On continue notre série d'articles consacré à la Peste noire. Aujourd'hui, épisode 4 : « Quand l’art guérit ». Eh oui : pour combattre la maladie, certains au Moyen Âge commandent des œuvres d’art. Un thread ⬇️ ! #histoire #histoiredelart 
Quand la Peste sévit en Italie à la fin du XVe siècle, les gens pensent le plus souvent que c’est une punition divine. Les médiévaux intensifient alors leur dévotion en faisant réaliser des œuvres d’art protectrices
Les deux saints les plus populaires, dans ce contexte, sont Sébastien (criblé de flèches, symbole de la maladie depuis l'Antiquité grecque) et Roch (saint du XIVe siècle qui a guéri miraculeusement de la Peste).
En 1481, un certain Pietro di Battista d'Arrigo commande une peinture au Florentin Benozzo Gozzoli afin d’être représenté, aux côtés de sa femme, protégés par plusieurs saints protecteurs, dont Sébastien et Roch
Alors qu’une inscription sur le muret derrière Sébastien signale que ces saints ont protégé le commanditaire contre la peste, l’épidémie semble encore planer au-dessus de la ville de Pise puisque cinq anges s’apprêtent à lancer des flèches...
La Vierge aussi jouit d’une dévotion particulière. En 1464, Benedetto Bonfigli réalise pour l’Oratorio di S. Bernardino à Pérouse une bannière (un gonfalon) qui a pour but de remercier la Vierge pour sa protection durant l’épidémie de peste.
Sous son manteau, Marie protège la ville et les habitants de Pérouse d’une pluie de flèches, lancées par le Christ dans la partie sommitale. La Vierge elle-même a des flèches plantées dans le corps au niveau des épaules.
Au registre terrestre, un autre combat a lieu : un ange terrasse la Mort, qui a pris les traits d’un squelette tenant dans sa main gauche des flèches. Certains habitants fuient la ville, tandis que dans l’enceinte, des fidèles agenouillés et vêtus de robes blanches font pénitence
Le peintre réalise plusieurs années plus tard un autre gonfalon pour la commune de Corciano, voisine de Pérouse. Là encore, Marie utilise son corps comme bouclier contre les flèches du courroux divin #mêmepasmal
En juin 1464, San Gimignano est frappée par une vague de Peste. Pour protéger la ville, on ordonne au peintre Benozzo Gozzoli de faire au plus vite une fresque dédiée à saint Sébastien
Au sommet, Dieu le Père courroucé envoie la maladie sur l'humanité. Au bord inférieur, les habitants de San Gimignano se pressent sous le manteau de Sébastien, qui adopte de manière exceptionnelle la pose de la Vierge de Miséricorde.
Le Christ et la Vierge viennent eux aussi en aide à la population, en intercédant auprès du Père
En ces temps incertains, il faut agir vite : le peintre a peint cette fresque en 15 jours, top chrono, après sa commande. Et ça marche : le jour même de la consécration de l’oeuvre, la maladie disparaît de la ville...
Alors, si vous en avez marre du #confinement, vous savez ce qu'il vous reste à faire : hop, une fresque à saint Sébastien/saint Roch, et c'est réglé 😉 ! La suite au prochain épisode !
