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Bonjour à tous.
Aujourd’hui, je vous propose un petit thread pour résoudre le « mystère des anges solaires »
Mais commençons par présenter le personnage principal de l’histoire : l’observatoire spatial solaire SoHO (Solar & Heliospheric Observatory)
Cette sonde spatiale d’observation du Soleil se trouve au point de Lagrange L1, toujours entre la Terre & le Soleil & tjrs pointé vers lui
SoHO dispose de plusieurs instruments, dont trois coronographes appelés LASCO C1, C2 et C3.
Ces coronographes sont, basiquement, des appareils photo numériques devant lequel on place un masque rond pour cacher le Soleil.
Ainsi, une fois qu’on n’est plus ébloui par la surface du Soleil, on peut étudier les phénomènes alentours, bien moins lumineux
On peut alors observer des éruptions solaires, des comètes qui fondent près du Soleil et même des planètes
Sur SoHO, il y a 2 coronographes actifs : LASCO C2 (qui regarde très près le Soleil) et LASCO C3 (avec un champ de vue plus large)
Venons-en au sujet qui nous intéresse aujourd’hui : la « découverte » par SoHO d’OVNIs (???) en forme d’ange, ailes ouvertes, près du Soleil
Certes, des personnes qui ne sont pas familières avec les techniques d’imagerie spatiales peuvent ne pas trouver d’autre explication…
Mais ce n’est pas parce qu’on ne voit pas d’autre explication qu’il n’y en a pas
Ce genre d’artefact est en réalité parfaitement explicable
La réponse se trouve dans les capteurs numériques utilisés pour faire ces photographies. On les appelle des capteurs CCD.
Ces capteurs convertissent la lumière qui leur tombe dessus en signal électrique, ce qui constituera, pixel par pixel, l’image finale.
Le problème avec ces pixels, c’est que si trop de lumière leur tombe dessus, le signal électrique va « déborder » sur les pixels voisins
Cet effet, très connu en photographie numérique s’appelle le « BLOOMING ».
Il est caractéristique d'une saturation d'une partie du capteur.
On le retrouve sur cette image avec la brillante planète mercure, par exemple. (les deux lignes blanches de chaque côté)
Plus marquant encore, la comète Bradfield, très lumineuse, qui passa près du Soleil en avril 2004. Son cœur était si brillant que… blooming!
Cette fois-ci, on remarque très bien cette forme symétrique en « aile d’ange », caractéristique de cet effet d’éblouissement du capteur.
Revenons-en maintenant à ce fameux « ange » visible sur cette image. Vous devinez maintenant ce que c’est…
Eh oui, du blooming sur quelques pixels du capteur qui, ici encore, ont reçu plus d’énergie que ce qu’ils pouvaient contenir et ont « bavé »
Mais le mystère n’est pas encore tout à fait résolu. En effet, si on regarde 25 min avant et après, il n’y a aucune trace de cet « objet »
Alors d’où provient-il ? D’un vaisseau alien qui s’est téléporté près du Soleil et a disparu moins de 20 minutes plus tard ?
…ou ne serait-ce pas encore une fois un phénomène très couramment rencontré dans un environnement spatial ?
Et en effet, ce phénomène s’appelle les rayons cosmiques.
Il s’agit d'un flux de particules qui arrosent en permanence tout objet spatial.
Les rayons cosmique de basse énergie (jaune) proviennent essentiellement du Soleil. Ces particules forment ce qu’on appelle le vent solaire
Lorsque SoHO se trouve sur le chemin d’une éruption solaire, le capteur peut même être saturé d’impact de protons solaires.
Mais, comme vous le voyez, ils n’ont en général pas assez d’énergie pour provoquer du blooming par surcharge des pixels.
Pour ça, il faut aller chercher des rayons cosmiques + rares mais bien + énergétiques, ceux qu’on appelle les rayons cosmiques galactiques
Ces particules sont issues de phénomènes bien + rares & violents comme, par exemple, des supernovae ou des trous noirs avalant de la matière
C’est donc un de ces rayons cosmique qui frappe parfois le capteur CCD de SoHO, déposant dans kk pixel bien trop d’énergie, d’où le blooming
Quant à la « queue » scintillante de l’ange, cela correspond aux résidus d’énergie déposée dans les profondeurs du capteur.
On le voit très bien sur cette image assez rare d’un cosmique pénétrant le CCD de manière rasante par rapport à sa surface (…)
et déposant de l’énergie tout au long de son parcours dans la matière (l’équivalent extrême de la « queue » de l’ange)
Voilà, pour conclure, rien de magique/ésotérique/mystérieux ici, juste un peu de physique et d’interaction particule-matière
En conclusion, avant d’imaginer des formes et d’y croire dur comme fer, vérifiez d’abord qu’une explication connue n’existe pas… 😉
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