Thread by @valmasdel

Certains s'interrogent publiquement : le climat se réchauffe, c'est un fait, mais ... est-ce dû aux conséquences des activités humaines? est-ce inédit? (1/...)

Nous perturbons profondément la composition atmosphérique, avec un niveau de gaz à effet de serre qui augmente, sans précédent par rapport aux variations naturelles des derniers 2000 ans (connues grâce à l'analyse de l'air piégé dans les glaces polaires) (2/...)

Le déséquilibre du bilan d'énergie de la Terre est considérable, nos rejets de gaz à effet de serre sont responsables d'un effet radiatif de 3 W/m2. A comparer aux faibles variations de l'activité du Soleil au cours des derniers 2000 ans, ou l'effet ponctuel des éruptions (3/...)

La meilleure estimation aujourd'hui, sur la base des publications scientifiques, est que 100% (à 20%) du 1°C de réchauffement global observé depuis 1850-1900 est de notre fait (4/...)

Ni les variations de l'activité du soleil, ni l'occurrence des éruptions volcaniques, ni la variabilité spontanée du climat ne peuvent expliquer l'accumulation d'énergie dans les océans, le réchauffement de surface, et toutes les caractéristiques observées (5/...)

Par contre, ce qu'on observe est ce qui avait été anticipé depuis plus de 30 ans, par exemple par les premières simulations couplées océan-atmosphère en réponse à l'ajout de gaz à effet de serre, publiées en 1989.
nature.com/articles/nclim…
(6/...)

Mais à quel point cette perturbation est-elle inédite? (7/...)

De nombreuses connaissances ont été produites par les paléoclimatologues du monde entier, en particulier dans le cadre du programme international Past Global Changes @PAGES_IPO (8/...)

Un large groupe a travaillé ensemble à une synthèse, publiée l'année dernière, pour comprendre ce que représente 1 ou 2°C de réchauffement par rapport aux variations à long terme du climat (9/...)

Le réchauffement actuel est une rupture par rapport aux derniers 2000 ans. Axe horizontal : années avant 1950 (présent, à gauche; passé, à droite) (10/...)

C'est aussi inédit par rapport aux connaissances actuelles sur les variations de la température moyenne à la surface de la Terre au cours de la période interglaciaire en cours, qu'on appelle Holocène. (11/...)

A cette échelle, le moteur des variations lentes tient à aux variations de la trajectoire de la Terre autour du Soleil (répartition de l'ensoleillement / saisons / latitudes) (12/...)

Les variations glaciaires interglaciaires des derniers 800 000 ans sont pilotées par ce facteur astronomique, et font intervenir l'amplification liée au cycle du carbone et aux calottes de glace (13/...)

Voici les reconstructions des variations de température moyenne à la surface de la Terre depuis 160 000 ans. Glaciation, -5°C globalement. Variations les plus rapides de l'ordre de 1°C par 1000 ans... (14/...)

et sur 800 000 ans. Nous sommes aujourd'hui à une teneur en CO2 40% plus élevée qu'au plus haut des variations de cette période. Encore dans la gamme pour la température, mais en sortirions d'ici 2030-2050 (+1.5°C au rythme actuel) (15/...)

Nous sommes aujourd'hui au niveau de CO2 des phases chaudes du Pliocène, il y a environ 3,3 millions d'années. Informations paléoclimatiques : température plus élevée de 1,9 à 3,6°C qu'au début du 20ème siècle; niveau des mers 6 à 20 mètres plus haut à cette époque (16/...)

Quand le niveau de CO2 a été aussi élevé qu'aujourd'hui pendant des millénaires, le climat s'est réchauffé, et les calottes du Groenland et de l'Antarctique ont réagi et fait monter le niveau moyen des mers (17...)

La situation actuelle est inédite, par l'ampleur de la perturbation, par sa vitesse, même à l'échelle géologique. C'est pour cela que certains proposent d'appeler la période actuelle "Anthropocène" (18/...)
quaternary.stratigraphy.org/working-groups…

J'encourage les curieux d'histoire du climat à suivre l'actualité des recherches, pastglobalchanges.org, et lire le chapitre sur les climats passés du 5ème rapport du GIEC de 2013, ipcc.ch/report/ar5/wg1/ FIN (19/19)