Thread by @agritof80

Chose promise, chose due.
Pour la mise en route des #semis de blé cet AM, je vous ai promis de faire un nouveau #ThreadAgri sur la densité de semis.
Encore une fois, le but n'est pas de vous présenter une thèse mais de faire un peu de vulgarisation agricole à partir de documents.

Donc aujourd'hui, mise en route des #semis de blés.

https://twitter.com/agritof80/status/1051848878314655746

L'objectif est de mener tout ça à la moisson, en faisant de la qualité, mais aussi parce que mon revenu en dépend, de la quantité.

La récolte, c'est bien de récolter une certain nombre de grains qui pèsent individuellement un certain poids.

Par commodité, le poids d'un grain ne se mesure. Ce qu'on mesure, c'est le Poids de Mille Grains (PMG). En effet, étant autour de 50 grammes, c'est plus facile à mesurer qu'un grain avec une balance précise au milligramme près.

Donc rendement = Nombre de grains * PMG /1000

Décomposons le nombre de grains :

Nb grains = Nb plantes levées * Nb épis/plantes (tallage) * nb grains/épi (fertilité épi).

Le nombre de plantes levées étant la densité de semis - les pertes(négligeables dans mon cas).

Compris?

A partir de là, il ne faut pas croire qu'il suffit de semer 2 fois plus de plantes pour récolter 2 fois plus.

C'est ce que nous allons voir maintenant.

Direction l'Angleterre où le HGCA a testé des densités de semis extrêmement variés et en particulier des densités extrêmement faibles
cereals.ahdb.org.uk/media/403706/p…

Ce premier graphique nous montre que toutes les modalités voient leur nombre d'épis potentiels croître avant de connaître une régression.
De part la compétition entre plante, cette régression est d'autant plus rapide que le nombre de plantes est élevé.

On retrouve la même chose sur ce document de chez @arvalisinfos (Si problème de copyright, je peux supprimer).

Sur le premier graphique, avec 5 fois moins de plantes que le maximum, on obtient juste environ 1.5 fois moins d'épis !

Si on reprend ce graph, on voit que la fertilité épi apporte une seconde compensation.
Chaque courbe en travers indique un iso-nombre de grains. En dehors de quelques cas en densité très réduite, on voit bien que la différence de densité ne se retrouve pas en terme de nb grains.

Et concrètement? En rendement
Il suffit de regarder le 3ème graphique du doc arvalis ou le doc anglais dont le lien est plus haut.

Sauf densité extrêmement faible, l'incidence de la densité de semis sur le rendement est beaucoup moins important qu'on peut le penser.

J'aurais pu multiplier le nombre d'essais présentant des résultats similaires mais j'ai peur que tout le monde décroche...

On a vu que sauf densité très très faible, l'incidence sur le rendement était quasi nulle. Quelle intérêt dans ce cas de semer clair?

Une densité trop forte favorise la verse.
Voir figure 2 : terre-net.fr/observatoire-t…

Les blés denses ont tendance à avoir plus de maladies.
Même si expérimentalement, le gain des semis clairs est assez difficile à cerner :
Voir page 7-13
arvalis-infos.fr/_plugins/WMS_B…

La seule limite à l'avenir sera la gestion du désherbage et en particulier si le désherbage mécanique se développe puisque cette opération provoque des pertes de pieds.
La principale limite aujourd'hui est le visuel de l'agriculteur... Mais on s'y habitue...

Au final, voilà pourquoi je sème mes blés assez clairs en prenant une densité de semis de 160 gr/m² + 2 gr/j alors que le standard pratiqué est plutôt à 200-250gr/m² par ici.

Les 2 grains/jour compensent l'augmentation des pertes à la levée et la durée plus courte du tallage avec des semis plus tardifs.

Cette base de calcul est celle développée par les chambres d'agriculture picarde dans le cadre de la "conduite intégrée" du blé visant à minimiser l'impact environnemental de cette culture : agro-transfert-rt.org/wp-content/upl…
Voir page 10.

J'espère que ce 3ème #ThreadAgri (un peu trop long? ) vous aura plu et que vous aurez appris quelques trucs.
#FrAgTw

@threadreaderapp déroule petit robot