Thread by @oliviertesquet

Aujourd'hui, @GeoffreyLivolsi et @MathiasDestal étaient entendus par la DGSI après les révélations de @Disclose_ngo sur les ventes d'armes françaises à l'Arabie Saoudite et aux Emirats. Et ça ne s'est pas très bien passé.👇

Lors de cette audition, qui a duré près d'une heure pour chacun, il leur a été notifié qu'ils n'étaient pas interrogés en qualité de journalistes. Ils ont aussi découvert que l'enquête ouverte en décembre dernier était conduite par la section antiterroriste du parquet de Paris.

Et comme si ce coup de pression ne suffisait pas, ils ont été questionnés sur certaines de leurs publications Twitter et Facebook. Notamment sur le fichage des journalistes par Monsanto. Quel rapport ? Et quel objectif, sinon de les intimider ?

A l'issue de ces auditions, et après que les deux journalistes aient fait valoir leur droit au silence, les policiers ont laissé planer le doute quant à la suite de la procédure. Pas de rappel à la loi, comme c'est souvent le cas dans ce genre de situation. Donc poursuites ?

Les policiers de la DGSI n'ont jamais évoqué l'enquête de Disclose, posant des questions sur leur organisation, leurs financements, leurs moyens de communication chiffrés, etc. Tout ça pour leur dénier le droit d'être un média. Plus que jamais, soutien plein et entier.

Concernant l'audition des journalistes de Disclose, un curieux carambolage : le 28 mars dernier, un décret "relatif à l'échange et à la protection réciproque d'informations" entre la France et l'Arabie Saoudite a été publié au JO (accord signé en 07/18) legifrance.gouv.fr/affichTexte.do…

En soi, cet accord - signé entre Parly et MBS - n'a rien d'exceptionnel, la France en a paraphé beaucoup d'autres. Mais examinons l'article 11 : en cas de compromission du secret, chaque partie s'engage à alerter "sans délai" l'autre partie. Et ce n'est pas tout.

Le pays dont les secrets ont été éventés s'engage à sanctionner toute atteinte "à la sécurité des informations classifiées de niveau CONFIDENTIEL DEFENSE/SECRET (celles de Disclose étaient CD). Le cas échéant, il peut réclamer l'aide de l'autre partie pour enquêter.

On sait depuis la convocation des journalistes de @Disclose_ngo qu'une enquête judiciaire a été ouverte dès le 13 décembre 2018 (cf. mediapart.fr/journal/france…), 4 mois presque jour pour jour avant la publication. Les Saoudiens étaient-ils dans la boucle ? Si oui, quand ?

Au-delà de ces questions ouvertes, il y a peut-être matière ici pour expliquer l'extrême fermeté de @florence_parly la semaine dernière chez Bourdin, ainsi que les auditions lunaires du jour. Le message est clair : il faut punir. rmc.bfmtv.com/mediaplayer/vi…

Précision concernant l'audition des journalistes de Disclose : s'ils ont été entendus en tant que justiciables ordinaires, c'est que le délit de compromission n'est PAS une infraction de presse. D'où la nécessité de mettre en place une procédure qui protège mieux les médias ?

Pendant que la DGSI intimide des journalistes, la France s’apprête à durcir le secret défense : le « confidentiel défense », plus faible niveau de classification (celui des documents publiés par Disclose), disparaîtra en 2021. lalettrea.fr/action-publiqu…

« A noter, le projet de décret ne prévoit pas d’assouplir la procédure de déclassification, comme envisagé lors des premiers échanges interministériels en 2018. »

Surprenant.