Thread by @TchernobylFR

Le sentiment de "mensonge" qui reste en France après #Tchernobyl est aussi dû en partie à la différence entre les mesures sanitaires prises selon les pays, voire selon les régions.
Chez nous, presque aucune. Chez nos voisins, beaucoup plus. Que fallait-il faire ? #thread

D'abord, la chronologie des mesures prises selon les pays.
1er mai 1986 :
- Tous les pays occidentaux demandent à leurs ressortissants de quitter la région de Kiev.
- Hollande, Suède : mise en place de centres d'appels destinés à l'information du public sur la radioactivité.

2-3 mai : contrôles systématiques aux frontières de la radioactivité des camions de produits frais venant de l'est.

5 mai :
- Pologne, Suède, RFA : vente interdite des fruits et légumes frais.
- Pays-Bas : interdiction de laisser paître les bovins en liberté. La consommation de lait est interdite
- L’Autriche déconseille la consommation de légumes frais.

7 mai :
- La Hollande interdit la vente d’épinards frais
- RFA : les stades et les piscines en plein air sont fermés. Activité physique de plein air déconseillée.
- Japon : consommation de lait déconseillée.

8 mai : la RFA boycotte tous les produits frais en provenance de Hongrie et de Tchécoslovaquie. Le lendemain, ils détruisent près de 2,5 millions de salades.

9 mai : la France 🇫🇷 décide seule de suspendre les importations alimentaires en provenance des pays de l’Est (= soviétiques). Ce sera la seule mesure prise chez nous.

10 mai : L'ensemble de la Communauté européenne, via un arrêté, fait de même jusqu'au 31 mai. Mais la RFA demande à ce que la RDA ne soit pas frappée de ce boycott. On sent que les arrangements politiques/éco passent avant la santé publique...

Il faut noter que les membres de la communauté européenne ont eu BEAUCOUP de mal à se mettre d'accord sur les mesures de boycott des denrées alimentaires. La recherche d'accord a pris des airs de négociations commerciales, voire de guerre commerciale, ce qui était assez indigne.

Je cite l'essai de Pierre Schmitt (inis.iaea.org/collection/NCL…) : "Si les risques engendrés par la contamination des denrées alimentaires au sein de la CEE avaient réellement été inacceptables, la communauté européenne aurait-elle tergiversé aussi longtemps entre le 30 avril et ...

... le 13 mai et se serait-elle autant déchirée autour de questions exclusivement liées au commerce et au protectionnisme ? ".

Bien vu 👏

Maintenant quelques exemples montrant la diversité des normes de radioactivité, qui a bien mis le bazar aussi au sein de l'Europe post-Tchernobyl :
- RFA : 350 Bq/kg
- Italie : 1000 Bq/kg et 500 Bq/L de lait
- Hesse (région d'Allemagne) : 20 Bq/L de lait

En France on parle plutôt en sievert : la dose max en rayonnement artificiel est de 1 millisievert/an.

On comprend mieux les différences d'un territoire à un autre. L'exemple peut-être le plus extrême est le lac de Lugano, à cheval entre la Suisse et l'Italie, victime de retombées ☢️ : côté suisse du lac, pêche interdite pendant 2 ans. Côté italien, aucune restriction ! 🙃

A-t-on eu raison en France de n'imposer aucune autre mesure que celle à l'encontre des aliments venant de l'est ?

Selon l'IRSN et les relevés du SCPRI, en France la radioactivité dans l'air a atteint au maximum quelques Bq/m3 le 1er mai 1986. (irsn.fr/FR/connaissanc…)

Pour comparaison, en Bretagne par exemple, plus de 40 % des bâtiments dépassent 100 Bq/m3 à cause du radon, un gaz naturel radioactif. Donc déjà, au moment du passage du nuage, il semble cohérent de ne pas avoir tiré la sonnette d'alarme.

L'éventuel danger vient plutôt de l'accumulation du Césium dans les organismes une fois qu'il est retombé au sol, ce qui a été fait de manière très disparate selon les pluies du moment, essentiellement dans l'est de la France et en Corse.

Pour autant, à en croire ce graphe de l'IRSN, même les personnes les plus exposées en France n'ont pas reçu de dose supérieure à 1mSv/an. A ma connaissance, aucune maladie n'a été attribuée à ces "tâches" de Césium.

De la même manière concernant l'iode radioactif, malgré un procès intenté par des malades de la thyroïde, en France aucun cancer n'a pu être attribué de façon certaine à l'accident de Tchernobyl.

Même si les chiffres officiels de radioactivité sont parfois discutés, ces constats sont à mettre en comparaison avec un exemple de réaction assez extrême chez nos voisins allemands...

Il y eu en Allemagne, juste après le passage du nuage radioactif, une forte hausse des avortements provoqués par peur des effets des radiations sur les fœtus.
Le ministère de la famille et de la santé a dû publier un communiqué pour demander aux médecins de cesser cette pratique.

Combien de bébés n'auront pas vu le jour à cause d'une simple peur ?
Il faut souligner qu'aucune hausse d'anomalies fœtales (c'est-à-dire de malformations graves) ayant provoqué un avortement naturel n'a été recensée en Allemagne.

En revanche, toujours en Allemagne, une enquête conduite par l’Institut de génétique humaine de Berlin-Ouest a montré un pic de trisomies 21 (x5) 9 mois après l'accident.

Pour conclure, si on peut remettre en question la manière dont été faite la communication sur les conséquences du passage du nuage de #Tchernobyl en France, la volonté de rassurer la population a très probablement présenté plus de bénéfices que de risques...

...d'autant plus que les niveaux relevés ne pouvaient justifier des mesures alarmistes.
Tout au plus eût-il fallu déconseiller la consommation de champignons et de gibier issus des zones les plus touchées, et encore, il faudrait s'en empiffrer pour risquer quoi que ce soit. #fin