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Attention, ça faisait longtemps,#Thread sur la prise en charge de la #Radicalisation par le #SPIP.

Ça fait un moment que je veux partager mon expérience de la prise en charge groupale de prévention pour les auteurs d’infractions violentes, radicalisés ou à caractère terroristes.
C’est un sujet délicat et je tenais à partager cela en vue d’expliquer comment ça marche et surtout d’expliquer que contrairement à ce que certains élus peuvent penser, on sait prendre en charge ces publics et les résultats sont bons.
A mes débuts en maison centrale, j’ai travaillé avec des personnes ayant commis les attentats des années 90 à Paris, notamment ou des terroristes d’état (basques, corses…). Aux prémices de ma formation de CPIP j’ai été intéressée par cette question de la radicalisation et
de l’emprise sectaire. Comment en arrive-t-on là et est-il possible de revenir en arrière, dans un processus dit de « déradicalisation » dont je n’aime pas le terme. Bref, j’étais petite (pas née 😄) au moment des attentats de Paris des années 80, 90,
et bien que cela m’ait marquée, cela n’a pas eu le même écho que les vagues d’attentats qui ont touché notre pays depuis 2015.
En qualité de CPIP je me suis interrogée, pourrais-je travailler, aujourd’hui, avec ces personnes-là, alors que leurs actes me révulsent ?
La réponse est oui. Parce que je reste une citoyenne, une mère, mais une professionnelle, que j’estime que tenter de comprendre les ressorts d’un passage à l’acte aussi grave soit-il, sans l’excuser, permet d’accompagner au mieux les personnes dont on a le suivi afin de les aider
à réintégrer la société de la manière la « moins pire » possible. J’ai donc continué à me former autour de la radicalisation, de l’emprise sectaire et de la prise en charge groupale, afin de prendre en charge au mieux en individuel mais aussi dans le cadre de PPRV
(programme de prévention de la radicalisation violente).
J’ai co-animé deux groupes, avec des psychologues et éducateurs des binômes de soutien, recrutés depuis les attentats pour la prise en charge de ces publics, des CPIP et des personnels de surveillance.
Cela ne s’improvise pas : formation d’environ 10 jours où l’on se livre sur soi et sa volonté de changement et on teste les outils de mise en situation que l’on mettra en œuvre. Le programme est assez long : entre 4 et 6 mois au cours duquel on a une séance de travail avec
les personnes détenues repérées et volontaires pour y participer. Ces séances ont pour but de faire un point sur sa vie, qu’est ce qui a été un impact négatif et a contribué au passage à l’acte, quelles sont leurs ressources.
On travaille ensemble à apprendre à intégrer des points de vue différents, identifier ses valeurs, mieux repérer et verbaliser ses émotions, contrôler celles négatives, s’appuyer sur ses qualités et ses perspectives pour déterminer un plan de vie à plus ou moins long terme.
Outre ces séances, nous avons proposé de participer à des activités annexes : rencontre avec les grands témoins (@mbenchellali et @N_Henin ), assister à une pièce de théâtre, faire du shiatsu ou de la sophrologie et une activité de sport régulièrement.
Ces activités annexes en plus des séances ont permis de fédérer le groupe, de permettre qu’un climat de confiance s’instaure, le sport notamment. Faire des doubles de badminton en mixant les équipes, créer une cohésion, un esprit d’équipe avec des personnalités si diverses.
Cela a été pour certains, qui sont partis en Syrie ou dans un autre pays, le fait d’accepter de jouer avec une femme, représentante de la Justice et même accepter de perdre la partie, bon perdant.
Nous avons clôturé ce groupe par la préparation d’un repas en commun et nous l’avons partagé, ensemble, avec nos valeurs communes et divergentes. C’était l’un des moments les plus émouvants de ma carrière.
Dans l’animation de groupe, le cadre est parfois testé, les valeurs se confrontent : celle de la religion, la place de la femme, la citoyenneté… les échanges sont parfois vifs mais toujours respectueux.
C’est très gratifiant de les voir évoluer et accepter la controverse.
C’est un vrai plaisir d’animer ces groupes, c’est éreintant, mais cela donne tellement de sens à mon métier.
Le regard des pairs, mais aussi des animateurs qui se dévisagent pour s’envisager ensuite. Ce sont des graines qui sont semées mais qui tjs me donne foi en l’humanité.
C’est un investissement énorme pour les participants qui se dévoilent, qui acceptent des opinions divergentes, mais aussi pour les animateurs/trices, mais nous avons réussi à créer un espace de dialogue, à envisager l’ espoir d’une vie différente et cela a été immensément riche.
Désolée pour la longueur, j'ai essayé de faire un #Thread éducatif et explicatif, j'accepte le débat mais si c'est pour venir troller et dire "yaka tout couper", je bloquerai.
Bonne nuit et paix et amour ☮️
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