était sorti de prison en novembre 2015, un mois avant les faits jugés à partir d’aujourd’hui. #assises #Rouen
bit.ly/2Umf6UG
En décembre 2015, le double meurtre de Julien Tesquet et Elise Fauvel avait suscité beaucoup d’émotions dans la région
bit.ly/2UrZjnC
L’accusé Jean-Claude Nsengumukiza est arrivé vers 9h au palais de Justice de Rouen.
Début du premier jour d’audience. L’accusé affirme être Rwandais. Il répondra en langue française. Il est accompagné de deux interprètes.
Les jurés sont actuellement tirés au sort par le président de la cour d’assises.
L’audience est suspendue
Reprise de l’audience. Six jurés et trois supplémentaires composent la cour.
L’une des jurés a fait un malaise au moment de la présentation des témoins. L’audience est de nouveau suspendue.
Reprise de l’audience et suite de la présentation des témoins.
Jean-Yves Rouxel, président de la cour d’assises, liste le déroulé des faits. Vous pouvez les retrouver dans notre dossier du jour ⬇️ bit.ly/2Udrojf
Pendant l’exposé des faits, l’accusé écoute, le regard vague, la tête penchée, sa main cachant une partie de son visage.
Du côté des parties civiles, la plupart écoutent la tête basse. Certaines essuient quelques larmes.
Interrogé par le président sur les faits de viol sur Elise Fauvel, l’accusé dit ne pas se rappeler des faits et être débordé par l’émotion.
Concernant le double meurtre d’Elise Fauvel et de Julien Tesquet, l’accusé dit ne pas se rappeler des faits. Il évoque son arrivée en France et dit faire confiance à la justice : « Je suis touché pour les familles des victimes, je suis désolé. »
Dolorès M. est le premier témoin à se présenter à la barre. Elle est intervenante sociale et a retracé avec l’accusé son parcours.
« Il a vécu en Ouganda jusqu’à l’âge de 2 ans. Il aurait vu son père tué sous ses yeux et ensuite suivi sa mère qui a refait sa vie au Rwanda. Là-bas il aurait suivi une scolarité et obtenu l’équivalent d’un bac pro mécanique. Il serait arrivé en France au Havre par bateau. »
« Il s’exprimait bien en français sans interprète. »
C’est au tour de l’accusé Jean-Claude Nsengumukiza de s’exprimer sur son parcours.
« Normalement c’est ma vraie identité. Quand je suis arrivé en bateau au Havre mon identité a été confisquée. On m’a demandé choisir entre ma pièce d’identité et mon permis. J’ai choisi de garder le permis pour demander l’asile politique. »
L’accusé est connu de la justice française sous plusieurs identités.
Il se dit Rwandais avec un permis de conduire congolais. Selon le président de la cour d’assises les résultats de l’inspection concluent à «  13 alias, 14 filiations et 6 dates de naissances différentes. »
L’accusé explique qu’il a appris le français lors de son séjour en prison à Val-de-Reuil.
Il a obtenu son certificat de formation générale (CFG)
Sur son enfance, l’accusé évoque une période confuse : « Tout était masqué. J’ai failli croire que mon beau-père était mon père. »
« Pendant la guerre (au Rwanda), nous sommes partis au Congo. J’ai vu des gens se faire tuer dans mes yeux. C’était horrible. Il y avait beaucoup beaucoup de morts.»
« Mon père n’est pas mort pendant la guerre. C’est faux. Aujourd’hui je n’ai plus besoin de vous mentir. »
L’accusé qui dit être Hutu explique avoir été obligé de déterrer les morts Tutsis après le génocide au Rwanda.
« C’est gravé toute ma vie, je ne peux oublier. »
L’accusé évoque son beau-père « qui me frappait tous les jours ».
Les propos de l’accusé sur son départ du Rwanda sont confus. Il évoque plusieurs dates. Le président s’impatiente : «  Quand je vous pose une question précise il faut une réponse précise. »
Jean-Claude Nsengumukiza évoque ensuite sa mère : « C’était une dame avec l’expérience de la vie. Elle avait du respect auprès des gens. »
L’accusé a quitté le Rwanda en 2001. Il a traversé plusieurs pays, notamment la Tanzanie et le Mozambique.
