Thread by @DinulQayyima

Il fut un temps où les récitateurs connus et appréciés pour leur belle voix étaient aussi de grands savants et érudits notoires qui ont travaillé pour l’Islām, à l’instar d’Al-Hussary ou d’Al-Minshāwī comme le prouve leur bibliographie.

De nos jours, les récitateurs, en plus de

n’avoir pour bagage religieux généralement que leur voix, se permettent d’en tirer profit soit pour cultiver un public autout de leur personne et egotiser leur prêche, soit pour charmer leur auditoire et ainsi transformer le Qur’ān en un divertissement semblable à de la chanson

Entre ceux qui s’octroient des titres honorifiques alors qu’ils ne sont connus à la base que pour leur belle récitation, ceux qui deviennent des phénomènes internationaux alors que l’ignorance et la frivolité se lisent sur leurs agissements mais excusés au profit de leur charme..

Et c’est de cette ignorance que sont nés les innovations catastrophiques que l’on voit aujourd’hui de la part de ces gens qui jouent avec le Qur’ān. Ceux qui se filment en selfie avec un regard mielleux et une mise en scène qui prend plus de place que leur récitation,

avec généralement la coupe de cheveux à la mode et tout l’apparat qui va avec, ceux qui se mettent à jouer en duo en récitant un verset sur deux comme si le Qur’an qu’ils lisaient était une chansonette de randonnée, ceux qui récitent avec des intonations spéciales sur le minbar

(que des savants tel Bakr Abu Zayd dans «Bida’ al-Qurrā’» ont qualifié d’hérésie), ceux qui prennent leur récitation comme tremplin pour avoir des postes qu’ils ne méritent pas, se prononcer sur des sujets qu’ils ne maîtrisent pas, cultiver la médiocrité dans la prédication, etc.

Tant d’éléments qui sont un manque de respect flagrant vis-à-vis du Qur’ān, pour lesquels nos ancêtres auraient certainement appliqué des peines légales et des corrections publiques, mais qui sont tolérés par une frange de l’opinion publique musulmane car attirantes et édulcorées

Ainsi, c’est toujours un soucis d’apparence : on donne plus d’importance à quelque chose de joli, de mielleux, même si ce n’est pas sérieux et que ça rassemble tous les « khawārim al-murū’ah » (destructeurs d’intégrité) qu’à quelque chose de sérieux mais à l’aspect rébarbatif

Dans le même sens,on aura toujours plus de facilité à relayer ces gens-là, pourtant médiocres mais charmeurs, que des récitations ou interventions de grands shuyūkh anciens ou actuels, car peut-être moins attirants ou pas à la mode, et qui eux seront quasiment inconnus

C’est un constat qui est dans la lignée de beaucoup d’autres problèmes que connaissent la communauté aujourd’hui, mais qui est tout aussi symptomatique d’une léthargie dangereuse de laquelle il faut rapidement se réveiller.

Qu’Allah nous réforme tous.