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La vidéo de Guillaume Poinot, éleveur dans la Vienne, nous a tous bouleversés. Elle met surtout beaucoup d’entre nous en colère. Nous sommes en train de détruire nos agriculteurs… et par la-même notre agriculture. Alors mobilisons-nous ! #Jesoutiensnosagriculteurs #Thread 1/
2/ Depuis plusieurs années, les critiques adressées à nos paysans se multiplient. Ils sont accusés d’abuser des pesticides, de nous empoisonner, de polluer les sols et l’air, de maltraiter les animaux, de ne penser qu’aux rendements, etc. 
3/ Les reportages choc sur le glyphosate, les abattoirs, tel ou tel scandale alimentaire, finissent par donner l’impression que nos agriculteurs sont en dessous de tout et, comme une journaliste l’exprimait bêtement dans les médias, que nous mangeons « de la merde ».
4/ Que cherchons-nous ? Nous rendons-nous compte que nous allons finir par tuer une filière qui faisait notre fierté depuis des décennies ? Réalisons-nous que l’agriculture française recule en termes d’exportations et de poids économique ?
5/ La France n’est plus aujourd’hui que le 3e exportateur agricole en valeur de l’Union Européenne, derrière l’Allemagne et… les Pays-Bas, pays dont la surface totale ne représente…que 6% de la surface de notre territoire !
6/ Pourtant, nos agriculteurs sont aussi ambitieux que leurs homologues étrangers. Alors permettons leur de « lutter à armes égales ». J’ai la chance de côtoyer plusieurs éleveurs dans différentes régions. Il faut les écouter parler de leur quotidien.
7/ Tous évoquent, en plus des charges, des impôts et des normes souvent plus strictes que celles pratiquées dans le reste de l’UE (elles-mêmes plus strictes que celles des autres régions du monde), la montée de la pression médiatique, les actions violentes et la culpabilisation.
8/ Un exemple : ma voisine Nathalie a un élevage de vaches à viande. Alors qu’elle les élève en bio et qu’elle limite au maximum le temps pour aller à l’abattoir, elle reçoit désormais régulièrement des menaces de mort en ligne (elle vend sa viande via Facebook).
9/ Nous envoyons en permanence à nos agriculteurs des injonctions contradictoires : critique des cultures extensives car elles requièrent des terres supplémentaires puis critique des cultures intensives car « productivistes ».
10/ Demande croissante de produits de qualité (notamment dans le bio) puis critique des prix trop élevés. Volonté de payer nos aliments toujours moins cher puis critique « du système » quand nous apprenons que nos exploitations mettent la clé sous la porte.
11/ Soyons cohérents : nous ne pouvons pas vouloir une alimentation de qualité et diversifiée qui nécessite des investissements et des efforts importants de la part de nos paysans sans payer le prix juste, sans privilégier les productions locales.
12/ Nous ne pouvons pas avoir une filière agricole dynamique sans soutenir nos agriculteurs. Nous ne devons pas sous-estimer la difficulté de la vie dans nos campagnes, loin des idéalisations bucoliques que nous avons trop souvent en milieu urbain.
13/ La modernisation des exploitations et la collaboration avec la recherche sont indispensables pour pouvoir développer une agriculture performante, sécurisée (en particulier via la traçabilité), plus respectueuse de l’environnement.
14/ Dans tous les cas, il est temps de considérer l'agriculture comme une grande cause nationale en donnant à nos agriculteurs les moyens de se transformer, en privilégiant leurs productions même si elles sont parfois un peu plus coûteuses que celles venues de loin.
15/ En cessant de les prendre pour des « culs-terreux » avec un snobisme de citadins. En leur disant merci aussi, puisque comme l’étude The Economist Intelligence Unit (avec la BCFN) vient de le rappeler, la France est le pays qui a aujourd’hui l’alimentation la plus durable.
16/ Il y a donc urgence. Car à raison de 2 suicides par jour, c’est bien un scandale humain et social qui se déroule en France. Et si nous continuons dans « l’agri-bashing » ou « l’agri-phobie », nous finirons par ne manger que des produits venus d’ailleurs de qualité moindre!
17/ Je le redis. Pour monsieur Poinot comme pour tous ceux qui travaillent 7 jours sur 7, prennent peu de vacances, subissent le climat et ses excès, sont exposés à la canicule et aux grands froids, affrontent une administration parfois tatillonne, manifestent peu : MERCI !