Il est ensuite allé en Afrique du Sud pour avoir une vie meilleure où il dit y être resté 1 an. C’est de là-bas qu’il part pour la France.
Dans une lettre écrite par le demi-frère de l’accusé, est évoquée une période d’incarcération de ses parents en 1991. Il fait mention de menaces envers la famille pendant la guerre, alors que l’accusé avait raconté que cela n’était pas le cas.
Dans sa lettre, son demi-frère souligne la différence entre le Jean-Claude connu au Rwanda et celui en France. « En France, il a perdu son humanité. Quand je l’ai vu, son apparence physique m’a fait tellement peur. Il avait le regard méchant. »
L’audience est suspendue. Reprise à 14h30 avec l’évocation du parcours en France de Jean-Claude Nsengumukiza
Reprise de l’audience avec la poursuite de l’interrogatoire de Jean-Claude Nsengumukiza
L’accusé affirme avoir fait une formation équivalente à un bac professionnel mécanique et automobile au Rwanda.
Il évoque ensuite son arrivée en France, au Havre, en tant que passager clandestin à bord d’un bateau au départ du Cap en Afrique du Sud.
Il a sauté le 23 juin 2002 du navire alors que ce dernier se situait en pleine mer au niveau du cap de la Hève et a été hélitreuillé par les secours français.
L’accusé a ensuite été hébergé dans plusieurs foyers de Rouen. À cette période il est condamné une première fois en 2003 pour des vols en réunion et port d’arme prohibé. En 2004-2005, il se trouve à Paris puis dans l’agglomération lilloise.
« J’étais dans la rue, je ne savais pas ce qu’il fallait faire, je n’étais pas dans un état normal », explique l’accusé pour justifier ses condamnations pour vols.
Lors de sa première incarcération en 2005, il lui est diagnostiqué un problème au foie. Au cours de cette période il formulera plusieurs demandes d’asile et de titre de séjour sous différentes nationalités.
S’ensuit plusieurs condamnations pour des introductions avec effraction dans des habitations privées.
« Je suis rentré dans les appartements pour dormir. Je ne savais pas qui était dans la maison », explique l’accusé. Il réfute s’être mis au lit avec les jeunes femmes. Un fait qu’il avait reconnu lors de précédents interrogatoires.
En 2006, alors au consulat du Rwanda, il s’évade par la fenêtre du 4e étage, selon l’accusé, alors que le dossier précise du 2e étage.
« Je ne suis pas venu ici pour emmerder la France »
En 2009, après un passage en Belgique et aux Pays-Bas il est expulsé puis repris en charge en France. Dans la nuit du 3 au 4 août 2009, il commet un viol sur une Rouennaise. Des faits pour lesquels il sera condamné à 8 ans de prison en 2011.
Selon l’accusé, la victime lui a proposé de boire un verre à l’intérieur de sa maison alors qu’il lui demandait une cigarette.
La défense de Jean-Claude Nsengumukiza est confuse. « Vous n’avez pas violé cette femme ? » demande le président. « Non, on avait un accord », répond l’accusé.
Lorsque le président lui relit ses déclarations lors de son procès de 2011, l’accusé ne se souvient plus de la plupart de ses propos.
En 2012, lors de son incarcération pour viol, il profite d’une extraction médicale pour tenter de s’évader. Il sera rattrapé sur le parking.
En 2009, son codétenu porte plainte pour des violences et des propositions de nature sexuelle. « Impossible, c’est des mensonges », réagit l’accusé.
Le 1er août 2014, une rixe éclate à la prison de Val-de-Reuil. Il sera condamné par la cour d’appel de Rouen le 10 juillet 2017 à un an de prison, soit plus d’un an et demi après sa sortie de prison en novembre 2015.
L’accusé avoue avoir fait usage de stupéfiants à sa sortie de prison en novembre 2015. Il concède aussi avoir pris de « de la poudre blanche avec un billet », à plusieurs reprises. C’est la première fois que l’accusé évoque cette consommation de drogue dure.
