Thread by @MartinFierro769

1/n Vous avez sans doute entendu dire que, il y a 2 jours, Caroline Receveur @caroreceveur , 31 ans, avait appelé au dépistage du cancer sein en donnant l'exemple, parce que ce cancer toucherait "des femmes de + en + jeunes" et qu'il est donc "recommandé de se faire dépister

@caroreceveur 2/n Publié dans des revues de référence comme "Voici" , "Closer" et "Non stop people", cet appel a aussi bénéficié d'une audience de plus de 3 millions de followers sur Instagram, surtt des femmes jeunes.

@caroreceveur 3/n Caroline Receveur est une influenceuse, c'est à dire quelqu'un qui monétise ses followers et qui loue ses services à des marques, des sociétés commerciales pour faire vendre des produits. Utiliser des influenceurs est une modalité du marketing.

@caroreceveur 4/n Elle s'adresse à un public jeune et peu informé qui lui fait confiance, et, en l'occurrence, on peut s'interroger sur ses motivations: anxiété? contrat à remplir avec l'institut de radiologie, dont elle chante les louanges? Avc qqn d'autre?closermag.fr/people/cancer-…

@caroreceveur 5/n En tous cas cette influenceuse mode n'a rien inventé, car depuis le livre de Rachel Campergue "No Mammo" en 2011, nous savons que cancer du sein et business font très bon ménage.

@caroreceveur 6/n On peut même dire que les sociétés qui ont lancé ce concept sont des pionniers en la matière. Pour la 1èrefois on avait compris l'intérêt d'associer une marque à une cause "philanthropique" pour booster les ventes, comme l'explique cet article en 1998 thinkbeforeyoupink.org/resources/hist…

@caroreceveur 7/n Mais cette peopolisation de la santé publique est très dangereuse pour celle qui se font avoir parce qu'elles font confiance. Le tapage fait par Angelina Jolie autour de son cas personnel avait accentué la tendance aux mastectomies prophylactiqes et tests inutiles.

@caroreceveur 8/n Or, il est rare que l'ensemble des acteurs de la santé soient d'accord sur quelque chose mais là, tout le monde est d'accord: faire une mammographie chez une femme de 30 ans sans risque particulier est inutile et dangereux.

@caroreceveur 9/n Pourquoi? Est-ce que ce n'est pas bien de découvrir un cancer le plus tôt possible?
Si tout était aussi simple...mais pratiquement rien n'est aussi simple en médecine.

@caroreceveur 10/n On peut trouver des explications claires dans plusieurs blogs 30ansplustard.wordpress.com/tag/mammograph… jaddo.fr/2016/06/19/et-…

@caroreceveur 11/n Pour expliquer cela je reprendrai le résumé du livre de Rachel Campergue par @docdu16 et je donnerai un résumé audio très court et très clair à la fin du thread docteurdu16.blogspot.com/2011/11/no-mam…

@caroreceveur @docdu16 12/n Pour commencer, il y a peu de cancers du sein avant 40 ans, les cancers qui surviennent très jeunes surviennent généralement chez des femmes qui ont des mutations type BRCA1 ou 2 et qui ont des histoires familiales de cancer du sein. 120 000 femmes environ en France.

@caroreceveur @docdu16 13/n L'âge médian de survenue de ces cancers est de 40 à 43 ans , à savoir que la moitié des femmes ayant ce type de prédisposition génétique aura eu un diagnostic de cancer du sein avant cet âge. Mais c'est 68 ans en population générale pr les 33 millions de femmes restantes.

@caroreceveur @docdu16 14/n Pour savoir si on a un risque d'appartenir à cette catégorie il faut consulter son médecin qui pourra faire un questionnaire standardisé très simple.
Mais ces femmes à risque élevé ne relèvent pas du dépistage universel.

@caroreceveur @docdu16 15/n Pourquoi n'est-il pas intéressant de se faire dépister tôt quant on n'a pas de prédisposition génétique au cancer du sein? Déjà, simplement, parce que pour les femmes non prédisposés, le risque est très très faible d'avoir un cancer du sein à cet âge.

@caroreceveur @docdu16 16/n En effet, en moyenne le cancer chez une femme non prédisposé survient 25 à 30 ans plus tard.

@caroreceveur @docdu16 17/n Pourquoi est-ce risque de se faire dépister quand on est jeune et sans prédisposition? Parce que dès lors qu'on n'attend pas de bénéfices on ne peut tolérer aucun risque. Or, la mammographie comporte des risques.

@caroreceveur @docdu16 18/n En particulier, l'interprétation de l'image chez une femme jeune sera plus difficile et plus sujette à des erreurs. Les femmes se verront annoncer à tort un résultat positif (faux+)

@caroreceveur @docdu16 19/n Elles se verront alors proposer une biopsie, pour confirmer ou non le diagnostic. Chz des femmes plus âgées, la biopsie confirme le résultat + de la mammographie dans environ 7% des cas. Chez les femmes jeunes ce chiffre sera bien plus faible. En attendant, il y aura biopsie

@caroreceveur @docdu16 20/n Parce qu'une mammographie est un type d'examen radiologique particulier, qui irradie particulièrement le sein. Ces doses de radiations sont cumulatives. La répétition des mammographies est susceptible de favoriser elle-même des cancers, d'autant plus que l'on commence jeune.

@caroreceveur @docdu16 21/n Le surdiagnostic est un problème lié au dépistage. Le surdiagnostic c'est lorsqu'on porte un diagnostic de cancer après biopsie, mais que celui-ci n'aurait jamais fait parler de lui durant toute la vie de la femme si on ne l'avait pas cherché.

@caroreceveur @docdu16 22/n Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer le surdiagnostic et il y a probablement plusieurs explications. P exp certains cancers restent stables, voire, peuvent regresser ou évoluent très lentement.

@caroreceveur @docdu16 23/n Mais il ne faut pas écarter non plus les diagnostics portés à tort, car les biopsies doivent être interprétées et les anatomo-pathologistes ne sont pas toujours d'accord sur cette interprétation

@caroreceveur @docdu16 24/n On n' a aucun moyen de savoir qui a été diagnostiqué à tort, car on ne peut se baser que sur les statistiques. Mais pour uen femme surdiagnostiquée cela signifie concrètement subir le traitement d'un cancer pour rien.

@caroreceveur @docdu16 25/n Ce risque de surdiagnostic est une des raisons pour lesquelles la Suisse a voulu mettre fin au programme de dépistage universel du cancer du sein il y a quelques années. Les estimations pour le surdiag varient de 1 femme sur 10 à 1 sur 2 diagnostiquée après dépistage.

@caroreceveur @docdu16 26/n Face au risque posé par la peopolisation de la santé publique, les journalistes doivent faire leur travail.
Ceux de France Info l'ont fait en interviewant Bernard Duperray du site @_CancerRose francetvinfo.fr/sante/soigner/…

@caroreceveur @docdu16 @_CancerRose 27/n En 3 minutes il donne des explications très claires.

@caroreceveur @docdu16 @_CancerRose 28/n Bernard Duperray est radiologue. Le risque pour les jeunes femmes vient aussi de ce que tous les radiologues n'ont pas l'éthique de Bernard Duperray et que pour les "bienveillants" pros de l'institut de radio de Paris, business is business.