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Ça fait quelques temps que je bloque sur cette question plutôt anodine et je pense enfin avoir trouvé un début de réponse à mon trouble (attention, très gros thread. @threadreaderapp unroll ).
Quand on utilise la formule «le porno n’est pas la réalité», on est en général dans une argumentation contre le porno (par ex, elle a été invoquée dans l’émission Mums make porn).
La construction argumentative étant : «Comme ce n’est pas comme cela que ça se passe alors il ne faut pas promouvoir ce type de contenu au motif que ça peut irriguer une transformation (négative) dans la société».
Cette construction argumentative est hypocrite et en vérité elle est : «comme ce n’est pas comme cela que ça DOIT se passer alors […]».
On attend donc qu’un rapport sexuel se déroule d’une certaine façon (ce que j’ai appelé «codes») et parce que le porno transgresse souvent ce cadre formatif (on va voir plus loin comment le définir) alors il génère de l’opposition.
J’ajouterai que le porno n’est pas l’exclusivité de la mise en image de la relation sexuelle et on peut tout à fait étendre ma théorie aux films en général. Ce qui donne la conjecture suivante:
"un film qui présente une relation sexuelle qui transgresse le cadre va susciter une opposition, allant de la gêne à la polémique".
Alors c’est quoi ce cadre? Que doit transgresser un film (porno ou pas) pour tomber sous la critique du «ce n’est pas le réel»? Qui définit le cadre? Et est-ce que le cadre est le réel ou est-ce qu’il sert les intérêts particuliers de celui qui l’a défini?
Je pense que le cadre a toujours été défini par les femmes ; motivées par la compétition sexuelle. En effet, restreindre l’accès à la pornographie permettait aux épouses et futur-épouses d’obtenir le monopole de la distribution sexuelle, ce qui leur donnait du pouvoir sur les H.
Le cadre était alors simple : toute représentation était à honnir.
Aujourd’hui, le féminisme a considérablement complexifié ce qui est reproché à la pornographie.
Aujourd’hui, le féminisme a considérablement complexifié ce qui est reproché à la pornographie.
En effet, le féminisme parle d’image de la femme, d’objectivation, de domination, d’éthique ou encore de la sexualité de la femme et de son plaisir. Ceux qui se plaignent que «le porno n’est pas le réel» reste les femmes mais le féminisme a mitigé la question.
Maintenant que l’on sait qui définit le cadre, voyons un peu ce qui est réel de son point de vue (donc celui des femmes, car l’homme, oppresseur, le prive d’impartialité…).
Pour répondre à la question, j’ai cherché à comparer les représentations de rapports sexuels qui sont glorifiées par la critique contre celles qui sont dénigrées.
La pratique est un peu plus complexe car la représentation ne se définit pas simplement par une modalité «bien, pas bien» mais par un spectre qui va de Blow-Away (@anoushka_nsp), 50 nuances de gris ou encore
le Yaoi jusqu’au porno hard, gonzo et cie en passant une pornographie «photographique» (porno-chic, Andrew Black ou Fellucia Blow).
Ce que tout le monde peut constater dans un premier temps, c’est que les représentations qui sont glorifiées sont celles qui sont appréciées par les femmes (ce qui tend à confirmer que ce sont les femmes qui définissent le cadre).
Et dans un second temps, que les représentations glorifiées ne sont pas plus réelles que les autres. Combien de femmes se sont retrouvées entre les mains d’un richissime maitre du SM? Combien de femmes ont décidés de sauver leur couple en s’adonnant à l’échangisme?
Pour ma part, j’ai plus de chance qu’une MILF revienne m’apporter un Coca à poil pendant je nettoie son ordinateur (c’est du sarcasme ; j’ai vécu ça) que les scénarios précités prétendument «réels» (et que je n’ai jamais vécu ; quelle vie morne).
Qu’il soit ou non, tamponné d’hérésie par l’inquisition féminine, le porno n’est donc pas le réel. Ce que l’on vous vend comme «porno réel» est en réalité du porno qui répond aux attentes des femmes.
On arrive maintenant à ce qui est vraiment intéressant : qu’est ce qui diffère dans les attentes entre les H et les F? À cette question, j’ai mécaniquement répondu : «les hommes vivent pour baiser, les femmes baisent pour vivre» (pas dans le sens prostitutionnel).
Il faut regarder du côté de la différenciation sexuelle des comportements (hypogame vs hypergame) pour comprendre le sens de la phrase.
Je pense que les hommes qui consomment du porno recherchent un ersatz de relation sexuel sans l’effort de la compétition sexuelle.
Pour un homme, obtenir une relation sexuelle est un processus long, couteux, fatigant. Le porno produit un monde de «profusion sexuel» où l’effort pour obtenir cette relation sexuelle disparait.
Dans un porno, tout devient un motif suffisant pour obtenir une relation sexuelle voir les femmes sont franchement demandeuses.
Dans le porno pour femmes (ou porno réel, en novlangue féminine), la relation sexuelle n’est pas le sujet principal du contenu ; il n’est plus la fin mais le moyen: moyen de se découvrir soi-même, moyen de sauver son couple, moyen de vivre une aventure, moyen de devenir riche etc
