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Ca y est, trois flocons et le monde entier se moque des Parisiens...
Mais connaissez-vous l’année où il a vraiment neigé sur Paris ?
Je veux dire... vraiment.
Thread on the rocks sur un hiver de folie.
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Mais connaissez-vous l’année où il a vraiment neigé sur Paris ?
Je veux dire... vraiment.
Thread on the rocks sur un hiver de folie.
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L’histoire commence fin novembre 1879 : un joli flux de nord se met en place sur l’Europe de l’ouest. Rien d’exceptionnel, des minimales vers les -5 à -7° à Paris. A l’époque, on a une station météo au parc Montsouris depuis une dizaine d’années. Ca tombe bien.
Parce que deux semaines plus tard, le 10 décembre, elle enregistrera un record qui tient encore : -23,9°. La précision des thermomètres et des conditions de mesure de l’époque n’est pas parfaite, mais on peut penser que la mesure est fiable en gros à 1° près.
Pour un tel record, il fallait une situation exceptionnelle : début décembre, une dépression s’était glissée sur la France par l’ouest. Une dépression Gabriel qui aurait réussi dans la vie. Jugez-en :
En deux jours, les 4 et 5 décembre, elle accumule une trentaine de cm de neige glacée sur la capitale. Auxquels s’ajouteront une dizaine d’autres centimètres les jours suivants. Pas mal.
S’installe ensuite une situation de « Paris-Moscou ». Un anticyclone au nord de l’Europe qui rabat de l’air sibérien sur l’Europe de l’ouest. Classique. Mais sur une France couverte de plusieurs dizaines de cm de neige, ça fait des records de froid.
A Paris, 7 jours avec -15° ou moins. A l’époque, l’îlot de chaleur urbain parisien est bien plus faible qu’aujourd’hui, il est vrai, mais tout de même…
A l’époque, pas non plus d’appareils photo numériques ni de smartphones pour immortaliser l’événement.
A l’époque, pas non plus d’appareils photo numériques ni de smartphones pour immortaliser l’événement.
On a bien quelques photos. Dont celle-ci, de la Saône à Lyon, qui laisse penser que ce mois de décembre a effectivement été un peu frisquet jusqu'un peu plus au sud.
Mais on a mieux, beaucoup mieux. Le gratin de l'impressionnisme qui zone dans le coin. Et ça, c'est la classe :
Sisley (pas Tomer, Alfred) immortalise l’événement du côté de Louveciennes.
Sisley (pas Tomer, Alfred) immortalise l’événement du côté de Louveciennes.
Caillebotte fait de même à Paris.
Et Monet, subjugué, peint frénétiquement pendant toute la vague de froid, remarquable jusqu’au bout, et jusqu’à la débâcle mémorable de la Seine.
Oui, parce que toute la neige tombée sur Paris, on l’a évacuée comme on pouvait. Et une grosse partie a fini jetée dans la Seine. Ou plutôt sur la Seine, le fleuve étant gelé. Et ça fait du volume.
Et quand les températures remontent, la débâcle de toute cette glace et toute cette neige est brutale. Le Pont des Invalides est partiellement détruit par les blocs de glace qui tentent de se frayer un chemin.
La vague de froid ne se termine vraiment que fin janvier 1880, et si vous voulez tous les détails, il y a un énorme dossier du site Météo Passion, dossier dont j’ai tiré pas mal de renseignements et quelques illustrations :
meteopassion.com/decembre-1879.…
meteopassion.com/decembre-1879.…
Et un autre dossier vraiment pas mal ici, dont j’ai aussi tiré quelques illustrations :
france-pittoresque.com/spip.php?artic…
france-pittoresque.com/spip.php?artic…
Au 20ème siècle, pas d’hiver comparable, mais quelques années remarquables, parfois aux pires moments : 1916-17, 1939-40, 1940-41, 1941-42 et 1944-45 sont parmi les hivers les plus froids du siècle. Quand t’as pas de bol…
1954 est froid, mais est surtout rendu célèbre par l’Abbé Pierre. Février 1956 est le mois le plus froid du siècle. 1962-63 l’hiver le plus froid dans son ensemble, le plus long, avec une succession de vagues de froid remarquables de noël 1962 à février 1963.
1985 est le dernier hiver vraiment remarquable en date. Janvier est glacial sur toute la France, février voit une petite récidive. 1986 et 1987 seront encore remarquables, mais les vagues de froid sont moins généralisées.
meteofrance.fr/actualites/207…
meteofrance.fr/actualites/207…
Depuis, c’est faiblard, et le fait qu’il tombe encore un peu de neige n’est pas rassurant, même si l’absence de vague de froid majeure depuis 30 ans n’est pas non plus en soi un indicateur fiable de réchauffement climatique.
J'ose pas imaginer ce que les journalistes d'aujourd'hui auraient titré...
Allez, [mode journaliste moderne on]
Une avalanche de mes threads brutaux et passionnants ici :
Une avalanche de mes threads brutaux et passionnants ici :
Et sinon, plus lointain, deux autres hivers remarquables :
1709, qui fut un des plus meurtriers, suite de vagues de froids et de redoux terribles pour la végétation.
Et 1788-89, important pour ses conséquences politiques.
1709, qui fut un des plus meurtriers, suite de vagues de froids et de redoux terribles pour la végétation.
Et 1788-89, important pour ses conséquences politiques.
Mon dieu, je réalise que j'ai écrit "Paris-Moscou" au lieu de "Moscou-Paris".
Je suis définitivement déshonoré dans le monde des amateurs de météo pour tout ce qu'il reste à vivre à cette planète.
Je suis définitivement déshonoré dans le monde des amateurs de météo pour tout ce qu'il reste à vivre à cette planète.
Et personne ne me fait remarquer que je me suis planté.
C'est Moscou-Paris, évidement, pas l'inverse.
C'est Moscou-Paris, évidement, pas l'inverse.
Tu vois, @ABelgo_optimum, le challenge, c'est d'arriver à faire un thread sans se planter quelque part. Sérieusement, c'est pas simple, et @Twitter nous permettrait de corriger un peu, ça serait pas superflu.
