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1-Bon, ok c'est parti. Nous sommes au Rwanda à l'été 1992. Je suis chef de section. Le compagnie tient un carrefour stratégique dans le nord du pays. La zone est immense, les trois sections sont éloignées les unes des autres de plusieurs kilomètres de collines et forêts.
2-Je ne sais même pas où est le PC de la compagnie placé loin et en hauteur pour avoir de bonnes liaisons. Nous sommes en 2e rideau derrière les forces armées rwandaises (FAR) face au Front patriotique rwandais (FPR).
3-Un jour, l'instituteur du village à côté de notre position vient me voir pour me remercier d'être là et de les protéger. Il me décrit le passage, façon sauterelle, de l'armée zaïroise l'année précédente. Je lui réponds naïvement qu'ils peuvent compter sur nous.
4-Quelques minutes plus tard, un autre homme qui se dit préfet vient me voir. M'annonce que sa préfecture a été attaquée par le FPR et qu'il entendu dire que le FPR voulait nous attaquer le soir même. Je transmets le renseignement immédiatement.
5-Je reçois tout de suite l'ordre d'évacuer la position et de couvrir le repli de la batterie franco-rwandais nettement plus à l'ouest. Je fais embarquer en catastrophe toute ma section dans notre camion civil et nos Toyotas.
6-Nous passons à fond devant l'instituteur à qui je venais de dire qu'on ne l'abandonnerai pas. Nous arrivons sur la position indiquée, j'installe un dispositif de recueil de la batterie. On m'appelle pour me dire que finalement ce n'est pas le même endroit.
7-On m'ordonne surtout de revenir tout de suite sur ma position qui va être attaquée le soir même par le FPR (mon renseignement donc qui vient d'être digéré). La nuit va bientôt tomber. Nous repassons à nouveau devant l'instituteur qui commence à avoir des doutes sur nous.
8-Je réinstalle un dispositif défensif, fait distribuer les munitions et me prépare à la Grande guerre. J'avale trois Guronsan d'un coup. Arrive l'officier adjoint de la compagnie, pour la première fois sur ma position.
9-Il regarde la carte, me dit que le FPR va franchir les marais juste à côté de nous (il se trompe en regardant la carte, les marais sont beaucoup plus au nord) et m'ordonne de faire des "patrouilles d'intervalle" entre ma position et celle de la position de la section voisine.
10-Voilà donc l'ordre manifestement con. On ne voit pas à quoi ça sert, nous ne connaissons pas bien le terrain et c'est très dangereux d'envoyer un petit groupe isolé (qui dégarnit le dispositif, nous ne sommes pas très nombreux) en pleine forêt. Je le dis (pas que c'est con).
11-Il me répond, cela va bien se passer et alors que sommes censé être attaqué dans quelques heures, part se coucher dans une case. Je suis très embêté.
12-Je décide de mener moi-même la 1ère patrouille pour bien établir la route. Nous sommes 5. J'ai une carte à peu près aussi utile que celle de Brest. Au bout d'une heure, je je suis perdu en pleine nuit, en pleine forêt loin de ma position mais très près de celle de l'ennemi.
13-Je rebrousse chemin, retrouve ma section. Réétudie la carte, le terrain, et repart...pour le même résultat. Là, je me dis que je suis vraiment très con. J'ai laissé ma section et je suis vulnérable. Je reviens sur ma position, je ne dis rien et surtout ne réveille pas l'OA.
14-Je m'installe prêt à faire Bazeilles et puis au milieu de la nuit, les effets du Guronsan disparaissant d'un coup, je m'effondre et dort la tête sur le bord de ma tranchée. La lumière du jour du jour me réveille. J'appelle tout de suite mon adjoint.
15-Il me dit : "Ils ont attaqué mais on n'a pas voulu vous réveiller, on s'est occupé de tout". Je n'ai pas encore fini mes paliers de décompression : "C'est vrai ?" Il me répond : "Non, je déconne, ils n'ont pas attaqué". Je l'insulte, va voir le capitaine, qui dormait toujours.
16-Il me demande "tu as fait les patrouilles". Je bafouille "non". Il me regarde, ne dit rien range ses affaires et repart. J'apprendrais plus tard que le rens que j'avais donné avait permis aux FAR de bloquer l'attaque du FPR qui donc n'est jamais venue.
17-J'ai retenu que j'aurais dû soit m'entendre avec le chef de section voisin pour monter un bateau, soit tenir vraiment tête à mon chef et assumer les conséquences disciplinaires.
Pardon pour les fautes, j'écris vite depuis une chambre d'hôtel à Madrid.
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