Table ronde autour du thème de l'année :
« Classer, déclasser, reclasser »
avec François Héran, Fatou Sow et Charles Umney.
La table ronde commence !
Malheureusement sans Fatou Sow, qui a dû renoncer à participer à la conférence.
Nous écoutons d'abord Charles Umney, de @UniversityLeeds, sociologue du travail et auteur de _Class Matters_ (2018)
Il rencontre alors un problème : en analysant la classe, on se concentre trop souvent sur les typologies, des systèmes de classification qu'on en vient à considérer comme des fins en soi.
Constat 1.
Le concept de classe est remonté dans le débat public, non comme une catégorie économique mais comme une catégorie culturelle et identitaire.
--> les conservateurs ont banalisé une définition culturaliste de la classe.
La centralité des typologies dans la conception de la classe que font les sociologues a du mal à lutter contre les conceptions réactionnaires et conservatrices de la classe.
Ces travaux sociologiques peuvent même renforcer les réappropriations conservatrices.
« Classer, c'est geler. »
Il faudrait toujours prendre en compte le caractère éphémère de nos catégories.
Lors d'un appel à travaux de recherche autour de la notion de « précarité », prévu pour recevoir des propositions sur les classes populaires, les équipes ont reçu de nombreuses propositions sur la « précarité » des élites – par ex la précarité des universitaires.
Il y a plutôt un « processus de précarisation » qui traverse de + en + de groupes sociaux, y compris les élites comme les universitaires.
--> Les catégories masquent les tensions et dynamiques de changement.
Certains outils sociologiques qui semblent aller de soi doivent être questionnés.
Les catégories comme la classe sociales, considérées comme stables, sont en fait instables.
Auteur notamment de _Avec l'immigration. Mesure, débattre, agir_ (2017)
F. Héran commence par rappeler le besoin de catégories relativement stables pour pouvoir coder des données et opérer des comparaisons, ainsi que la variation des classements en fonction des sujets de recherche – il y a par ex de multiples façons de classer les langues.
d'abord : qui est légitime pour classer ?
L'opinion publique, comme dans les enquêtes de type « prestige des professions » ?
Les sociologues ?
L'INSEE – avec l'idée que les acteurs sociaux se placent eux-mêmes ?
Donc un processus contraire à la « science souveraine » qui impose d'en haut ses catégories.
Une fois ces classifications faites, on finit toujours par souligner leur instabilité, leur porosité...