Thread by @GuillDelanoue

Voilà, les calculs sont faits, avec cette ZNT 10m...
#Thread
Sur un domaine viticole de 52,91ha qui me tient tellement à cœur que depuis tout petit, je veux y dépenser mon énergie.
Sur un domaine qui depuis 6 générations a connu toutes les transitions de l'agriculture...

- l'exode d'une famille fuyant un territoire agricole en crise à la fin du XIXème siècle
- les 2 guerres Mondiales (avec les femmes de la famille qui tenaient les rênes, comme à chaque fois que ça va mal quoi)...

...
- l'arrivée des tracteurs (bien que le grand-père avait peur du Société Française de son père, à 65 ans, avec ses hanches usées, après 51 ans derrière les chevaux, il louait l'arrivée du Massey Ferguson)

...
- l'arrêt des cultures peu rentables (maraîchage et tabac à l'époque)
- le besoin de technicité des nouvelles générations (mon père, diplômé supérieur au début des années 80)
...

...
-une perte de récolte quasi totale en 2013, à cause du manque d'efficacité des produits bio face à un mildiou virulent cette année là
- les aléas climatiques amputant 3/4 ou 9/10 de la récolte en 1991, 2016 ou 2017...

... un domaine engagé #HVE et #TerraVitis faisant tout ce qui est possible pour respecter son environnement: implantation de haies, couverts végétaux, engrais verts, maintien et soin des arbres, structures agroécologiques, ...

...perpétuant des traditions décennales, et qui permet à tous de s'offrir une bonne bouteille de rouge pour le dîner sans casser son PEL (parce que faire bosser des gens dans les vignes pour produire des bouteilles qu'ils ne pourront jamais s'offrir, c'est gênant)

un vin qui permet, sans se prendre la tête à faire le concours de celui qui a la plus grosse et qui reconnaît l'exposition de la parcelle et l'âge du vendangeur, de se faire plaisir :

voilà, qu'arrive, la goutte d'eau.
Je ne dis pas que les riverains n'ont pas leur mot à dire. D'ailleurs le terme "riverain" ne me plaît pas trop. A l'époque où tout le monde se parlait de vive voix, on aurait dit "voisin"...

... pression sociétale et réglementaire, légitimes, mais aussi pression de personnes autant spécialistes en agriculture que moi en lithographie de Georges Braque...

...tout ça saupoudré de médias laissant passer des discours anti-sciences, militants, voire prosélytes sans droit de réponse, on se retrouve dans une situation où :

un domaine viable de 52,91 ha, qui permet de dégager un bénéfice suffisant pour payer ceux qui y travaillent, les impôts fonciers, les propriétaires qui louent leurs vignes, les fournisseurs de matière sèche, les mécanos agricoles, les cotisations aux CUMA, les cotisations MSA,

et les diverses taxes, se voit, pardonnez-moi l'expression, mais exproprié de 7,68%, tout ça pour faire plaisir aux écolos de bas étage. Juste pour leur faire plaisir, en piétinant les travaux de spécialistes de l'Anses et autres agences gouvernementales travaillant sur la santé.

C'est dommage mais 7-8% (de la surface rognée, donc du chiffre d'affaire) c'est ce que les associés de ce domaine se donnaient comme marge de manœuvre pour investir, épargner, et à la fin : se payer...

Parce que oui, au final il y a des gens qui y bossent, qui sont payés, mais il y a aussi "des patrons" de "grosses exploitations" (entre nous, juste des bosseurs qui vivent leur passion...) et qu'ils en ont un peu marre de se faire traiter de "pollueur" à tout bout de champs.

Donc avec ces #ZNT de 10 mètres, je sais déjà, qu'avant de m'installer, je m'assois sur la capacité d'investissement et d'innovation (et sur mon salaire...) que j'aurai eu sans cette pression sociétale, justifiée mais totalement disproportionnée. Merci aux marchands de peur,

merci aux journalistes scientifiques qui passent plus de temps en dîner de courtoisie qu'à faire de la biblio, merci aux matinales qui laissent leur antenne aux militants, merci aux émissions de "TV choc"

mais avec tout ça, j'ai comme l'impression que vous avez découragé un futur viticulteur qui voulait juste respecter son territoire, son héritage, faire de son mieux, vivre de son métier et vivre sans être montré du doigt systématiquement.