Qu'est-ce qu'il va lui arriver ?
Je ne travaille pas dans le domaine des accidents graves de réacteurs.
Donc je me base sur des souvenirs de cours, essentiellement ^^
Mes pompes primaires, notamment, ne sont plus alimentées.
Une convection naturelle qui serait totalement insuffisante si le réacteur était en fonctionnement, mais pour la puissance résiduelle, ça suffit!
Si on part de 4 GW (pour un réacteur de 1300 MW électriques), au moment de l'arrêt, on est tout au plus à 300 MW.
S'il était sur le point d'être renouvelé, ça chauffe au max.
après une minute, on tombe à 200 MW ; 80 MW après 30 minutes, 60 MW à une heure, 24 MW après un jour.
Mais on a dit : aucune aide extérieure.
Du coup, au niveau du contact avec le combustible, l'eau va s'échauffer peu à peu, jusqu'à ce que des bulles de vapeur se forment sur les gaines du combustible.
On va avoir une sorte de grosse bulle de vapeur, donc, sous le couvercle, qui va peu à peu grandir.
Puis la bulle va avoir assez grandi pour commencer à se propager dans le primaire.
La vapeur à commencé à se barrer par les soupapes, donc la pression chute drastiquement.
Donc encore plus de vapeur se forme.
Peu a peu, tout le circuit primaire est en vapeur, et la bulle de vapeur continue alors a se propager vers le bas de la cuve.
Le combustible va donc ne plus pouvoir bien évacuer la puissance thermique vers l'eau et va peu à peu chauffer.
Alors l'oxydation du zirconium au contact de l'eau a haute température, c'est pas comme de la rouille, non non.
C'est.
BADASS.
Mais c'est une réaction (chimique) violente. Qui libère beaucoup de chaleur.
J'ai déjà entendu parler de "feu de zirconium". Je ne sais pas si c'est une image ou si on a littéralement des flammes.
Mais alors là c'est un peu la fin, quoi.
Les gaines claquent, la température décolle, et le mélange de combustible, de gaines, et du reste des trucs a l'intérieur de la cuve commence à fondre.
Du coup, balancer à la cheminée...
Bah on le ferait quand même, hein, parce qu'il vaut mieux des rejets contrôlés, filtrés, à la cheminée, qu'incontrolés en cas de rupture de l'enceinte sous la pression.
S'ils avaient eu des moyens de dépressuriser au travers de bons filtres, les rejets auraient été bien moindres... Mais avec des "si"...
Il produit du dihydrogène.
Gaz hautement volatil et hautement explosif, la joie !
Je sais pas trop. Si on a de la chance, ou si on finit par ramener de l'eau, il peut rester bien dans la cuve comme à Three Mile Island.
AVOIR
LE
COMBUSTIBLE
SOUS
EAU
J'ai oublié de signaler qu'au cours de la baisse de pression du circuit primaire suite au dégazage au travers des soupapes, on va déclencher les soupapes des accumulateurs de l'injection de secours.
On voit qu'un scénario d'accident grave, ça existe, le risque zéro n'existe pas, évidemment.
Mais on a fait un (petit) tour d'horizon de tous les moyens qu'on a pour gagner du temps, garder le cœur refroidi le plus longtemps possible, et ce...
Donc on est dans un cas extrême, en termes d'improbabilité d'occurrence : prévention.
Rejets filtrés, dispositions pour obtenir les plus gros délais possible, pour rétablir les systèmes de l'intérieur, ou recevoir de l'aide depuis l'extérieur.
Éviter les accidents ET imaginer qu'on ne les évitera pas et minimiser les conséquences. Une règle d'or qui a fait défaut, historiquement...