Thread by @Reporterre

Christophe Cassou, climatologue, chercheur au CNRS et membre du GIEC, prête à son tour serment en tant que témoin.

"Si vous nous dites tout ce que vous savez sur le changement climatique l'audience ne se terminera pas avant demain matin, je vous invite à être synthétique", lui glisse la présidente.

"Je ne suis pas certain que l'ensemble de ces informations éclaire le tribunal sur les problématiques pénales dont vous êtes saisie aujourd'hui", s'énerve le procureur.

"Vous utilisez les moyens de la justice à vos propres fins donc merci de ne pas dépasser 10 minutes", ajoute la présidente au témoin.

"Une canicule comme cet été, il est extrêmement peu probable qu'elle serait arrivée sans l'action de l'Homme. Ce sont des milliards d'euros perdus et, sur l'ensemble de l'Europe, 70 000 morts."

"Chaque fraction de degré compte et chaque action compte dans cette lutte contre le réchauffement climatique".

"En 2015, la France a ratifié l'accord de Paris dans lequel elle s'engage à poursuivre les efforts pour minimiser la hausse des températures".

"Cet accord est ensuite décliné en France, qui s'est engagée à réduire de 40% les gaz à effets de serre de 40% d'ici 2030."

"Mais l'engagement de la France entre 2015 et 2018 n'a pas été respecté. Le rythme est deux fois plus lent que ce qui serait nécessaire."

"Je ne pensais pas qu'un jour je serais ici, devant un tribunal, à vous présenter ces éléments. Les enjeux climatiques vont au delà du fait scientifique, ce sont des enjeux démocratiques, de droit, de justice."

"Nous tous, nous sommes en train d'écrire une page de l'histoire."

La présidente à Christophe Cassou : "Pensez-vous que cette urgence soit ressentie par les citoyens ?
- J'ai le sentiment que nous sommes en train de basculer. Il y a une prise de conscience au niveau international."

"Si on arrive en 2070 à 3 degrés de plus, ce sera insoutenable. On a encore le temps, tout n'est pas perdu, mais l'action doit être immédiate et très brutale."

Le dernier témoin est appelé à la barre : Manuel Cervera-Marzal, sociologue et philosophe, enseignant-chercheur à l'université d'Aix-Marseille.

"Il y a deux questions : la légitimité à agir et l'efficacité de ce type d'actions."

(La présidente vient de préciser que le procureur souhaitait requérir avant 18 heures...)

"Ce sont des actions non violentes, qui se font publiquement, à visage découvert... "
- "Je doute que ces analyses sociologiques relèvent des débats judiciaires", interromp le procureur. C'est hors-sujet."

"On est en plein dans les faits au contraire", répond l'une des avocate des prévenu.es.

"Le droit de grève n'est reconnu que depuis peu, cela signifie qu'avant les gens n'étaient pas autorisés à faire grève. Peut être que l'on se rendra compte demain que ces gens étaient en fait en avance sur leur époque."

"Le désordre est plutôt celui provoqué par le dérèglement climatique pas par les désobéisseurs civils. Il ne sont pas contre la loi, mais se font une si haute idée de la loi qu'ils se mettent en danger pour elle."

"Quand vous manifestez à 10 000 personnes à Paris vous risquez de faire moins de bruit que quelques uns qui savent jouer avec la société du spectacle qui est la notre."

"Les désobeisseurs ont une capacité à faire émerger des sujets importants dans l'opinion publique."

"Notre culture sacralise l'obéissance dès le plus jeune âge : celle aux parents, puis au patron. Attention au trop d'obéissance, les plus grandes atrocités du XXe siècle ont été commises par un excès d'obéissance."