Thread by @GeWoessner

Quelques informations sur les #coquelicots, à la veille du retentissant appel médiatique lancé par quelques personnalités bien-intentionnées. Qui auraient dû, peut-être, choisir un autre emblème. Car le coquelicot, non, n’a pas disparu…

Les coquelicots sont une plante « messicole » (éthymologiquement, habitant les moissons) : ces plantes sont inféodées aux cultures qu’elles accompagnent depuis des millénaires. Elles exercent donc une concurrence pour les ressources (en eau, éléments minéraux, en lumière)….

...préjudiciable en terme de rendement. L’avocat-agriculteur Jacques Bujault pestait déjà en 1810 : « Une mauvaise herbe en tue trois bonnes et prend la place d'une quatrième. » Certaines espèces sont agressives, d’autres (comme le datura) peuvent être toxiques.

Bref, la mauvaise herbe, c’est l’ennemi : cela reste le sentiment général de bon nombre d’agriculteurs.

Les évolutions de l’agriculture depuis 40 ans ont conduit à une réduction drastique de ces messicoles. Épandages massifs d’herbicides, travail du sol, fertilisation azotée, tri de semences… Des espèces autrefois communes, sont menacées (Delphinium orientale, mâche à piquants)

Mais PAS le coquelicot.

Le Plan National d’Action pour la conservation des messicoles recense 102 espèces. 7 sont considérées comme disparues, 52 sont en situation précaire (disparues de plus de la moitié des départements depuis 1970), 30 sont à surveiller, et 12 sont encore abondantes, dont…

Le coquelicot. Pas qu’on cherche particulièrement à le préserver, mais il résiste vaillamment à certains types d’herbicides. Dans son dernier rapport sur la surveillance biologique du Territoire, le ministère de l’agriculture relevait :

Les botanistes participant au projet de recensement des plantes messicoles lancé en 2016 par Tela Botanica ont d’ailleurs bombardé leur base de photos : les coquelicots font partie (avec le Buplèvre à feuilles rondes, le Bleuet et la Renoncule) des messicoles les plus observées.

Qu’est-ce qui menace les plantes messicoles ?
Les herbicides, évidemment. Mais pas que, selon ces chercheurs qui ont étudié, pendant 2 ans, 159 parcelles dans 19 exploitations différentes (7 conventionnelles, 12 bios.)
hal.archives-ouvertes.fr/hal-01837865/d…

Ils constatent : "Deux pratiques agissent positivement – la présence d’un labour et l’apport d’azote organique –, et deux pratiques agissent négativement – l’utilisation d’un désherbage mécanique et/ou chimique."

Et aussi : « l’utilisation d’un désherbage mécanique (DM) ou chimique (DC) diminue respectivement de 34% et 22% le nombre de messicoles observées. »

Le chemin sera long avant que ces fleurs réapparaissent au coin des champs. Mais c'est la conclusion des chercheurs qui importe le plus :

Ayons l'honnêteté de reconnaître la charge idéologique que charrie ce genre de tribunes... Ce sera, déjà, un premier pas. 🌹🌸🌼

PS : pour une action constructive de sauvegarde/compréhension des plantes messicoles, se munir de ce guide, très utile (floresdeordesa.files.wordpress.com/2016/10/guide_…), d'un appareil photo, d'un carnet, et participer à ce beau projet : tela-botanica.org/2018/04/articl… @Europe1

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