« En France avez-vous des relations sentimentales sérieuses ? » demande le président. « Oui avec Jennifer. On s’aimait mais elle est partie à Madagascar. » Une relation qui a duré 1 an. « J’ai ensuite connu Raphaëlle ». Une longue relation, plus de quatre ans selon l’accusé.
Un enfant, Nathan, est né de cet union et que Jean-Claude Nsengumukiza n’a pas reconnu.
Après sa sortie de prison en novembre 2015, il affirme avoir eu une relation sexuelle avec Elodie, une surveillante de la maison d’arrêt de Rouen qu’il avait côtoyé en 2009 lors de son incarcération. Puis avec une autre femme Barbara car « Elodie n’était plus disponible ».
Et avec une prostituée également.
L’accusé a fait beaucoup de sport lorsqu’il vivait en Afrique : du fitness, du footing, de la boxe. En prison, « je fais tout le temps de la musculation, tous les jours ».
Son casier judiciaire fait état de 14 mentions avec notamment des faits de conduite sous l’empire d’alcool, des vols en réunion, des séjours irréguliers en France, viol et violences commises en détention.
« Je ne le voyais pas si grand, réagit l’accusé. On ne se rend pas compte qu’il peut être chargé à ce point. »
Jean-Claude Nsengumukiza est, depuis sa mise en examen en 2016, incarcéré à la maison d’arrêt de Rouen puis il a été transféré à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis depuis décembre 2016. Il est placé à l’isolement à la suite de la médiatisation de l’affaire.
« Après votre sortie de prison en novembre 2015, envisagiez-vous de partir en Grande-Bretagne ? » demande le président. « J’ai essayé de partir mais ce n’était pas possible », avoue l’accusé.
Pour conclure, Jean-Claude Nsengumukiza reparle de ses traumatismes au Rwanda. « Si on peut faire marche arrière, ma place est en France. »
Me Mahiu, qui représente le beau-père de Julien Tesquet demande à l’accusé pourquoi il a quitté le Rwanda alors que la guerre était terminée.
« Moi je suis Hutu, ma famille était menacée. J’ai décidé de quitter car les menaces étaient de plus en plus nombreuses. »
Me Lemiegre qui représente la famille d’Elise Fauvel s’interroge : « Qu’avez-vous fait au Rwanda pour que plus de vingt après vous ayez peur d’y retourner ? »
L’accusé évoque une fois de plus les séquelles du conflit rwandais et les menaces sur sa famille par les Tutsis. Ses réponses sont longues, son débit s’accélère. « Vous avez le sens de l’esquive, le manipulateur c’est plutôt vous », rétorque Me Lemiegre.
« Combien avez vous d’enfants ? » demande l’avocat général. La réponse de l’accusé est une fois de plus confuse provoquant l’agacement de l’avocat.
Fin de l’interrogatoire de Jean-Claude Nsengumukiza. L’audience est brièvement suspendue.
Le procès reprend avec l’appel à la barre du témoin Gilbert M. une connaissance de l’accusé. « J’ai voulu lui tendre la main pour l’aider à s’en sortir. Je n’aurais jamais cru qu’il allait faire des choses pareilles. »
Le témoin a connu l’accusé avant sa condamnation pour viol en 2009. Il l’a côtoyé dans le cadre de son travail d’animateur en centre culturel et aussi lors de son second travail le week-end au bar le Class-Ik.
« Il m’a parlé de son passé au Rwanda, qu’il avait vu son père se faire tuer sous ses yeux, mais je n’ai pas insisté. C’était difficile. »
Le témoin évoque des altercations entre l’accusé et des clients du bar Le Class-Ik.
« J’étais un peu un exemple pour lui. Il me considérait comme un grand frère. Il voyait mon évolution ça lui donnait des ambitions. »
C’est au tour de Bodo A, un autre témoin, d’être appelé à la barre. Elle a croisé l’accusé alors qu’elle sortait du restaurant Ikaze Henriette à Rouen accompagné d’un ami et de son petit ami. Elle affirme que l’accusé les a pousuivi dans la rue.
Les faits se sont déroulés le 5 décembre 2015.
