Thread by @L_anecdote

Thread sur la méthode Pikas pour lutter contre le harcèlement scolaire.
Je viens de la découvrir et pour la première fois j’entrevois une solution que nous #profs et #CPE, pouvons mettre en œuvre pour véritablement solutionner le problème.
#harcèlement #école #intimidation

La méthode Pikas (du nom de son inventeur) est une méthode non blâmante pour lutter contre le harcèlement. C’est-à-dire qu’on ne va ni dire à l’élève harceleur que nous savons qu’il est un harceleur, ni le punir.

Elle convient donc uniquement aux situations débutantes (qu’on a repéré tôt) ou légères. Les situations graves ou installées depuis longtemps doivent être gérées différemment (en suivant le protocole national notamment).

C’est une méthode dite de la « préoccupation partagée », il s’agit de faire en sorte que l’élève(s) harceleur(s) fasse preuve d’empathie pour l’élève harcelé et trouve lui-même les solutions pour que ce dernier aille mieux.

Il faut un adulte référent qui soit formé (ou auto-formé) à la méthode. Souvent il s’agit du CPE . Mais cet adulte doit être entouré par des collègues qui connaissent la méthode afin d’aller dans son sens et surtout de ne pas compliquer les situations en agissant à contre-courant

Il est possible d’indiquer dès le début d’année aux élèves et parents que la méthode Pikas est utilisée dans l’établissement en leur expliquant les grandes lignes. Cela peut permettre de rassurer les parents d’élèves harcelés qui auraient l’impression que rien n’est fait.

Dans les faits, si vous découvrez une situation de harcèlement, le protocole à appliquer par un seul adulte référent est le suivant :

Convoquer d’abord le ou les élèves harceleurs individuellement. Les entretiens doivent être courts, pas plus de 10 minutes. Montrer que vous êtes préoccupé par la situation d’un élève en le nommant (ici nous l’appellerons X) et demander au harceleur s’il a remarqué quelque chose.

Il ne s’agit pas de lui dire que nous savons qu’il est harceleur, au contraire. Il est même conseillé de convoquer aussi des élèves pas directement concernés mais « spectateurs » pour mener le même entretien.

Soit l’élève dit que oui, X ne va pas bien et on peut directement lui demander s’il sait pourquoi. Après sa réponse, demander s’il pense pouvoir faire quelque chose pour x. « Comment tu pourrais aider à ce que X aille mieux du coup ? Tu as une idée ? »

L’élève va proposer une solution. On coupe court à l’entretien : « D’accord. Je te propose que tu essais ça et on se revoit la semaine prochaine pour en reparler et voir si ça a amélioré les choses. ».

Si l’élève dit qu’il n’a rien remarqué et que X va très bien, on coupe court à l’entretien immédiatement en disant : « D’accord, mais je suis vraiment très inquiet. Peux-tu faire attention à ce qu’il se passe autour de X ? On se revoit dans une semaine pour en reparler. »

La semaine suivante l’élève ne pourra pas nier, il nous dira qu’il a remarqué telle ou telle chose et nous pourrons reprendre l’entretien avec les propositions de résolution.

À cette étape, un élève qui s’obstinerait à se taire et à dire qu’il n’a rien remarqué est un très mauvais signal. Il faut alors rapidement s’interroger sur la gravité réelle du harcèlement. N’est-ce pas pire que ce que nous pensons ?

À cette étape le ou les harceleurs ainsi que quelques élèves « spectateurs » du groupe ont été convoqués. Ils ont proposé des solutions concrètes, chacun à leur niveau, pour améliorer la vie de X au sein de l’établissement :

Ne plus lui donner un surnom méchant, aller lui parler à la récré, prendre sa défense quand il se fait embêter, s’asseoir avec à la cantine, etc… etc…

Ces solutions viennent des élèves, pas de vous. Ce sont leurs idées et c’est eux qui les mettent en place au sein du groupe.

Chaque élève se préoccupe maintenant du bien-être de X. L’ambiance devrait rapidement s’améliorer mais l’adulte référent doit continuer pendant plusieurs semaines à recevoir les élèves individuellement pour faire un point.

X, l’élève harcelé, ne doit quant à lui être reçu qu’après les élèves harceleur. L’entretien qui est mené avec lui est évidemment axé sur l’empathie et mené avec bienveillance.

Il s’agit de lui dire que nous avons repéré la situation mais aussi que nous avons commencé à agir en recevant certains élèves et que ces élèves ont proposé des solutions qu’ils vont tenter d’appliquer. Là aussi, revoir X régulièrement et demander si les choses s’améliorent.

Dans certains cas, il est possible de faire une sorte de réunion de groupe quand la situation est résolue et si X est d’accord pour aborder la question du l’impact du harcèlement.

Vous l'aurez compris, Pikas compte sur l'effet de groupe et la mise en place d'une réaction empathique. Cette méthode doit permettre non seulement de résoudre les situations de harcèlement mais aussi d'améliorer les ambiances de classe.

Pour visualiser un peu mieux la méthode vous pouvez regarder cette vidéo (le jeu d'acteur n'est pas terrible mais c'est très clair).
reseau-canope.fr/notice/la-meth…

N'hésitez pas à RT ce thread pour qu'il trouve de la visibilité auprès de ceux qui ne trouve pas de solution efficace face au harcèlement.

D'ailleurs, est-ce que vous avez trouvé ce thread intéressant?