Pour s'y rendre, c'est un peu l'expédition : c'est vraiment au milieu de nulle part et on se rend bien vite compte que les exécutions qui y ont été perpétrées l'étaient bien loin des regards. 
Une fois arrivé au milieu des bois et après avoir franchi l'enceinte, on découvre des monuments érigés à la mémoire des victimes de la Grande Terreur ainsi qu'un grand nombre de noms, de plaques particulières, de photos et de fleurs déposés par les visiteurs.
Parmi ces monuments, certains rendent un hommage particulier aux victimes venant de Mongolie ou de Yakoutie.
Une chose frappante, pour ne pas dire poignante, dans ce lieu, c'est l'hommage rendu par les visiteurs qui affichent la photo d'une victime sur les troncs des arbres du sous-bois, photos souvent accompagnées d'un ruban, d'une fleur ou deux.
On peut parcourir, tout au long d'une allée, la liste des victimes identifiées. Pensée soudaine pour Anna Akhmatova : "Je voudrais nommer tous les noms. Mais ils ont pris la liste."
En poursuivant dans le sous-bois, on atteint une datcha qui fut celle de Guenrikh Iagoda, commissaire du peuple à l'Interieur, le NKVD, et maître d'œuvre des procès de Moscou, avant d'être destitué puis arrêté et exécuté par son successeur, Nikolaï Iejov.
Dès 1937, après l'exécution de Iagoda, la propriété devint l'un des plus importants sites de mise en œuvre de la Grande Terreur par le NKVD. Lorsqu'on s'avance plus profondément dans le sous-bois, on peut découvrir les lieux d'exécution, parsemés de photos et de fleurs.
On remarque certaines plaques au style typique des stèles funéraires des cimetières d'Asie centrale.
Il y a un peu mois de 5 ans j'ai fait la lecture consécutive de L'ivrogne et la marchande de fleur, de Nicolas Werth, et des Terres de sang de Timothy Snyder. Quelques mois plus tard, je me mettais au russe. L'impression de boucler une boucle en venant ici.