« Quand il m’a vu il était scotché sur moi. C’est son regard qui était effrayant. On ne m’a jamais regardé comme cela. Ça fait peur. »
« Il m’a dit à moi et mon copain : « votre femme est belle, je veux avoir des enfants avec elle. » »
« Quand j’ai vu l’affaire dans les journaux j’ai pensé que cela aurait pu être moi. »
Le témoin suivant est Vestine M. Elle a connu l’accusé alors qu’elle était serveuse au restaurant Ikaze et lui était un client régulier. « Une fois il avait agressé une femme, il lui avait dit qu’elle était belle, qu’il voulait se marier avec elle. »
« Avec moi il était calme, correct. »
Il s’agit de l’agression dont a été victime le témoin précédent.
« J’avais peur de rester toute seule à la fermeture du restaurant comme j’avais entendu qu’il avait violé une femme même si je ne l’avais pas vu agressif à part avec le couple. »
C’est au tour du témoin Jean-Claude H. d’être appelé à la barre. Il était demandeur d’asile en 2003 en meme temps que l’accusé, dans la même situation que lui à l’époque. Il est également d’origine rwandaise et de la communauté Hutu mais n’a pas évoqué le génocide avec l’accusé.
C’est également le patron du restaurant l’Ikaze, souvent fréquenté par l’accusé en 2015 à sa sortie de prison.
« Il venait tard, dans la nuit. Il buvait mais comme d’autres clients. ». Le témoin évoque une consommation de 2,3 bières ou du whisky.
« Il était insistant avec les clients. Les gens avaient peur ils se sentaient obligés de lui payer un coup à boire. »
Le patron du restaurant confirme également l’agression évoquée par le témoin précédent.
Il affirme avoir vu l’accusé dans son établissement le lundi 21 décembre 2015, soit le lendemain du double meurtre.
Le témoin ne souhaite pas expliquer les raisons de sa demande d’asile en 2003.
Un des deux interprètes de l’accusé connaît Jean-Claude Nsengumukiza. Ce dernier au cours de l’audience s’est plusieurs fois adressé à lui pour confirmer ses dires. La question est évoquée par les avocats des parties civiles et l’avocat général.
Me Massardier, l’avocate de l’accusé confirme que cela pose une difficulté mais souligne qu’au cours de l’instruction elle avait fait la demande de changement d’interprète. Une demande qui n’a pas été prise en compte. L’audience est de nouveau suspendue.
Reprise de l’audience. L’interprète en relation avec l’accusé est écarté du procès.
L’accusé est interrogé sur l’agression au restaurant et les témoignages entendus. Il nie les faits.
Le dernier témoin de la journée est appelé. Il s’agit d’Elodie D. Elle était surveillante pénitentiaire et est actuellement suspendue pour avoir fait entrer des objets dans le cadre de son travail. Elle a rencontré l’accusé par le biais d’une connaissance commune.
La rencontre a eu lieu au bar Le Class-Ik le dernier week-end de novembre 2015. « J’étais alcoolisée, je ne pourrai pas donner tous les détails de la soirée. »
« Il me semble que c’est lui qui m’a abordé. Il a passé la nuit chez moi. On a eu un rapport sexuel protégé. » Selon le témoin il s’agissait de rapports sexuels normaux.
« Il est parti le lendemain. Après il m’a envoyé des textos assez oppressants : « Je t’aime, je veux te revoir t’es mon bébé. » Ça m’a fait peur j’ai refusé de le revoir. Je ne l’ai pas revu après. »
Lors de son audition le témoin a pourtant précisé qu’il avait revu l’accusé dans un état ivre le 21 décembre 2015 au bar Le Tropicana.
C’est la fin de cette première journée du procès de Jean-Claude Nsengumukiza
Cette audience a été en grande partie consacrée à l’étude de la personnalité de l’accusé. Il a pu s’expliquer sur son parcours, sa jeunesse au Rwanda. Ses réponses souvent longues sont apparues confuses
L’accusé a nié la plupart des faits lui étant reprochés arguant ne plus se souvenir. Il a tenté de mettre en avant les atrocités vécues pendant la guerre au Rwanda.
Plusieurs témoins ont relaté l’agression d’un couple survenue au restaurant l’Ikaze à Rouen et souligné l’attitude oppressante de l’accusé avec les femmes. Rendez vous demain à 9h pour suivre la deuxième journée du procès.
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