Quelques enseignements sur les élections britanniques. Victoire par KO des Conservateurs. Au pouvoir depuis 2010, ils obtiennent une majorité solide, la plus forte depuis l'ère Thatcher. Plusieurs raisons expliquent cette victoire. #Thread 1/ 
2/ D'abord, une lassitude des Britanniques sur le Brexit qui a occulté tous les autres sujets politiques depuis juin 2016. L'envie de passer à "autre chose" était très forte. Ensuite, malgré le caractère fantasque de Johnson et les problèmes économiques et sociaux du Royaume-Uni,
3/ il constituait pour beaucoup d'électeurs un choix raisonnable en comparaison d'un Jeremy Corbyn jugé bien trop à gauche. Le programme économique des Travaillistes était irréasiste, avec notamment son cortège de nationalisations. Les accusations d'antisémitisme ont aussi porté.
4/ Le Labour connaît son plus faible score depuis.... 1935. La défaite annoncée des Travaillistes a bien eu lieu. Les Britanniques, en particulier les Anglais, n'avaient clairement pas envie de revenir à l'époque des années 1970, celle de Wilson et de Callaghan.
5/ L'opposition de gauche est à reconstruire et le chemin sera long et étroit. La survie même du parti est en jeu. Le leadership comme le programme devront être totalement réinventés. Les vieilles lunes "socialistes" ne séduisent plus de l'autre côté de la Manche...
6/ Les Libéraux-Démocrates espéraient un rebond, en jouant la carte de la modération et de la volonté d'organiser un second référendum. Après avoir frémi dans les sondages cet été, ils ont finalement pâti de leur image d'un mouvement sympathique mais "loser".
7/ Comme m'a dit un ami de Londres, "j'aurais bien voté pour eux, mais ils ne gagneront pas et je ne veux pas de Corbyn le Cubain au 10 Downing Street. Alors je vais voter par défaut pour Johnson". Joe Swinson, leader peu charismatique des Libdems, a même perdu son siège.
8/ Autre enseignement : le raz-de-marée du SNP, le parti indépendantiste écossais, qui remporte près de 50 sièges (sur un total de 55). Nicola Sturgeon, la PM d'Ecosse est renforcée et va légitimement réclamer un nouveau référendum sur l'indépendance du pays.
9/ Les Ecossais ont voté massivement pour le Remain. Un scénario d'un Royaume-Uni quittant l'UE et d'une Ecosse quittant le Royaume-Uni est donc envisageable. Surtout que le Brexit semble (j'ai bien dit "semble") désormais inéluctable. Il va se passer "des choses" à Edimbourg...
10/ Dernier point important pour certains commentateurs Français : contrairement à ce que prétendent les fanfarons "souverainistes" qui se félicitent de l'élection de Johnson et qui la voient comme la confirmation du référendum sur le Brexit se trompent sur toute la ligne.
11/ D'abord parce que, comme indiqué, le vote Johnson est moins un vote "pro-Brexit" qu'un vote "enough with Brexit, let's move on" ou qu'un vote "the Tories are not ideal but more reasonable".
12/ Nos nationalistes oublient également que le programme économique de Johnson, "libéral classique" est à l'opposé des leurs : libre-échange, baisse de la fiscalité des entreprises, concurrences renforcées.
13/ Ces élections du 12 décembre montrent que (1) le néolibéralisme n'est pas mort et (2) que les Britanniques, pragmatiques, n'ont pas eu envie de revenir dans une ère pré-Thatcher. Les problèmes de pauvreté, d'inégalités mais aussi de productivité demeurent pourtant.
14/ La France n'est évidemment pas le Royaume-Uni mais ce qui s'est passé hier doit être analysé avec attention par les politiques de ce côté-ci du Channel...
#GodSavetheQueen
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